Un an après le 11/09, la croisade du bien contre le mal dans une nouvelle phase

Un an après le 11 septembre, l¹intoxication est repartie : les médias jouent à fond la carte de l¹émotion, nous abreuvant d¹images compassionelles sur les victimes. Si à n¹importe quel bombardement en Afghanistan ou en Palestine, il y avait eu 100 caméras, nul doute que l¹émotion serait aussi au rendez-vous des opinions publiques. Si l¹entreprise ne peut pas être exhaustive, tant les changements en cours son profonds, et nécéssiteraient des centaines de pages d¹analyse, il nous a semblé opportun d¹essayer de faire le point sur cette " accélération de l¹histoire ". Car la logique qui a émergé le 11/09, était à l¹¦uvre depuis un moment. Un memebre du comité "stop la guerre" de Bayonne fait le point.

En Afghanistan, la guerre continue

Force est de constater qu¹en Afghanistan la guerre continue, sans que l¹on puisse espérer voir une sortie du tunnel. Plus de 6 attentats contre des hauts membres du gouvernement (installé depuis décembre avec à sa tête Hamid Kerzaï, ancien employé du trust pétrolier texan, Unocal, lié à la famille Bush, qui a participé aux négociations entre les talibans et les firmes américaines au mois d¹août 2001, en vue "d¹assouplir" le régime des talibans et en échange du¹ne reconnaissance internationale, faciliter l¹accès aux ressources pétrolières), des bombardements et des ripostes qui continuent avec des attentats récurrents, un pays dévasté par les bombardements alliés, n¹ayant quasiment plus d¹infrastructures civiles, une absence de démocratisation et un pays redevenu un protectorat que se partage les grandes puissances, des millions de réfugiés disséminés dans différents camps, un bilan non communiqué des milliers de victimes civiles que n¹importe quel esprit raisonné peut penser qu¹il y a eu, quelques révélations sur les crimes de guerre commis par les forces américaines et afghanes (quelques milliers de morts, talibans qui s¹étaient rendus, et qu¹on a entassé dans des containers en plein soleil, massacres de Mazar I Charif etc.).

Une " nouvelle " guerre contre l¹irak

L¹intervention contre l¹Irak, acquise sur le fond depuis le 11/09, va avoir lieu courant novembre ou décembre et risque d¹embraser toute cette région. Une nouvelle leçon de "choses" dont a besoin Bush pour asseoir la domination des intérêts impérialistes dans le monde, en vue d¹imposer son hégémonie sur la planète. Une main-mise visant le même objectif : contrôler les ressources pétrolières irakiennes, et ainsi faire baisser le prix du baril. Si les pays occidentaux renâclent sur la forme (avec ou sans résolution du Conseil de Sécurité de l¹ONU), ne nous y trompons pas, comme en 91, ils sont acquis sur le fond de l¹intervention. D¹autant plus que les bombardements américano-anglais n¹ont jamais cessé depuis 1991, Washington en reconnaît rien que pour cette année 37. A l¹heure où ces lignes sont écrites, certaines informations, démenties par Washington, font état d¹une opération impliquant plus de 100 avions américano-anglais. La croisade étendue à la Palestine En Palestine, la guerre "contre le terrorisme" lancée par Bush a servi de prétexte pour une intervention conjointe américano-israélienne, visant à faire entrer le peuple palestinien dans une nouvelle phase de soumission et de sujétion, qui continue à ce jour, bombardements et massacres de populations civiles à la clef. Dès le lendemain du 11 septembre, le gouvernement d¹union nationale travaillistes/likoud/extrême-droite recevait le soutien de Bush pour son offensive contre l¹autonomie palestinienne et son Autorité, qui ont été réduites aussi à néant et dont les infrastructures ne sont plus qu¹un souvenir. C¹est bien le même ordre que veut faire régner Bush à Gaza, Kaboul ou Bagdad.

Une guerre pour quoi ?

