FRANCE SOCIALISTE ...

TOUT DEVIENT POSSIBLE !

Lan dernier, dans plusieurs universits de France (Toulouse Le Mirail, Paris X Nanterre, Paris VIII Saint-Denis, Nantes, Lille, Dijon, Amiens, Rennes) sest droul un mouvement pour la rgularisation des tudiants sans papiers. Ces derniers, lasss de vivre dans la prcarit permanente, obligs de bosser au noir pour vivre et payer leurs tudes, de se cacher pour viter les contrles de flics synonymes dexpulsion du territoire, ont dcid de sorganiser et de lutter pour obtenir le droit lmentaire de vivre et dՎtudier en paix. Les sans papiers, trs prsents dans les mdias lors des lections lgislatives de 1997 et larrive dun gouvernement dit de gauche au pouvoir, taient peu peu tombs dans loubli. La gche plurielle, aprs avoir stratgiquement rgularis un sans papiers sur deux, a utilis le noyautage et la rpression policire systmatique contre les nombreux collectifs qui continuent lutter depuis. Le mouvement des tudiants sans papiers a t ce titre rvlateur du vrai visage de cette gauche . Ainsi, face aux manifs et aux occupations qui se multipliaient sur les campus (Lille, Paris, Toulouse ) le pouvoir dit socialiste, nayant pas russi contrler la colre des tudiants sans papiers par ses syndicats maison (UNEF, UNEF-ID), na pas hsit rprimer violemment la rvolte. De la gauche caviar, gestionnaire (du capital), on est donc pass la gauche scuritaire et fascisante, en faire saliver tous les Pasqua, Pinochet et Le Pen de la terre. En 1996, Debr avait envoy les flics dans les glises, en 2000 Chevnement les envoient dans les facs (entre autres)! Pour ce faire, Jospin et Chevnement ont trouv avec les prsidents duniversits des allis efficaces dans leur entreprise. Ainsi Legrand (prsident de Nanterre, Parti Socialiste), Gaignard (prsident de Toulouse Le Mirail, Parti Socialiste), Fabre (prsident de Paris VIII St Denis, Parti Communiste) et les autres, loin de soutenir les sans papiers dans leur combat ont accueilli la police bras ouverts sur leur campus pour faire vacuer les collectifs en lutte. Ces vacuations violentes se sont parfois soldes par des mises en examen de sans papiers ou de soutiens. A chaque fois les raisons invoques taient le respect de la loi dmocratique, la volont dՎviter le trouble lordre public ou dempcher les violences au sein de luniversit, lieu de savoir, desprit critique, de respect et duniversalit bla, bla, bla La palme du cynisme et de la bouffonnerie revenient quand mme Romain Gaignard (prsident du Mirail) qui, justifiant lautorisation quil avait donne aux flics dintervenir sur la fac contre des tudiants en lutte, prtendait avoir agi au nom de la libre expression, de la libre circulation, du respect et de la tolrance. Depuis ces vacuations, plusieurs de ces dirigeants duniversit ont lev les franchises qui empchaient les flics dentrer sur les campus sans leur autorisation. Ils peuvent dsormais y entrer quand ils veulent pour y faire rgner lordre et la scurit. Au secours ! SILENCE, ON EXPULSE Il faut rappeler que les instances universitaires portent une large responsabilit dans la dgradation des conditions de vie des tudiants trangers. Elles ont accept sans broncher toutes les lois et circulaires mises en place depuis 20 ans, restreignant chaque fois un peu plus leurs droits. La plus scandaleuse fut la circulaire Sauv-Marchand dicte par le gouvernement Cresson en 1991 qui autorise les prfectures contrler le srieux et la ralit des tudes des tudiants trangers. En clair, cela permet aux prfets de faire leur boulot de flicage des tudiants, sans tenir compte des avis pdagogiques des profs, des difficults ou des dsirs de rorientation de lՎtudiant, et de prendre des mesures dexpulsion du territoire pour nombre dentre eux. Tout ceci nest possible que grce la passivit des diffrents prsidents et profs duniversits. De surcrot, les administrations des facs prennent elles-mmes les devants en refusant linscription de certains tudiants sous prtexte de non-respect des procdures dinscription, prtexte qui masquent trs mal les discriminations racistes envers certains tudiants (africains notamment). Les diffrents retards ou refus dinscription entranent dailleurs la plupart du temps la clandestinisation de ces tudiants une fois que leurs visas arrivent expiration (cf. Nanterre). Alors comment sՎtonner que tous ces braves petits soldats du roi Jospin, que tous ces Gaignard, Legrand, Fabre et autres fassent du zle et se transforment en parfait petits flics (comme le doyen Grappin en dautres temps) et obligent, par leur cynisme, plusieurs dizaines de leurs tudiants trangers travailler au noir et dormir dans des foyers durgence ou mme dans la rue parfois ? Comment sՎtonner quils deviennent de plus en plus des petits patrons gestionnaires de main duvre tudiante (en attendant que les facs soient privatises) et fassent eux-mmes le tri parmi les tudiants trangers pour ne garder que les tudiants solvables ? Autrement dit, ceux qui pourront, par leurs travaux, aider mieux piller les richesses du Tiers-Monde et assurer de gros profits la France dans la comptition capitaliste mondiale (cest dailleurs exactement dans cette esprit qua t cre lagence EDUFRANCE par Claude Allgre en 1998, dont la philosophie est clairement du no-colonialisme culturel). Et comment ne pas vomir quand on voit quun vice-prsident duniversit, ancien gauchiste des annes 70, signe des ptitions dans Libration exigeant avec force la rgularisation immdiate de tous les tudiants sans papiers alors quen priv, face ces mmes tudiants, il leur conseille de rentrer dans leur pays pour respecter les lois rpublicaines et parce que la France ne peut pas accueillir toute la misre des pays maghrbins ? Au final, ignor par les mdias et trs peu suivi par les tudiants, le mouvement des tudiants sans-papiers sest teint avant lՎt 2000 et la lassitude aidant, na pas repris la rentre dernire. Les ministres et les prsidents duniversits ont, en face, pris leurs dispositions pour restreindre encore plus les possibilits dinscriptions des tudiants trangers non solvables et peu rentables. Les prfectures, quant elles, restent sur leurs positions de refus de rgularisations et essaient dacclrer les expulsions. Voil o on en est aujourdhui. Pour finir, un petit message pour les sans papiers (tudiants ou non) : la campagne lectorale pour les municipales va commencer, les promesses de rgularisation et autres vont pleuvoir. A Toulouse, comme partout, les sans papiers vont tre courtiss par tout ce que la gauche et lextrme gauche comptent de menteurs et de dmagogues. Alors, aujourdhui comme hier, ami sans-papiers, souviens-toi bien que les rgularisations ne se mendient ou ne se ngocient pas, elles sarrachent par la lutte !

Antoine, janvier 2001


EXPULSIONS = ASSASSINATS

recueil de textes sur la lutte des sans papiers