Témoignage d'un intérimaire

à côté du site

J'arrive lundi matin en intérim dans une boite située à l'intérieur du périmètre de sécurité. Les mecs on bossé tout le WE pour remettre en place le minimum. Immeuble en verre et alu situé à 500 m de l'épicentre, tout a volé en éclat. Des bouts de verre sont incrustés dans le plastique des micros, un des batiment va devoir être reconstruit. Réunion cellule de crise/sécurité. Une trentaine de blessés pour cette entreprise, un ne retrouvera pas la vue. Tous, ils racontent devant la machine à café. Ce qui m'étonne c'est la façon dont ils se sont acharnés sur leur outil de travail pour tout nettoyer, tout remettre en ordre même si on a des casques et que partout pendent des bouts de plafond, des montants de portes sont tordus. Certains s'absentent en fin de matinée : la valse des assureurs commence, des "EXPERTS". Oui parce que beaucoup habitent sur le Sud et ça ils ont du mal à en parler. Ils ont baché les fenêtres explosées avec des plastiques, ils s'endorment en famille dans la dernière pièce de l'appart encore vivable. Le choc et passé mais en fin de semaine il commence à y avoir des absents, ils ont mal au dos, ils sont épuisés... Ce vendredi on est informé d'un test sirène dans la boîte d'à côté et tout le monde à peur et attends fébrilement que ça démarre, certains sont sortis des locaux, on ne sait jamais... Alentour une entreprise est soufflée de part en part et les pans de tôle écrasent encore les voitures des salariés. Des dépanneuses passent sur la route d'Espagne emenant des véhicules éclatés. On me raconte que là la charpente s'est levée de 30 cm avant de retomber sur ses soutenements, de travers. Au boulot on se prend des portes dans la figure, on oublie ce qu'on était venu chercher, on sursaute au bruit d'une perceuse. Il y route de Seysse un village de tentes. Tout le monde est dehors, vient taper la tchatche aux pompiers omniprésents. Les flics patrouillent en VTT dans Papus relayé par l'armée pour la nuit. Pas un seul appart n'a de vitre valide. On est vendredi et le vent s'y est mis. L'assureur a répondu qu'il lui faudrait attendre 3 à 4 mois pour qu'on lui remette ses vitres et la dame à 75 ans et elle n'a plus de porte à son appart, sa voiture est pliée. A Empalot ils ont mis le chauffage mais ça change rien. Et aujourd'hui il commence à y avoir des bruits qui circulent. Il y a eu une perquisition chez un des salariés AZF, il aurait eu des comptes à régler... bon. Plus sérieux : des témoins affirment avoir vu un point lumineux foncer sur l'entrepot avant l'explosion (info relayée par le Monde). On dit aussi que il y a eu une odeur très forte de poudre noire avant l'odeur d'amoniaque. (2 personnes ont eu les poumons brûlés, 1 est dans le coma) De toute façon les toulousains n'ont pas cru 1 minute l'explication des pouvoirs publics. On attend cette explication mais de plus en plus, on croise ses infos et comme on connait tous quelqu'un qui... Les travailleurs d'AZF refusent la thèse de la négligence défendue bien sur par leur responsable de patron. Au SNPE c'est le silence TOTAL, raison d'état. Ici on pense plus à un attentat raté qu'à un mec fumant sa clope dans son dépôt de nitrate, raté parce que si le SNPE avait pété, on compterais les survivants plutot que les victimes.

De Toulouse en colËre un billet d'humeur, manifestation aujourd'hui Mardi 25/09 ý 18H place du capitole.

AZF clone TCHERNOBIL

Photos à l'intérieur du site pétrochimique d'AZF de Toulouse,

24 heures après l'explosion.
Photos inédites de François Rivière

 

 

La carte des sites classés Seveso (le gouovernement français en a volontairement retiré suite aux attentats américains)