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COMPTE RENDU (LOCAL)DE LA COORDINATIONN NATIONALE DE NANTES DES 19 ET 20 FEVRIER 98

fait par Toulouse

Voici un compte rendu des rencontres à la Manu du week-end dernier, établi à partir des notes de la délégation toulousaine. Il est à compléter des comptes rendus établis par les autres participants.

Compte-rendu de la rencontre nationale de coordination

Nantes, 19 et 20 février 1998

Nous sommes partis mercredi soir de Toulouse à quatre. Nous avons retrouvé 3 personnes à Agen.

Lors du changement à Bordeaux, le contrôleur, s'exclame : ´ Ouh la la , qu"est ce que c"est que ça ! , en passant devant notre compartiment. Appuyé par la police ferroviaire, il refuse de laisser partir le train. Nous sommes donc descendus. Nous avons retrouvé deux copains de Pau à la gare, avons passé la nuit à Bordeaux, hébergés par Pierre, Bordelais rencontré dans un bar.

Le lendemain matin, à 6 h 38, nous nous séparons pour monter dans le train suivant. Deux d'entre nous, accompagnés de David et Patrick, les deux palois, tombent sur un contrôleur sympa, qui les accepte à bord. Les deux autres, en compagnie des trois Agenais, doivent descendre du train. Au dernier moment, ils remontent dans le train, en payant deux billets Bordeaux-Nantes. Dans la confusion, les trois Agenais restent sur le quai.

Arrivés en fin de matinée, nous sommes accueillis par le C.C.A.S. (Collectif des Chômeurs -euses, actifs -ives et Solidaires) à la Manufacture, occupée depuis 37 jour.

La rencontre commence en début d'après-midi du jeudi 19 février
sur des propositions d'organisation des deux jours.

Après quelques balbutiements, est décidé de présenter l'historique et les motivations, ainsi que les revendications et les perspectives de chaque ville représentée.. Le tour de table commence par Toulouse. (cf. Annexes).

Vannes

Collectif indépendant, envisageant surtout des actions dans l'avenir, notamment en liaison avec Nantes, et attendant beaucoup de la coordination, dans la perspective de trouver un local, et d'élargir la mobilisation.

Strasbourg

Collectif indépendant, fort de 30 à 40 personnes, fonctionnant en A.G. quotidiennes

Le mouvement a démarré début janvier. Occupations diverses

Dernière manifestation à 500 personnes, mais mouvement en baisse, suite à la répression policière (plusieurs hospitalisations)

Des contacts existent avec la Suisse et l'Allemagne (syndicat DGB)

Leurs revendications sont : L'urgence (la prime) ; La gratuité des transports et des soins ; Un revenu optimum garanti, avec ou sans travail.

D'autre part, ils souhaitent un changement de société, passant par une répartition du travail.

Rennes

Collectif indépendant ayant compté 50 personnes. Actuellement, 30 personnes fonctionnant en A.G. quotidienne.

Une partie des membres du collectif désirent trouver un travail. Il n'y pas eu encore de débat de fond sur les revendications : ambiguÔté /hétérogénéité

Mouvement démarré début janvier, Sur les occupations menées depuis, la plus longue a duré jusqu'au lendemain matin (avant intervention des flics) afin d'obtenir un local.

La municipalité de Rennes leur en a finalement proposé un, qu'ils ont décidé d'accepter à compter de cette semaine.

Ils ont organisé une soirée culturelle, leur ayant rapporté 15 000 f

Leurs revendications sont :Urgence sociale ; Un emploi pour tous.

Saint Brieuc

Le 31 décembre 1998, occupation d'une antenne Assedic par 20 personnes indépendantes, et des représentants d'AC ! et de la CGT.

Ils ont obtenu 1 000 f, débloqués immédiatement pour les occupants.

Ils réclament maintenant 1 000 f pour tous

Occupation de la maison du peuple (local de la CGT)

La semaine dernière, AC ! et la CGT ont quitté le mouvement, le collectif s'est alors constitué en association.

Leurs revendications sont : Un emploi, c'est un droit, (emploi durable pour tout le monde) ; Un revenu c'est un d

Ils sont contre les critères d'attribution de la prime, ils réclament pas plus de 1 000 f par personne

Ils sont soutenus par les intermittents du spectacle

Ils participent à des tables rondes organisées par le préfet

Les dossiers mentionnant des dettes sont directement transférés à la Banque de France, et la prime sert à renflouer les créanciers.

Paris - Jussieu

Collectif indépendant fonctionnant en A.G. quotidiennes à la fac de Jussieu, rassemblant 100 à 150 personnes (maxi : jusqu'à 400). Le choix de cet endroit c'est fait suite au blocus policier des différents lieux occupés auparavant).