Désormais l¹entente cordiale règne entre les compagnies d¹hydrocarbures texanes et occidentales et les politiques afghans, permettant une mise en route rapide de divers projets visant à acheminer les ressources d¹hydrocarbures de la mer Caspienne vers l¹Occident. A Bakou (Azerbaïdjan), la semaine prochaine, démarrera le chantier de l¹oléoduc, qui acheminera les récents gisements découverts au large de l¹Azerbaïdjan jusqu¹au port turc de Ceyhan, via la Georgie. Les firmes américaines, mais aussi françaises (Total Fina Elf par exemple) et anglaises, déjà présentes dans cette région, se sont vues renforcer par la présence de troupes américaines en Georgie, au Kirghizistan et en Ouzbékistan. D¹autres projets sont en cours, quitte à redessiner certaines frontières des Etats riverains. Washington a déjà donné son assurance à Paris, qu¹après la chute de Sadaam Hussein, Total Elf Fina ne serait pas écarté du marché pétrolier irakien, dont la production peut être équivalente à celle de l¹Arabie Saoudite, jusqu¹à présent principal fournisseur des américains. Une " croisade antiterroriste " mondiale Le prix pour les plus ou moins proches voisins de l¹Afghanistan est chèrement payé. Les endroits du monde ayant été directement ou indirectement touchés par la guerre contre l¹Afghanistan " et le terrorisme " sont légions. Au Pakistan, elle a renforcé une situation d¹instabilité, dont a pleinement profité la junte militaire islamiste , en s¹alignant sur les positions américaines, tout en continuant en sous-main à alimenter les islamo-fascistes. La France vend pour des milliards d¹armement à cette junte. Ceux qui ont commis l¹attentat contre les employés de la DN(en train de construire un sous-marin nucléaire), ne s¹y sont pas trompés. Au Cachemire, l¹affrontement entre l¹Inde et le Pakistan a été évité de justesse, mais la question du Cachemire peu refaire basculer incessamment ces deux puissances nucléaires dans l¹abime. Les troupes américaines se sont installées durablement dans les ex-territoires soviétiques (Ouzbékistan, Kirghizistan Georgie) ; aux Philippines elles ont prêté main forte à l¹armée philipinne contre les membres d¹Abu Sayaf, elles sont intervenues, au Qatar, en Colombie. En Tchétchénie, Poutine a obtenu des pays occidentaux leur approbation à la sale guerre qu¹il mène au peuple tchétchène,en Chine le régime a fait de même face à ses séparatistes musulmans, on a vu en Europe, à travers le classement d¹organisations abertzale, kurdes ou palestiniennes dans la liste noire des organisations terroristes, ou à travers l¹interdiction de Batasuna de quelle manière, la croisade a accéléré l¹histoire. En bref, bon nombre de luttes de libération nationale et/ou sociale se sont vues englober dans un large panier dénommé " terrorisme , avec à la clef la criminalisation de populations entières. Les régimes de quelques bords qu¹ils soient se sont engouffrés dans la brèche ouverte.

Hégémonie politique

Si l¹hégémonie est militaire, elle est aussi politique. La majorité des Etats, qu¹ils soient du Nord ou du Sud, dominés par des juntes militaires réactionnaires, des régimes féodaux ou autocratique ou que ce soit des régimes qualifiés de " démocratiques " se sont inconditionnellement alignés sur les positions américaines, et ont adopté des mesures contre leurs propres populations allant à l¹encontre des libertés publiques et fondamentales, et se rapprochant du modèle américain. Diverses organisations internationales de défense des droits de l¹homme les ont dénoncées. On peut citer pêle-mêle les camps d¹internement " administratif " anglais ou américains, permettant d¹emprisonner sans mandat judiciaire, le kidnapping des afghans détenus à Guantanamo, le mandat d¹arrêt européen, la cybersurveillance, l¹intensification de la logique répressive des contrôles policiers, le durcissement des lois racistes existantes, la criminalisation des masses arabes, des mouvements sociaux et politiques (telle l¹interdiction de Batasuna), l¹adoption de lois liberticides. Car la guerre se mène sur tous les fronts et ne vise pas que les peuples rêvant d¹indépendance nationale et/ou sociale. Dans sa phase répressive, elle vise ainsi à devenir le moyen de gestion quotidienne de la misère et de la pauvreté et des conséquences qu¹elle engendre. Pour cela, il faut mener la guerre à la jeunesse (qui représente la majorité des populations des pays du tiers monde), aux étrangers " en contrôlant les flux migratoires ", et que ces populations n¹aient pour seul avenir que celui des murs de prison. Politiquement ces orientations mondialisées se sont traduites par une alliance des droites et des extrêmes droites (aux Etats-Unis, en Israël, en Italie, Espagne, Autriche etc.), et une adhésion des forces traditionnelles de " gauche " aux thèses guerrières et sécuritaires.

Hégémonie économique

Ceux qui ont cru à un réquilibrage économique du Nord vers le Sud se sont bel et bien trompés. La croisade est au contraire " le bras armé " de la mondialisation. La guerre économique est elle aussi entrée dans une nouvelle phase, en lien avec les institutions financières internationales, dont les objectifs militaires sont les services publics et sociaux, d¹éducation, de santé. Les grands sommets internationaux de Johanesburg, de Séville ou Barcelone, viennent renforcer techniquement cette domination, en planifiant le démantèlement et la marchandisation des besoins humains. La présence militaire et militariste est là pour imposer aux populations du monde l¹ordre libéral et ses conséquences : 35 000 enfants mourrant chaque jour de la faim dans le monde, une pollution et un pillage des ressources menant la planète à la catastrophe écologique et sanitaire, les 14 000 qui meurent tous les jours du sida, les 35 millions de séropositifs n¹ayant pas les moyens de se payer un traitement vendu par le Nord, la misère et la pauvreté qui se répandent comme la peste et le choléra, l¹être humain considéré comme une marchandiseŠ

Resister

Dans les mois qui viennent, les forces attachées aux libertés et au progrès social, à la souveraineté des peuples et au primat de l¹humain sur la marchandise, devront être prêtes à répondre aux offensives en cours. Si la résistance locale, à la base, dans nos luttes sociales et politiques, risque d¹être à l¹ordre du jour, la solidarité internationale doit néanmoins s¹exprimer fortement. Les batailles à mener contre la guerre en Irak, en soutien au peuple palestinien doivent prendre toutes leurs places, dans une stratégie globale d¹opposition aux intérêts mondialisés. La phase ouverte par le 11 septembre est loin d¹être refermée.

Y.E. comite "Stop la guerre"