Kosovo: la purification ethnique toujours en marche

apres le desastre en bosnie, une fois de plus la &laqno;communauté internationale» se trouve du côté du manche... un manche raciste et fasciste, milosevic, avec lequel s'accomode bien nos gouvernants...
Vu de suisse, quelques éléments pour comprendre une situation qu'ils voudraient bien incompréhensible...

Rattachée à la Serbie en 1912 lors de la Conférence de Londres, le Kosovo est aujourd'hui peuplé par plus de 90 % d'Albanais. Cette région a été soumise à une répression constante, plus ou moins intense, jusqu'à nos jours. En 1989, Milosevic supprime l'autonomie accordée au Kosovo par Tito en 1974, ce qui déclenche la guerre en ex-Yougoslavie, guerre au cours de laquelle son régime participera aux atrocités que nous connaissons, notamment en Bosnie.

Au cours de ces dix dernières années, la résistance du peuple albanais s'est délibérément voulue pacifiste face à l'occupation serbe (licenciements massifs d'ouvriers, emprisonnements, tortures et assassinats). Mais cette lutte pacifique n'a jamais rencontré le soutien de la communauté internationale. Cette communauté internationale, qui a laissé Milosevic et ses alliés procéder aux nettoyages éthniques sanglants en Bosnie, a ignoré le problème kosovar lors des accords de Dayton de 1995, sous prétexte qu'il ne s'agissait pas d'un Etat indépendant. A ce jour, elle ne s'est pas encore déterminée à intervenir par la force et se limite à élever des protestations face au drame que les mêmes criminels répètent au Kosovo : des milliers de personnes torturées, violées ou assassinées, 300'000 personnes déplacées, dont des dizaines de milliers réfugiées dans les forêts et les montagnes, plus de 200 villages pillés, rasés et brûlés, selon la technique dite de la peau de Léopard, déjà pratiquée du temps de l'Apartheid en Afrique du Sud et récemment en Bosnie, et qui exclut le retour des réfugiés avant bien des années.

Les relations diplomatiques et économiques avec la Serbie sont maintenues et la Suisse, qui n'a pas dénoncé l'inique "accord de réadmission" signé au printemps 1997 avec l'actuel ministre serbe de l'Intérieur, responsable direct des atrocités commises au Kosovo, est le seul pays d'Europe avec la Grèce qui accepte encore l'atterrissage sur son territoire d'avions de la compagnie serbe JAT. Tout rappelle l'attitude politique des nations européennes face à Hitler, notamment lors des accords de Munich d'il y a 60 ans. Comme le peuple allemand d'alors, le peuple serbe vit aujourd'hui sous un régime autoritaire qui contrôle et manipule les moyens d'information et les sentiments nationalistes, faisant taire les voix discordantes. La question ne se limite pas à connaître le nombre de réfugiés kosovars qui frappent à notre porte et combien cela va coûter. Elle est plutôt de rappeler que lorsque rien n'est fait pour empêcher le massacre de populations civiles, le corollaire inéluctable et prévisible est que ces populations n'ont d'autre choix que de s'enfuir pour survivre et de se réfugier là où elle ont de la famille et des amis.

QUE FAIRE ? Agir contre l'horreur

Les massacres et la politique de la terre brûlée, pratiquée par le régime serbe, doivent cesser immédiatement, et par tous les moyens. Il faut que le gouvernement suisse applique le boycott économique décidé par l'Europe, qu'elle adhère au boycott de la JAT, comme l'ont fait tous les autres Etats européens, à l'exception de la Grèce. Seule une opinion publique informée et mobilisée peut pousser nos autorités à agir. Si la communauté internationale n'impose pas au régime de Belgrade le libre accès des Organisations humanitaires gouvernementales et non gouvernementales au Kosovo, des dizaines de milliers de personnes vont mourir de faim et de froid dans l'immédiat. Ces organisations sont pourtant prêtes à intervenir et disposent de moyens sufisants. Il faut poursuivre devant les tribunaux internationaux Milosevic et tous les responsables d'une guerre menée ouvertement au nom de principes tirés de "Mein Kampf" (Cf le programme du vice-Premier ministre serbe, Seselj, dans lequel l'élimination de la population albanaise au Kosovo et son remplacement par une population serbe sont planifiés.). Il faut se solidariser avec les Kosovars qui vivent chez nous

La Suisse doit immédiatement dénoncer "l'accord de réadmission" passé avec le régime de Belgrade, en vertu duquel nos autorités remettent des Kosovars à leurs bourreaux. L'arrivée en Suisse d'un nombre important de nouveaux réfugiés kosovars est la conséquence directe du laisser-faire et de l'attitude complaisante de la Communauté internationale à l'égard du régime de Milosevic. Ceux qui ont fui l'horreur au Kosovo méritent un autre accueil ! La Suisse a les moyens suffisants pour les recevoir dignement. Les autorités fédérales et cantonales ont l'obligation de tout entreprendre pour organiser cet accueil en collaborant avec les organismes privés et les réseaux de solidarité. Il faut combattre la précarité en leur offrant un minimum de garanties et en leur accordant en tant que "réfugiés de guerre et de la violence" l'admission provisoire, comme c'était le cas pour les réfugiés de Somalie et de Bosnie. L'AGRESSEUR EST CONNU, LES VICTIMES AUSSI : LES AUTORITÉS, LES ASSOCIATIONS, CHACUNE ET CHACUN D'ENTRE-NOUS DOIVENT TENIR UN DISCOURS CLAIR ET AGIR EN CONSÉQUENCE.

Plateforme Solidarité Genève-Kosovo Tel (22) 342.54.97, Fax (22) 342.97.35 10 octobre 1998