Les A.G. sont non décisionnelles, ce sont des lieux de débats, (non cadrés, car ils fonctionnent sur le principe que le temps n'est pas compté) des idées en partent, appliquées par qui veut.

Ils refusent toute revendication : ils sont contre l'emploi ; ils ne sont pas tous contre un revenu.

Ils veulent arriver à la gratuité de la vie, et la mettent en pratique :

Les comités balades : par groupe de 25-30 personnes, tous les vendredi. Principe : ils partent en balade à travers la ville avec rien, pratiquent ´ l'auto-réduction (débarquer en masse dans des boîtes de photocopies, des supermarchés, restaurants... et s'inviter) et mènent des actions.

Manifs-dérision : pour se distinguer des autres dans les cortèges : slogans et banderoles ironiques (Sacrifions nos vies au Dieu Economie, Les syndicats sont nos amis, ils ne nous ont jamais trahis, 35 heures par jours, pas de salaire, et des heures supplémentaires...)

Opération Cash Converter : le mercredi 11 février, ils ont commencé à sortir sur le trottoir les objets en vente. Il y a eu intervention policière très violente (40 interpellations, 10 inculpations, 4 maintiens en détention)

Le jeudi 12, ils sont revenus sur les lieux pour tractage : 10 personnes ont été à nouveau arrêtées.

Les quatre inculpés du 11 février passent en procès le 26

Morlaix (17 000 habitants)

Collectif indépendant fonctionnant en A.G. quotidienne de 30 à 40 personnes, autour d'un noyau dur d'une quinzaine de personnes. Ils mènent des actions tous les deux jours (ex : Assedic, EDF...)

Début du mouvement le 13 janvier, par l'occupation de la mairie, qui a duré 3 semaines, et dont ils sont partis d'eux mêmes.

Ni AC ! ni la CGT ne sont présents à Morlaix

Ils ont des contacts avec des lycéens

Leurs revendications sont : RMI pour les moins de 25 ans ; Relèvement des minima sociaux ; Un emploi pour tous et toutes.

Pau

Collectif indépendant fonctionnant en AG décisionnelle tous les lundi soir

14 janvier : réunion appelée par AC ! La décision est prise de se constituer en assemblée générale souveraine. N'ont pas de local, mais peuvent disposer d'une salle municipale.

Occupations CCI (expulsés par les flics), CCAS (id.), Crédit Lyonnais, DDTE (action de dénonciation des CES), EDF Pau (action commune Tarbes-Pau, évacuée par les flics)

Action-débat Jospin le 21, dans le hall de la mairie, suivies d'actions vers la mairie et le siège du P.S

Une manif organisée le 24 par l'A.G. réunit de 300 à 350 personnes ; l'AG prend la tête du cortège de la manif du 27, avec accord des syndicats.

Depuis le 27 : recentrés sur la prime d'urgence (rencontres avec des salariés, des précaires, représentation à la commission de traitement des dossiers acquise lors de l'action à la DDASS avec Oloron...)

Projet d'un journal - tract

Le F.U.S 64 est épuisé, alors qu'il reste trente dossiers en souffrance.

Une marche venue de Bayonne passera par Pau vers le 23 février.

Evolution générale du mouvement : démobilisation.

La Roche Sur Yon (60 000 habitants)

Collectif de 15 à 30 personnes, qui occupent le local (inoccupé) d'AC ! à la Bourse du Travail

Il existe sur la Roche deux groupes (le premier regroupe des personnes indépendantes, le second s'appelle le PDI, et rassemble les associations). Ils mènent des actions simultanées, ce qui gène les interventions policières.

Leurs actions : occupation d'une antenne Assedic par trente personnes début janvier, du siège du PS, ils ont participé à des actions sur Nantes, ils ont fait des actions en direction de lycées, dans lesquels ils ont fait des cours d'économie (à des étudiants de BTS très intéressés)

Nantes

Collectif des Chômeurs -euses Actifs -ives et Solidaires, dans la Manu Oqp depuis quarante jours, se réunissant en A.G. quotidiennes.

Début du mouvement le 2 janvier à l'appel d'AC !, en pôle unitaire sur l'urgence sociale, de 40 à 50 personnes

Occupation du CCAS de Nantes, dégagée par les flics (7 mises en examen), après le départ de la CGT et d'AC !, partis occuper une antenne Assedic

Par la suite, partent occuper la Manufacture des Tabacs, sous l'appellation CCAS (pôle unificateur, pour lutte sociale et politique)

Multiplication des actions : Fnac, pour la culture pour tous, Crédit Lyonnais (réaction violente des flics : 14 personnes en gardes à vue, libérés le soir même suite à une manifestation devant le commissariat), EDF, Bourse, SNCF, centre social Malakof (occupation de 9 jours, création d'un collectif sur le quartier)

Liens avec les quartiers, la coordination lycéenne de Nantes, SOS Paysans.

