Face à la problématique du travail en France, le gouvernement Chirac, visant sa bonne conscience, fait traiter une réflexion dite "de fond" sur les perspectives du travail à l'horizon 2015 par le Commissariat général du plan.

D'entrée on est frappé par les noms de certains membres et leurs fonctions. Par exemple, Jean Boissonnat, membre du Conseil politique de la Banque de France qui préside l'ensemble dans la liste des 21 membres. On remarque JC Chesnais que l'on connaît pour sa sympathie au FN, Jacques Chaizé qui n'est autre que le président du centre des jeunes dirigeants, ainsi qu'une théologienne (tiens donc !) et (pour rire) François Guiraud, responsable pour sa part du Centre français des patrons et dirigeants chrétiens la liste est longue.

Afin de vous permettre de vous faire une idée de la "pertinence" de cette réflexion, qui est certes très dans l'air du temps par son côté virtuel (tu mets la tête dans l'écran, t'appuies sur le bouton et tu y es), il faut préciser quant même que les 4 scénarios proposés, sont fondés sur une étude de l'évolution du travail depuis près d'un siècle, sur une multitude de statistiques économiques, sociales et démographiques.

Tout ceci pour confirmer le cynisme avec lequel le gouvernement accuse son incapacité à trouver des solutions concrètes à la crise du travail dans laquelle la société se noie. Envisageant dans le meilleur des cas l'attribution, d'une allocation universelle (ou revenu de citoyenneté) ou d'un RGE (Revenu Garanti d'Existence) pour les plus défavorisés. Le jeu consiste à trouver celui des 4 scénarios qui se trouvera attribuer la palme d'or aux prochaines élections.

 

1 - L'ENLISEMENT

1995 - 2015 : en 20 ans la France a changé mais l'entrée dans XXIème siècle s'est avérée douloureuse. A vouloir suivre le monde et la mondialisation sans changer ses moeurs, ses habitudes ou ses réglementations, la société française s'épuise. Elle ne parvient pas à organiser la réconciliation de l'extérieur avec l'intérieur, et de l'économique avec le social. La concurrence est forte mais la croissance reste faible. Et la politique toujours sur la défensive. Faute d'avoir insufflé un nouvel élan, réformé les conditions de production ou imaginé d'autres relations sociales, la France s'enlise. Le chômage, déjà fort en 1995, s'est encore accru en 2015 ; 20 % d'exclus, ce n'est plus la fracture, c'est vraiment la rupture.

 

 

 

 

 

 

2 - L'HYPER CONCURRENCE OU LE "CHACUN POUR SOI"

Horizon 2015 : le monde court toujours après les parts de marché. La concurrence est à son paroxysme. Et la société libérale au zénith. L'État lui, est au minimum. En France, sur le plan économique, il se replie devant les grandes entreprises et, en matière de travail et de protection, se concentre sur des interventions limitées à la prise en charge d'un minimum social ou vital. Il n'arbitre plus la négociation collective qui s'efface devant des micro-régulations individuelles.

Trois types d'entreprises, trois cercles d'emplois, deux vitesses et une France émiettée. Concertation économique et sociale, degré zéro.

 

 

 

 

 

 

3 - L'ADAPTATION

Le monde change. La France aussi. Mais dans un monde peu coopératif et déréglementé, la France a su rassembler ses forces pour gérer le changement. Celui-ci sera progressif, participatif et productif. C'est une conciliation réussie entre la cohésion sociale et l'ouverture au monde.

Le système productif s'est adapté à l'économie mondiale et le cadre juridique du travail s'est adapté au système productif. L'État a accompagné. La société a changé.

 

 

 

 

 

 

4 - LA COOPERATION

C'est le triomphe de la coopération. Beaucoup d'opérateurs de la planète jouent dans le même sens. Et à tous les niveaux.

Le monde s'organise et s'accorde sur un nouvel ordre économique et monétaire mondial. L'esprit de coopération traverse les frontières, où le système productif se transforme dans la recherche de la performance globale. En s'appuyant sur un ordre public social retrouvé. Grâce à cet État intelligent qui transforme le cadre réglementaire et contribue à l'édification d'un "nouveau contrat social".

Convergence, coopération, consensus, ce "paradis" retrouvé est-il le fruit d'une inspiration collective ou le résultat d'une croissance revenue à partir de 1995 ?

 

Note : Quant à un "État intelligent" cité au 4ème scénario, vu la tournure que prend celui-ci on a beau rester le plus tolérant possible, le mot "intelligent" semble quand même ici nécessiter une certaine censure. Document tiré du Rapport du Commissariat Général du Plan.


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