ETAT DE SIEGE
à Barcelone

"Le lundi 28 octobre 1996 a eu lieu l'expulsion de l'ancien ciné Princesa de Barcelone. Ce "Centro Social Okupado", lieu alternatif occupé depuis le 10 mars, situé en plein quartier "bourgeois" dans le centre ville (Via Laietana), situé près du département central de police et de la mairie, a réalisé plusieurs activités et actions politiques et de soutien (manifestations, concerts, fanzines, Kafeta c'est à dire bar pirate, spectacles, débats).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"La assemblea d'Okupas contra el nou codigo penal"

En optant pour l'union des "Okupas" avec plusieurs autres bases de "Barna" (La Hamsa, Los Gatos, Guinardo, Atteneb de Garcia), ils créent "La Assemblea d'Okupas"rassemblant une centaine de personnes qui intensifie la force du réseau et organise"laresistancia"contre l'état policier, contre le fascisme, pour l'occupation.

Le 16 septembre, ils résistent à la Hamsa (Barna) et empêchent le délogement, appuyés par des syndicats, des artistes, des voisins de tous âges solidaires du "Centro Social Okupado". Mais tout cela fait suite à une série d'expulsions sans précédent en Espagne (Madrid, Banyoles, Terassa, Barcelone, Cordoba). Une quinzaine de lieux au total, en moins de 4 mois, évictions dictées par l'Etat et son nouveau code pénal au titre duquel l'occupation devient un délit (Art. 245).

Resistencia

28 Octobre : ce lundi-là, vers 6 h. du mat', un huissier arrive devant la porte du ciné accompagné de quelques 200 C.R.S. locaux (Mossos d'Esquadros) et une trentaine de flics armés jusqu'aux dents, avec en plus une vingtaine de fourgons de pompiers et un hélicoptère (celui des Jeux Olympiques et des grandes actions anti-terroristes) qui patrouille au-dessus. Trois fois par mégaphone, les "Okupas" sont invités à quitter leur domicile. La trentaine de personnes barricadées à l'intérieur réagissent promptement en balançant sur les keufs ufs, légumes, pierres d'abord, puis contre les balles de gomme des fusils policiers, des briques et des cocktails Molotov.

L'assaut est donné par les flics tandis qu'une pluie de balles en caoutchouc, tirées de l'immeuble d'en face, obligent les résistants à se replier au cur de leur citadelle. Ne pouvant défoncer les portes du rez-de-chaussée, la police atteint la première terrasse (au-dessus de la Kafeta) avec les échelles des pompiers complices.

Il est déjà 7h15 quand, de la seconde terrasse, réapparaissent des "Okupas" qui bombardent les keufs avec des gros pétards, cocktails Molotov et canapés en feu. La police finit par accéder à la seconde terrasse mais elle est en flammes et les résistants se sont repliés. Vers 7h30, les "Mossos d'Esquadros" pénètrent dans "La Princesa". Après un combat au corps-à-corps, les "Okupas" se font cueillir à la matraque. Des personnes de l'extérieur, solidaires d'autres lieux rentrent dans la bataille. Total : le squatt vidé, la rue trashée, 15 blessés, dont 6 keufs, 2 blessés graves (bras cassés, traumatismes crâniens), 48 détenus au total, accusés d'usurpation d'immeuble et de désordre public. Enfin, après les affrontements, les agents municipaux de nettoyage effacèrent les slogans et provocations peintes sur les façades : INSUBMISSIOA TOTAL - UN DESALOJO, MIL OKUPATIO ou encore Délogeons les prisons, pas les maisons !

L'après-midi, des portes-paroles de "La Assemblea d'Okupa de Barna" tiennent une conférence de presse devant à peu près l'ensemble de la presse espagnole. Ils critiquent la violence et la démesure de l'action policière "comme s'il s'agissait de terrorisme, face à un réel mouvement social de crise". Ils appellent à une manifestation pour la soirée. Celle-ci a lieu et il s'y produit de nouveaux affrontements avec les flics.Le vendredi 9 novembre, une seconde manifestation a lieu dans l'après-midi, qui aboutit à la réouverture symbolique de "la Kafeta d'el ciné Princesa". Après avoir vidé les bouteilles et les fûts, ils déposèrent un panneau : NO NOS QUEDAMOS PORQUE YA NO QUEREMOS (Nous ne restons pas parce que nous ne l'aimons plus).

Des manifestations ont eu lieu simultanément à Valence et Madrid."

 Un Okupa, Manu.


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