Le puzzle BERBERE

Durant ces dernières années, plusieurs voix se font entendre dans divers pays concernant la question amazighe.

La voix des artistes exprime l'espoir des millions d'individus qui rêvent de vivre libres. Idir avec son parcours et ses disques finit par réunir des groupes et des chanteurs comme Zebda, l'Orchestre National de Barbès, Gnawa Diffusion, Brahim Izri, en associant également Maxime Le Forestier pour compléter le tableau ; tous chantent la rébellion, la sagesse et des rythmes qui ressortent du fond de l'histoire dans l'immense territoire.

La voix des écrivains, des poètes, des journalistes ; de Tahar Djaout, Ayt Menguelet, Kateb en Algérie, en passant par les Marocains Azayku, Chafik, Boukous, le Libyen Saïd Sifaw et le touareg Hawad, n'ont jamais cessé de réclamer la liberté ressentie en bas par des populations opprimées.

La voix des associations, la voix des centaines de milliers de jeunes constituant des groupes de travail et de réflexion partout dans le monde, chacun dans son contexte et les circonstances objectives déterminant ses actions et ses difficultés, se réunissent sur un seul objectif : &laqno;la revendication culturalo-linguistique amazighe».

Des jeunes pleins d'énergie, de vie, armés de connaissances diverses, luttent ensemble pour un monde meilleur à l'encontre des pouvoirs totalitaires en place qui rejettent toute revendication légitime.

La voix des politiques, celle des partis, expriment leurs programmes et leurs déclarations. Un enjeu difficile dans des pays non démocratiques où épouser des causes légitimes finit souvent par devenir obstacles et isolement.

Une chose est sûre, l'affaire amazighe est lancée, reste à déterminer dans quelle voie, pour quel avenir et dans quel projet va se dessiner le destin de ce que les régimes en place ont tout fait pour étouffer et avorter, et ceci pour renfermer les populations dans des sphères de mensonges historiques et idéologiques. D'autres conditions concourent pour renforcer cette situation. Si on sait qu'au Maroc le chiffre officiel d'analphabètes s'élève à 60% de la population, et qu'en Libye les livres autres que l'idéologie verte sont interdits, la connexion au réseau d'Internet est totalement interdite (l'acquisition d'une machine à écrire passe par l'octroi d'une autorisation d'usage auprès des autorités publiques), et que le contrôle systématique de l'information dans tous les pays concernés de est l'une des premières préoccupations des pouvoirs, on peut comprendre le long processus de la formation d'une conscience politique pouvant déstabiliser les pouvoirs.

Dans ce contexte de confusion et d'amalgames, un deuxième congrès mondial amazigh s'est tenu à Lyon les 13, 14 et 15 août 1999 sur l'initiative du comité préparatoire et des associations berbères rhône-alpaises : Achal, Awal, ACBS St.Etienne et Tilelli... Fondé en 1995 à Saint Rôme-de -Dolan, il s'est fixé parmi d'autres objectifs de porter la cause amazighe à l'échelle internationale, de regrouper les berbères de tous les horizons et de coordonner des actions destinées à faire pression sur les Etats qui continuent à occulter la dimension amazighe des identités nationales des pays où vivent les imazighen.

Après trois jours de débats et de discussions concentrés, un bureau et un conseil fédéral ont été élus et doivent assurer la gestion de l'organisation pour un mandat de trois ans. Au terme de la première réunion du bureau élu, il a rendu publique la déclaration ci-contre.

Othman