Leurs revendications sont : Revenu garanti pour tous ; Relèvement des minima sociaux ; Aide d'urgence (prime de rattrapage).

Guingamp (6 000 habitants)

Collectif de 30-50 personnes indépendantes, soutenu par la CGT

Le 17 janvier : occupation de la mairie pendant un mois, dont ils sont partis de leur propre chef, après obtention d'un local

Actions : Lyonnaise des Eaux, Crédit Lyonnais, Huissiers, EDF, Centre social, dont actions simultanées avec d'autres villes de la coordination bretonne, et Saint Brieuc

Leurs revendications sont : Partage des richesse, avec ou sans travail ; Revenu dès 18 ans ; Relèvement des minima sociaux ; Transports gratuits ; Aide d'urgence

Deux collectifs ont présenté leur action le

lendemain matin : Cholet, et Paris/Barbès

Paris/Barbès

Occupation d'EDF Barbès avec CGT, CNT, AC !, DAL, Droits Devants, Les Verts, virés au bout de huit jours

Action Huissier

Cholet

Collectif indépendant d'une quinzaine de personnes, organisé en association l'ADEI (Association de Demandeurs d'Emploi Indépendants), fonctionnant en AG de 20 à 30 personnes

Ils ont campé devant les Assedic, avec AC !, la CGT

Leurs revendications sont : Relèvement des minima sociaux ; Du boulot pou tous ; Un revenu décent pour tous ; Contre la précarité dans le travail.

Fin de l'intermède vendredi matin,

revenons au jeudi après-midi :

Après la pause bien méritée, un débat général commença, sur les pourquoi et comment d'une coordination nationale.

Le premier sujet abordé était celui des revendications. A savoir l'intérêt et la possibilité de les unifier. Il en est ressorti qu'à l'heure actuelle, la diversité des collectifs et de leurs revendications ne permettrait pas d'arriver à un consensus national (des divergences sont apparues par exemple sur les thèmes travail et/ou revenu).

Tous les collectifs ont affiché la volonté de continuer la lutte, et ressentent le besoin de se coordonner. Suite au boycott médiatique, les collectifs se sentent isolés dans leur lutte, certains faisant remarquer qu'il ne faut rien attendre de la part des médias.

Un bon nombre de collectifs a la volonté de se démarquer des quatre organisations déclarées représentatives par le gouvernement (AC !, APEIS, CGT, MNCP)

On note que certains collectifs ont des craintes quant à l'avenir d'un mouvement maîtrisé par ces quatre organisations.

Des idées ont émergé : La période électorale est favorable à des actions plus dures; La lutte de tous les   Sans (sans domicile, sans papiers, sans emploi, sans droits) n'est qu'un seul et même combat.

L'idée d'un appel commun n'a pas été retenue.

Après le dîner, un débat de fond à b,tons rompus s'est engagé entre quelques acharnés.

Des idées ont été formulées, sans arriver à un consensus. En vrac : l'AMI, la taxation des marchés financiers, la nécessaire liaison ville campagne, la nécessité de faire la différence entre revendications d'urgence et revendications de fond, d'internationaliser les mots d'ordre, comment interpeller les gens, et quelques tentatives d'analyses des caractéristiques de ce mouvement...

Le vendredi 20 février

Action collage autour de la mairie (texte de réponse) suite à des accusations calomnieuses et diffamatoires portées par Jean-Marc Ayrault, Maire de Nantes, à l'encontre du CCAS.

11 h 30, reprise des débats sur la forme, après présentation de Cholet, et Barbès, voir plus haut

Il est apparu important de proposer un calendrier d'actions communes.

Nous avons tout d'abord retenu le 10 mars 1998

comme journée d'action nationale sur le thème du travail. La forme et le fonds des actions seront à décider localement ; les collectifs ayant des positions divergentes, leurs actions pourront être aussi différentes que contre le travail, réquisition d'emplois, dénonciation du travail précaire...).

Il apparaît important de renvoyer à chaque collectifs les tracts et comptes rendus des actions afin d'enrichir le débat de chacun sur ce thème, et particulièrement au collectif de Stasbourg qui réalisera et diffusera un Echo des Luths spécial sur le thème des actions travail du 10.

Pour exiger que cette correspondance soit gratuite auprès du service public de La Poste, nous proposons à tous les collectifs de faire une action dans ce sens le 14 mars 1998 au matin

(investir un bureau de Poste et réclamer la gratuité, s'assurer de la bonne réception par la suite)

Le 7 mars est l'occasion de mobiliser pour cette journée d'action. Certains collectifs ont l'intention d'apparaître de manière originale lors du 7 mars.


