L'EUROPE
DES AUTOROUTES

En haut, tout en haut de la montagne, y'a le tunnel. Du Somport. Mais si l'on a beaucoup parlé du tunnel et des ravages causés sur la Vallée d'Aspe, plus bas, le saccage continue de plus belle. Pendant que les travaux sur la partie supérieure de la N134 commencent entre Gurmençon et Urdos, nos technocrates bruxellois ont sorti de leurs cartons un autre projet : l'A 650 qui devrait permettre de relier Pau à Oloron Ste Marie.

 

Le trajet par la nationale prend aujourd'hui 34 mn en moyenne pour 30 km...Pour quelques minutes de gagnées, on va saccager et tracer en plein coeur des coteaux béarnais. Mais en fait, ce projet n'a rien à voir avec la qualité de vie des habitants de Pau et Oloron. En effet, ce tracé, en plus d'oublier les habitants de Gan et Jurançon, a pour vocation de rapprocher Lacq de l'Axe Bordeaux Saragosse par le Somport. Et comme on envisage à l'horizon 2000 de transformer Lacq en Centre de Traitement de Déchets Industriels, et qu'une décharge chimique existe déjà sur le versant aragonnais, on ne peut que s'inquiéter sur les objectifs de ce projet.

L'A650 pièce du dispositif européèn

La volonté bruxelloise d'intégrer l'A650 à l'un des 14 axes européens destinés à relier les grandes métropoles et à intensifier le trafic de marchandises montre ce qu'ils veulent en faire : un couloir à camions transpyrénéen. De 84 à 95, le trafic de poids lourds a été multiplié par trois dans les zones de montagne, par 3,3 dans les Pyrénées. Ils pensent le multiplier encore par 3 dans les vingt ans. 5500 camions passent tous les jours au Perthuis, 4500 à Biriatou.

Les points de passage dans les Pyrénées ne cessent de se multiplier, et à chaque fois, on ressort les mêmes salades aux populations pour leur faire accepter des projets sacrifiant l'environnement. Le chantage à l'emploi, allié à un arrosage de pots de vin sur les zélus permet de faire passer la pilule. Pourtant à chaque fois, ce sont les intérêts des industriels qui guident ces projets au détriment de la qualité de vie des habitants (hommes et animaux). En amont ou en aval, ils transforment les Pyrénées en autoroutes. La chaîne sera-t-elle dans l'avenir un immense parc de loisirs touristique, désert culturel et humain, desservi par des axes économiques privés ? Un Disneyland écologique avec ruraux fossilisés ? Car la défense de cet environnement passe aussi par la mise en place de projets de vie collectifs possibles. A savoir, articuler la défense du cadre de vie avec des projets de développement local, stopper la désertification rurale et l'exode de la jeunesse vers les métropoles. Déjà dans toute les Pyrénées, il est temps de passer par dessus les particularités locales, et au-delà d'organiser le front du refus, inventer la vie qui va avec !

MAASTRICHT ECRASE LES PYRÉNÈES

La perspective du Marché Unique excite les convoitises des industriels de toute l'Europe (voir article sur le Trans Européan Network p.8). Pour cela, ils n'en ont rien à foutre de sacrifier une région entière avec ses habitants, de renvoyer aux calendes grecques les projets de développement possibles dans les Pyrénées. Dans toute l'Europe, à la pression des libéraux doivent répondre la mobilisation collective et l'union des peuples. Car c'est Maastricht dans son ensemble qu'il s'agit maintenant de rejeter. Les autres grands ouvrages projetés (Grand Canal Rhin/Rhône, Réseau Autoroutier, T.G.V...) posent partout les mêmes problèmes (écologiques, économiques, politiques...) Dans tous les pays, les populations concernées rejettent majoritairement tous ces projets, dans le cadre de luttes souvent très longues. La subordination du politique à l'économique renvoie encore à une société où les intérêts de quelques industriels prédominent sur ceux de régions entières. Et pour changer cela, la mobilisation seule des peuples pyrénéens ne suffira pas. Il faudra l'unité de tous les peuples d'Europe contre celle du Capital.

Yann

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