Machination infernale

Mardi 17 septembre 1996, avant l'aube.

&laqno; Un grand nombre de carabiniers sous les ordres des R.O.S. (Section spéciale) fait irruption aux domiciles de 70 anarchistes du Nord au Sud de l'Italie. C'est le point de départ spectaculaire de la deuxième phase d'une opération judiciaire commencée officiellement le 16 novembre 1995 par l'ouverture d'une enquête contre 68 personnes. Sur demande de deux procureurs de Rome, Marini et Ionta, le juge d'instruction Claudio d'Angelo lance des mandats d'arrêt à l'encontre de 29 anarchistes sous le chef d'accusation de "participation à bande armée, association subversive, détention d'armes et d'explosifs" ; certains sont soupçonnés aussi d'avoir commis "des attentats contre des installations publiques et des attaques à main armée" ; plusieurs sont même accusés "d'homicide et d'enlèvement".

Parmi les 29 anarchistes, 9 sont déjà emprisonnés pour d'autres faits, 12 en état d'arrestation et 8 restent en liberté.

Quelques heures plus tard, le magistrat Marini donne une conférence de presse et s'explique sur la prétendue "bande armée". La "bande" s'appelle "O.R.A.I." (Organisation révolutionnaire anarchiste insurrectionaliste), un nom exotique dont personne n'a entendu parler, une organisation fantôme qui n'a jamais revendiqué aucune action. Cette "bande" se serait autofinancée avec l'argent provenant des hold-up et des enlèvements organisés en collaboration avec des "criminels de droit commun". L'argent aurait servi à la publication de certains journaux anarchistes : Anarchismo, Provocazione, Canenero. Marini tient à préciser qu'il ne s'attaque pas aux idées (...)

L'organisation "O.R.A.I." serait à double niveau. Le premier, "clair et public, est représenté par l'activité politique du mouvement, par les débats dans les squats, par des manifestations, des publications et des conférences". Le deuxième, "occulte et compartimenté, a comme objectifs de commettre des attentats, des hold-up et des enlèvements". Ce théorème terroriste du pouvoir permet du même coup d'accuser de complicité tous ceux qui fréquentent les squats, diffusent la presse subversive, ont des rapports 'amitié et de solidarité avec des individus considérés comme "dangereux", bref, tous ceux qui ne sont pas des citoyens satisfaits ou résignés. Tout cela contribue à créer un climat d'intimidation et permet à l'État de cloisonner les luttes pour mieux les réprimer (...).

Pourquoi et comment en sont-ils arrivés aux arrestations ?

Le 19 septembre 1994, cinq anarchistes (Antonio Budini, Jean Weir, Christos Stratigopulos, Eva Tziutzia et Carlo Tesseri) sont arrêtés à Serravalle (province de Trente), suite à un hold-up. Le 1er juin 1995, la Cour d'Appel de Trente condamne tous les inculpés à 3 ans et 4 mois de prison, excepté Carlo qui est condamné à 4 ans, parce que récidiviste (...).Dès le 19 avril, le juge Carlo Ancona avait essayé de coller sur le dos des inculpés (excepté Eva) deux autres attaques à main armée qui avaient été perpétrées dans la région et qui étaient restées sans coupables. Le procès pour ces faits nouveaux est fixé au 13 octobre 1995 à Trente. Le jugement est renvoyé à plusieurs reprises de façon incompréhensible jusqu'au jour où une vague de perquisitions effectuée dans toute l'Italie révèle le montage de Marini. Lorsque, le 9 janvier 1996, s'ouvre le procès à Trente, l'avocat général Bruno Giardina annonce que Mojdeh Namsetchi, ex-petite amie de Carlo Tesseri, collabore, depuis quelques mois, avec les juges de Rome et de Trente.

Pendant l'audience du 16 janvier 1996, la jeune femme -que personne ne connaît et qui n'a jamais participé aux initiatives du mouvement- déclare avoir commis les hold-up avec les anarchistes inculpés. L'amnésie dont elle est frappée est révélatrice. Elle ne se souvient pas des vêtements qu'elle portait, de celui ou de celle qui a pris l'argent, si elle a fait tomber ou non le pistolet, si par hasard un coup est parti, elle se trompe sur le déroulement des faits et affirme qu'elle et les compagnons incriminés se sont enfuis à six dans une seule voiture (histoire de voyager à l'aise et de passer inaperçus). Bref, la seule chose dont elle se souvienne bien, ce sont les noms des trois autres anarchistes qu'elle dénonce (Guido Mantelli, Roberta Nano et Emma Sassosi). Cela suffit pour que le tribunal condamne le 31 janvier 1996 Antonio, Jean et Christos à six ans et demi et Carlo à sept ans de prison, pendant que dehors la police charge ceux qui sont venus exprimer leur solidarité avec les copains jugés (...). »

 

Les détenus sont tous à la prison de Rebibbia :

Hommes :

via Raffaele Majetti,

165 - 00156 ROME

Femmes :

via Bartolo Longo,

72 - 00156 ROME
En Italie, Francesco Berlemmi et Stefano Moreale, incarcérés suite à la rafle du 17 septembre, ont été libérés. Apollonia Cortimiglia incarcérée à la prison de Rebibia pour la même affaire. Il y a toujours 6 inculpés qui ne semblent pas avoir été arrétés.
Un comité de défense s'est mis en place, pour plus d'infos (en italien ou en anglais) :

Comitato di difesa anarchici, C.D.A

c/o El paso occupato, via Passo Baule,

47 - 10127 TURIN

Paquets et argent à :

Mario Anzoin, Via Orméa 150,

10126 TORINO, Italie

Téléphone/Fax/Répondeur : 0039.11.674.833

Sur Internet

Mail : LIST-A-INFOS@LGLOBAL.COM ou CSLIST@ECN.ORG

Site WEB : Repression Against Italians Anarchist


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