T'en veux de la précarité, en voilà.
Les M.A. (Maîtres Auxiliaires) n'ont pas échappé à la vague d'attentats préméditée par le gouvernement (droit du travail, flexibilité, etc.) afin de nous rendre esclaves de leur société que nous refusons.

La précarité dans la fonction publique c'est eux. Cinq mois après la rentrée scolaire, il y a toujours environ 10000 M.A. sur le carreau. Face au gouvernement qui ne veut rien prendre en compte, alors que les classes sont surchargées, des postes non pourvus et des heures supplémentaires de plus en plus nombreuses. La seule solution pour se faire remarquer de la presse, donc de l'opinion publique et donc du gouvernement qui gère au coup par coup, a été dans un premier temps les grèves de la faim qui se sont soldées par une prise en compte du problème posé par Bayrou. Pour entrer dans le vif du sujet, le problème posé par les M.A. n'est que la partie immergée de l'iceberg qui recouvre en fait le problème de quelle éducation, comment et dans quelles conditions la développer. Après 2 à 3 mois de négociations avec Bayrou, les choses sont plus claires. Le genre de choses pour lesquelles il se bat lui, sont premièrement, le privé, deuxièmement, imposé la flexibilité, la précarité pour faire pourrir de l'intérieur le domaine public sous couvert de réduction de coût.

Pour le privé, la recette est facile : il suffit de surcharger les classes du public (de 30 à 40 élèves), en ne créant aucun poste, voire les réduire, imposer des heures sup. pour dégrader les conditions de travail et engager du personnel intérimaire (M.A., CES, ...) révocable à tout moment. Pendant ce temps, dans le privé, tous les postes sont pourvus. Résultat, ce n'est plus une réduction des coûts pour le budget mais surtout un choix de société. Il va falloir comprendre que le budget est un choix politique qui permet de faire d'une pierre deux coups.

Faire pourrir de l'intérieur le domaine public

En attendant, les M.A. eux se sont pris en main, et c'est pas une mince affaire. Malgré leur nombre important (environ 40000), ils ne se sentent pas impliqués dans ce statut, car souvent ils font ce choix en attendant de passer les concours. La coordination nationale demande maintenant l'incorporation sans concours de tous les M.A. français ou étrangers. A la réunion du 31 janvier 1997 avec Bayrou, le gouvernement a joué la carte de la division syndicale et il y est parvenu. Pour cela, il a promis 3300 emplois jusqu'en juin. Le SNES (Syndicat National de l'Enseignement Supérieur) a parlé "d'avancée importante". Scandale dans les autres sections syndicales et à la coordination nationale des M.A. Du coup, Bayrou ne veut plus discuter qu'avec le syndicat majoritaire, le SNESS. A Toulouse, la question est posée des syndicats clientélistes et de leurs jeux. Bayrou dit "si vous me demandez la titularisation de tous les M.A., je dis non". Le SNES applique le programme du gouvernement. 3300 emplois, ça veut dire environ 8000 M.A. à la poubelle. De plus, ce sont des postes jusqu'en juin donc à la rentrée 97, rebelote. Le gouvernement joue la montre. En fait, ce dernier veut user de contrats vacataires en CDD pour les remplacements et précariser encore plus ce statut. C'est une privatisation à petit feu de l'éducation nationale. Du coup, grâce à ce problème, les revendications s'élargissent: et en dehors de l'incorporation sans concours (car se n'est qu'un tri de plus) ils demandent; la suppression des heures sup. (180000 h.), qui si elles étaient converties en postes, seraient suffisantes pour incorporer tous les M.A.; l'incorporation des CES (Agents d'entretien, cantines, etc.) et une augmentation de poste pour permettre une diminution d'élèves par classe. Enfin des revendications qui ont de la gueule.

Il faudra suivre de près cette lutte qui risque de poser pas mal de questions (syndicales, politiques, etc.). Le plus dur reste à faire et on peut compter sur le gouvernement pour le faire durer. Faudra-t-il aussi que la coordination se batte contre les syndicats ? En espérant, si leur problème personnel est résolu qu'ils ne laissent pas tomber toutes les autres revendications, comme on le voit bien souvent. (à suivre...)

Toffe


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