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COMITE DE SOUTIEN INTERNATIONAL A MUMIA
ABU-JAMAL
ET AUX PRISONNIERS POLITIQUES AUX ETATS-UNIS
- COSIMAPP -
Antenne française de International Concerned Family and Friends for
Mumia
Abu-Jamal
C/o Librairie le Point du Jour, 58, rue Gay Lussac, 75005 Paris - France
Tel. & Fax : 01 45 79 88 44
Une étude récente démontre que l'inégalité
raciale devant la peine de
mort est plus importante en Pennsylvanie que dans le sud des États-Unis
Prenant une initiative jusqu'à présent inédite, Mumia
Abu-Jamal vient de
faire parvenir au COSIMAPP un article datant du 4 mai 1998, paru dans la
plus vieille publication à vocation juridique en Pennsylvanie, The
Ledger ». C'est dire toute l'importance que Mumia Abu-Jamal, lui-même
journaliste, accorde à un article dont nous résumons ici le
contenu.
Sous le titre : Une étude à paraître démontre
l'étendue des préjugés
racistes dans les procédures de peine de mort à Philadelphie
»,
l'article rend compte d'une conférence de presse donnée par
l'avocat
Robert Dunham lors de son acceptation d'un Prix pour les Droits de
l'Homme. Dunham fait référence à une étude que
viennent de publier après
deux années de recherches deux sociologues, David Baldus et George
Woodworth, de l'université d'Iowa. L'étude montre :
1) Que plus le jury est blanc, en Pennsylvanie, plus la peine de mort
est donnée.
2) Cette corrélation s'accentue quand la victime est blanche et le
criminel noir.
3) Le Couloir de la Mort de Pennsylvanie est composé de façon
disproportionnée de minorités raciales (Noirs et Hispaniques).
A
Philadelphie même, 90% des condamnés à mort sont non
blancs. A
l'extérieur de Philadelphie, 33% des condamnés à mort
sont Noirs alors
que les africains-américains ne constituent que 4% de la population.
4) Les inégalités raciales face à la mort sont proportionnellement
plus
grandes en Pennsylvanie que dans le sud des États-Unis. Pour les
États
du sud dans leur ensemble, il y a un Blanc dans le couloir de la mort
pour 0,8 Noir. Par contre, à Philadelphie, il y a 8,42 Noirs dans
le
couloir de la mort pour chaque BlancS Sur les quarante et une dernières
personnes à être condamnées à mort à Philadelphie,
quanrante étaient
noires ou hispaniques.
5) On se fait condamner à mort à Philadelphie parce que le
Ministère
Public est zélé, parce que l'accusé est pauvre, parce
que les jurés sont
exclus sur la base de critères raciaux et sexistes et en vertu de
leurs
convictions abolitionnistes. En effet, 25 % des jurés aux États-Unis
sont contre la peine de mort d'après les statistiques les plus
médiatisées et ce sont ceux-là justement qui sont légalement
écartés des
jurys.
6) l'État de Pennsylvanie est connu pour ses règles spéciales
: ainsi
celle qui interdit d'expliquer au jury que l'alternative à la peine
de
mort est la prison à vie sans possibilité de grâce ou
de liberté
conditionnelle.
7) Dunham annonce que, fort des conclusions de cette étude, ses
collègues et lui vont intenter un procès contre l'État
de Pennsylvanie
pour l'utilisation de la peine de mort à des fins racialement
discriminatoires.
8) Le 8 juin 1998 à Washington, Madame Maxine Waters, membre du Caucus
Noir du Congrès américain, a donné une conférence
de presse pour
entériner les résultats de l'étude de Baldus et Woodworth
et pour
demander que l'on considère la discrimination raciale devant la mort
comme une atteinte primordiale aux droits civiques.
9) Le Procureur de la ville de Philadelphie, Madame Lynne Abraham a
rejeté quant à elle les conclusions de l'étude en question,
sous
prétexte que cela n'est que de la propagande pro abolitionniste.
On
peut faire dire aux chiffres tout ce que l'on veut ».
10) Le numéro du New York Times du 14 juin contient une publicité,
sous
forme d'encart sponsorisé par l'Ordre Fraternel de la Police en faveur
de l'agent de police blanc assassiné, faisant état de trois
témoignages
sur dix (les témoins choisis sont ceux qui grâce à leurs
casiers
judiciaires ont été subornés par la police) et omettant
» toutes les
auditions qui se sont déroulées, depuis le procès de
1982, pour établir
s'il y a lieu de réviser le procès.
Le COSIMAPP estime que cette publicité onéreuse d'un syndicat
policier
de droite, encart qui ne compte d'ailleurs aucune signature, est motivée
par la résolution du Parlement Européen, en date du 2 avril,
pour Mumia
et contre la peine de mort - et le voyage imminent d'une délégation
des
parlementaires européens à Washington pour y évoquer
en haut lieu la
dite résolution. Sans oublier le retentissement dans les médias
de
l'étude Baldus/Woodworth.
Le COSIMAPP, Paris
15 juin 1998