Le 26 février 1998,

5 personnes passant en procès (4 à Paris et 1 à Lille) suite à de sévères répressions du mouvement des chômeurs, nous avons choisi cette date pour organiser des actions de solidarité dans toute la France. Les inculpés préfèrent que la solidarité ne soit pas directement centrée sur leurs personnes mais que celle-ci s'inscrive de façon plus large dans la continuité du mouvement ; la meilleure aide qu'on puisse leur apporter passe plus par un renforcement du mouvement que par une solidarité classique. Pour faire le lien nous avons pensé qu'une journée ´ grands voleurs était pertinente, à savoir que les vrais voleurs sont plus tous ces milliardaires boursicoteurs, patrons et exploiteurs de tous poils qui s'enrichissent que ceux, toujours plus nombreux et toujours plus pauvres qu'ils contraignent à survivre d'une façon ou d'une autre.

De la même manière que pour la journée à propos du travail, un numéro de l'Echo des Luths sera réalisé sur la journée ´ grands voleurs , il sera réalisé par l'AG des chômeurs et précaires de Toulouse, essayez de nous faxer tracts et / ou compte rendu des actions au plus vite (nous n'avons pas accès au fax pendant le week-end, il vaut mieux faxer pendant la nuit ou téléphoner avant de faxer, préciser AG des chômeurs et précaires en lutte :

tel /fax 05 61 50 45 08, sinon fax 05 61 25 95 43) pour pouvoir le sortir vers le 1er mars.

On a estimé qu'il était important de mener des actions de solidarité vis à vis des chômeurs allemands qui devraient descendre dans la rue

le 5 mars 1998

comme ils l'avaient fait le mois dernier (40.000 manifestants et des actions similaires aux nôtres). La forme de cette solidarité se décide au niveau local comme pour les autres. Le consensus sur cette journée d'action était moins fort mais personne n'y a émis de réserves et un grands nombre des collectifs présent s'y engagerons.

Nous avons également discuté de la nécessité d'une communication plus importante entre nous. L'idée de têtes de pont régionales pour centraliser et rediffuser l'information à été discutée puis écartée même si des arrangements locaux et ponctuels sont possibles : il paraît évident de prendre en compte les réalités locales (temps, matériel disponible, trésorerie...).

Il nous a semblé plus sr de faire en sorte que chaque collectif communique avec tous les autres.

L'Echo des Luths est un autre moyen de communiquer, entre nous et avec les personnes que l'on souhaite toucher, ce journal représente également un palliatif de première importance quant au boycott médiatique dont nous faisons l'objet. Jusqu'ici réalisé à Nantes, le prochain sera réalisé à Toulouse et le suivant à Strasbourg. Il est important que ce travail soit tournant, cela représente beaucoup d'efforts et un tel outil ne doit pas être centralisé sur une ville en particulier.

Nous avons déterminé une autre date pour continuer la lutte :

la prochaine coordination nationale aura lieu

les 21 et 22 mars 1998

Les copains de Strasbourg se sont proposés pour l'organiser. La confirmation devrait nous parvenir bientôt, cependant il faut d'ores et déjà envisager des possibilités de repli au cas où ils n'en aient pas les moyens.

Le soir, nous sommes allés à une projection débat organisée par le tout nouveau comité Chiapas de Nantes, autour d'une vidéo réalisée par un copain de Strasbourg qui participait aux rencontres de la Manu, dans un bar associatif appelé ´ le local .

Le lendemain matin nous sommes partis en train (nous étions 13 et le contrôleur ne nous a même pas dressé d'amende) à Rennes ou était prévu une coordination régionale le matin et une manifestation régionale l'après-midi. Nous avons assisté à la coordination régionale, mangé le midi avec le collectif rennais et défilé l'après-midi (400 personnes selon les organisateurs, 1000 selon Radio-France Armorique).

Le retour s'est mieux passé que l'aller, les contrôleurs étaient plus sympas. Bien que n'étant que 4, nous n'avons été descendus qu'une fois du train, à Nantes. Cela nous a permis de profiter une nouvelle fois de l'hospitalité du CCAS : nous sommes repartis le ventre plein et arrivés sans encombre à Toulouse.

Nous avons passé un super week-end, à tous points de vue, et attendons avec impatience la prochaine rencontre, où nous espérons connaître encore plus de gens de toute la France et de toute l'Europe.

Bonne lutte à tous

pour l'AG des chômeurs et précaires en lutte :

Claudio, Grégoire, Matthias, Stéphane

 

Assemblée Générale des Chômeurs et Précaires en Lutte (Toulouse)

Permanences téléphoniques : 05 61 50 41 72 - De 12h à 14h : 05 61 53 30 75

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