TOUS ET TOUTES AVEC LES CHOMEURS ET LES PRECAIRES EN LUTTE
Extrait de "Fais Tourner" - Supplément Gratuit à la revue InfoSuds-17/01/97-Diffé à la manif du 17

Depuis quelques semaines, les chômeurs-euses et les précaires font enfin entendre leurs voix, depuis trop longtemps refoulées et méprisées. Leur mouvement est une bouffée d'air pur pour toute la société, et remet de l'oxygène dans la vie de millions de personnes aujourd'hui touchées par la précarité. Ils replacent au centre du débat les vraies préoccupations de la population : chômage, précarité, logement, absence d'avenir pour des générations entières, surexploitation, envie de mieux-être social. C'est pourquoi leur mouvement nous concerne, car tout le monde est maintenant touché par cette logique économique mondialiste que l'on voudrait implacable, qui remet carrément en cause nos droits à l'existence, et qui, du Nord au Sud laisse sur le carreau des millions de personnes, cette logique qui atomise, divise à tour de bras entre avec papier et Sans Papiers, avec et Sans travail, avec et Sans logement, avec et Sans Droits, cette logique qui voudrait faire disparaître tous ceux et celles qui ne rentrent plus dans leur schémas d'exploitation.

A travers les occupations, les actions, les manifestations, les chômeurs-euses et précaires ont montré leur refus de la charité et de l'assistanat. La question centrale aujourd'hui est celle des revenus, car avec ou sans travail, il nous faut bien vivre. Le relèvement des minimas sociaux ou l'imposition d'un revenu minimum garanti pour tous égal au SMIC, tirerait vers le haut tous les salarié-es et précaires. Qui voudrait faire caisière, distributeur de prospectus ou CES pour 2OOOF/mois si le minima social est au SMIC ?

Les revendications des chômeurs sont justes et il appartient à tout le monde, salarié-e, précaire, jeune scolarisé, étudiant de les faire aboutir. Car ce mouvement porte en lui une rupture nette avec la pensée économique unique et son &laqno;réalisme» morbide que rabâchent tous les gouvernements au pouvoir depuis 15 ans et qui nous impose cette vie de misère.

Le plein emploi est mort ! Paix a son âme

Si l'on peut comprendre, que, pour des générations qui ont toujours eu comme valeur centrale le travail, l'illusion du &laqno;Plein-Emploi» perdure, les générations nées avec la crise ou ayant vécu avec cellle-ci, les précaires et les chômeurs-euses en ont fait leur deuil depuis longtemps.

Nous n'allons pas regretter de ne pas alller bosser 60h /semaine dans des boulots débiles qui ne servent qu'à faire des profits et crever à 50 balais de maladies professionnelles sans avoir vu grandir ses gosses... Nous savons que dans le cadre de ce système, le chômage ne peut être résolu, que c'est une nécessité pour le capital. C'est dans un changement de société recentrant le droit à l'existence comme droit fondamental, partant des besoins à satisfaire (eau, électricité, logement, culture, santé, etc...). Dans ce cadre là le travail tel qu'il a existé, ne pourra plus être. Il n'est plus possible de supporter la dictature de l'économie sur nos vies C'est pourquoi aujourd'hui c'est toute l'organisation sociale qu'il faut s'atteler à changer ! Notre survie en dépend. L'automatisation, l'électronique, permettraient une réèlle démocratie participative, les richesses existent, les entreprises et les bourses et les spéculateurs multiplient les profits de manière indécente alors que nous crevons la gueule ouverte.

gauche plurielle, droite singulière

Le mouvement attendait de ce gouvernement de la gauche plurielle PS/PC/Verts qu'il fasse une politique défendant les intérêts des chômeurs. On a pu s'apercevoir que ce n'était pas le cas. La seule réponse qu'a eu Jospin a été d'envoyer les flics vider les manifestants. Ils n'ont aucune autre réponse à apporter aux mouvements sociaux : dans les quartiers ou les ANPE c'est la répression qui est choisie. Contre les Sans-Papiers, c'est encore la voie de la matraque, des expulsions et des contrôles au faciès qui fait force de loi. Celle qui caresse l'électorat frontiste dans le sens du poil (délinquance des mineurs, polices municipales, banlieues...) N'ayons aucune illusion, la gauche plurielle est aujourd'hui une droite singulière, et ils feront tout pour gérer les conflits au mieux des intérêts des patrons.(et de leurs propres intérêts...) Nous n'avons rien à attendre de bon de ce gouvernement, ce que nous gagnerons, nous lui arracherons. Nos droits sont encore à construire !

Les élections régionales approchent et l'on peut penser que les organisations de la majorité gouvernementales, vont tenter de calmer l'incendie qui couve. C'est à nous tous-tes d'être vigilant-es dans nos luttes et à ne pas laisser les professionnels de la politique nous représenter et négocier à notre place. Les chômeurs en lutte ont clairement affirmé leur volonté d'un mouvement démocratique, auto-représenté, sous la tutelle d'Assemblées Générales souveraines et démocratiques, avec des délégués mandatés et révocables à tout moment. En tant que chômeurs-précaires, on s'est fait assez souvent baiser pour que notre exigence démocratique soit à la hauteur de l'ambition de notre mouvement.

Car si tout le monde reconnaît le travail précurseur fait par les associations (syndicales ou pas) jusqu'à présent (CGT, TO7, CEPA, AC..), et la nécessité de les construire durablement, le mouvement social large continue de se construire, dans la nécessaire participation à un rapport de forces global, qui dépasse aujourd'hui les associations. et implique de plus en plus de monde. Des Assemblées Générales de lutte ont lieu tous les jours, nous vous invitons à les rejoindre.

Il n'y a aujourd'hui d'espoir que dans le mouvement social d'ensemble, C'est maintenant à nous tous et toutes de remplir ces objectifs. Tous ensemble.

YAN - Toulouse, le 17/01/98

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