EDITO DU N26

mondialisons la solidarité

 

Alors que la flambée mondiale des cours de la Bourse ressemble étrangement à celle de 1929, crise qui avait provoqué un krach aux conséquences politiques désastreuses pour le monde entier (fascismes européens et japonais, guerre mondiale, victoire et domination américaine etc...), le capital continue de s'homogénéiser, concentrant ainsi tous les risques. Imaginez les conséquences d'un krach quand il n'y aura plus qu'une banque nationale, voire mondiale... Les organisations internationales (ONU, FMI, OMC) aggravent la misère et le chaos en imposant leurs lois, et mettent en coupe réglée tous les continents par une domination sur tous les domaines essentiels de nos vies. Ils veulent s'accaparer l'ensemble des ressources, transformant le vivant en marchandise, faisant courir des risques insensés à nos vies et nos santés. Les OGM et les crises liées à la sécurité alimentaire participent à cette logique libérale.

En France, le gouvernement Chirac/Jospin/Hue/Voynet/Chevènement, a clairement choisi son camp, en se soumettant aux diktats du FMI et de l'OMC, malgré les conséquences désastreuses sur notre vie quotidienne : privatisation de l'éducation et de la santé, chômage, précarité, mal-bouffe, crises alimentaires (vaches folles, dioxine, transgénique etc...). Le prix à payer aux multinationales ou au capital national est de plus en plus lourd, les José Bové, les BIB (Michelin) et les milliers de licencié-es, sans-travail, sans-papiers ou sans-logement vont continuer à le payer.

Le gouvernement Jospin et ses potes aura plus privatisé que ses prédécesseurs "de droite", les 35 h sont une régression sociale-poudre aux yeux qui va accroître la précarité, la misère se répand de façon exponentielle, des millions vivant avec peu ou pas de revenus (jeunes de moins de 25 ans, RMI à 2200 balles, emplois-jeunes...).

Malgré des ministres fumeurs de tarpés, on continue d'emprisonner des usager-es de drogues tout en refusant de s'impliquer, voire en rabattant la RDR (Réduction des Risques liés à l'usage de drogues). Pourtant 600 000 personnes sont contaminées par les Hépatites, 5000 malades du Sida sont en échec thérapeutique, la pandémie reprend du terrain, et il n'y a plus de véritable Ministère de la Santé (il est réduit à un Secrétariat d'Etat, dépendant d'Aubry avec le Travail), ne parlons pas d'une politique cohérente de santé publique...

Les Gays et Lesbiennes attendent toujours l'égalité des droits, le PACS étant trop timoré pour répondre aux attentes de ces communautés.

Les prisons restent remplies de personnes en détention provisoire, tenues à l'écart des droits civils accordés dehors, malgré les condamnations de la Cour Européenne des Droits de l'Homme.

La politique raciste d'expulsions continue, renforcée par une circulaire de Chevènement du 11/10/99, demandant aux Préfets d'expulser plus fermement les étrangers déboutés. Les refus de régularisation, l'application de la double peine, l'emprisonnement pour défaut de papiers (3000 en 98), montrent une Justice aux ordres, désireuse d'appliquer fermement les lois et circulaires racistes, prête à couvrir tous les assassinats, violences et persécutions policières (condamnation pour outrage et rébellion à agents des victimes des exactions policères, flics tueurs relachés, comme celui d'Habib, etc...). La discrimination raciste est viscéralement liée à l'Etat, aux administrations et au paysage économique (embauches, bars, boîtes...) sans que le gouvernement ne s'y attaque.

Les soi-disant virages de l'été de Jospin (hop à droite, euh... à gauche, et re-hop à drooooiiiiiitte) sont du bidon. Il est le chef de file d'un projet politique de soumission aux impératifs libéraux. Mais l'on oublie trop souvent qu'il n'y a pas que le PS au gouvernement, ses alliés ont leurs responsabilités engagées au même titre que lui : PC, Verts et MDC adhèrent à cette politique. Ils ont entraîné dans ce fiasco annoncé l'Extrême Gauche plurielle qui, elle aussi, a choisi son camp, celui des 35h et du sabordage du mouvement social. La manif du 16/10/99 en a été un triste exemple, coupant l'herbe sous les pieds du mouvement social, l'entraînant dans un soutien "critique" au gouvernement, et se discréditant une fois de plus. LCR et LO ont adhéré au pacte jospinien, manifestant "contre le chômage", trahissant les millions de personnes qui attendent un revenu décent pour vivre. Contre le chômage ou pour des droits aux chômeurs, le débat n'est pas nouveau, ayant soutendu le mouvement de l'hiver 97/98. Après avoir trahi les Sans-Papiers et les chômeurs, tous ces gentils permanents de la politique relaient l'action gouvernementale dans les luttes, empêchant l'autonomie qui permettrait au mouvement social de constituer un front puissant face aux volontés des industriels et des politiques. Ces alliances à la petite semaine (mais depuis le temps que l'extrême gauche court au cul du PC, elle l'a enfin rattrapé) constituent un frein à l'émergence d'un mouvement d'émancipation. Depuis plusieurs années, ces orgas relaient l'action des forces de l'ordre dans les manifs avec des SO aux méthodes plus que douteuses, les lycéens en ont fait les frais cet automne, tabassés par le SO de la manif constitué... de flics syndicalistes ! Les flics interviennent presque systématiquement, envoyés parfois par les mêmes partis qui sont dans la manifestation... trop drôle! (genre Chevènement envoyant des flics perquisitionner le congrès des Verts, cherchant la boulette...).

Les affaires occupent le devant de la scène : tous les dirigeants politiques du PC au FN, en passant par le RPR, se sont gavés pendant des décennies et continuent de le faire, légalement ou illégalement. Sous couleur de s'entre-déchirer, ils se couvrent tous les uns les autres, la collusion des intérêts des nantis est flagrante (journaleux, keufs, juges, politiques, patrons...) remontant au plus haut niveau de l'Etat (Chirac, Jospin). Les cas de Papon, Crozemarie, DSK ou Spitakhis (MNEF) l'illustrent bien.

Ce n'est pas la seule chose qu'ils ont en commun. Ensemble, ils reçoivent avec tous les honneurs les bouchers de Pékin et de Téhéran (Jiang Zeming et Khatani), poussant la collaboration jusqu'à procéder à des centaines d'arrestations d'opposants politiques à ces régimes sur le sol français - raison d'Etat oblige, pardi. Ils ont couvert hier les Pinochet, Bokassa, Duvallier, Habyarimana, laissant les services secrets étrangers assassiner des opposants sur notre sol (des dizaines de personnes liquidées, entre autres Chiliens, Palestiniens, Sud Africains, Algériens...). Le business passe avant le respect des droits humains. Le capitalisme n'a pas d'éthique, qu'il soit français (Aérospatiale, Total qui pratique le travail forcé en Birmanie) ou international. L'ordre mondial est bien gardé. Pour quelques dictateurs ou affairistes, maladroits ou finissants, qui se font pincer en fin de parcours, combien y a-t-il de crimes d'Etat et de pillages de nos vies, commis quotidiennement en toute impunité sur la planète ?

La Rédaction