Vouloir ameliorer ou agrandir une cage, c'est l'inverse de vouloir la detruire...

A l'aube du 3° millenaire, la lutte des prisonnier(e)s pour la dignite, continue plus que jamais dans les prisons d'Europe et d'ailleurs... Pour tous ceux qui luttent contre le systeme actuel, qui refusent de se plier à ses regles ou à ses normes, la repression et la prison restent un probleme permanent et dangereux. La repression a amenage les prisons pour isoler ceux/celles qui transgressent les regles du pouvoir ou qui le defient, se donnant les moyens de s'occuper au cas par cas de chaque rebelle, revolutionnaire, "inadapte" ou transgresseur. A l'abri du regard de la societe civile, derriere ses murs, la penitentiaire invente des methodes pour faire taire les prisonnier(e)s rebelles, de plus en plus savantes et de plus en plus sophistiquees. A l'heure des guerres avec des "frappes chiurgicales", l'isolement appelle aussi "torture blanche" a ete cree pour tou(-te)s les prisonnier(e)s qui refusent de se soumettre. Contre cette logique d'extermination les prisonnier(e)s continuent de lutter avec les moyens dont ils disposent. "La prison n'est pas seulement les consequences d'un systeme injuste, mais surtout un des piliers sur lequel repose l'etat. A petite echelle, c'est la representation la plus cruelle de la societe, une societe que l'etat a emprisonnee pour mieux la contrôler. On respire le carceral à tous les niveaux, dans les usines, dans les ecoles, dans les rues, même dans nos propres pensees. C'est pour cela que la lutte contre l'Institution Penitentiaire est une lutte qui concerne tout le monde et le point de depart d'une activite permanente contre le systeme dans sa totalite. Ceci est l'objectif que nous avons, etant donne qu'être detenu(e) veut dire, ne pas être adapte(e) aux regles du "jeu" qu'une fausse democratie nous impose. Croire à la revolution est peut-être passe de mode, n'empêche que je continue à avancer dans ce sens, dans le present ici et maintenant par notre capacite à repondre au Pouvoir." (C. Lavazza, prisonnier anarchiste italien, detenu en isolement en Espagne)

En Espagne, depuis la fin de l'annee 1999, les prisonniers en isolement denommes FIES, tentent de construire une lutte collective contre l'enfermement avec 3 revendications: l'abolition de l'isolement, l'arrêt de la dispersion, la liberation des prisonniers atteints de maladies incurables en phase terminale. En mars, une premiere action collective avait abouti à un refus de sortir de 4 jours (comme les 4 murs d'une cellule) de quelques centaines de prisonniers; en juillet, une seconde action consista à refuser de sortir de cellule durant 7 jours, action assortie d'un jeûne de deux jours. Au 1er decembre dernier, une cinquantaine de prisonnier(e)s en isolement se sont mis en greve de la faim jusqu'au 1er janvier 2001, soutenus par different(e)s detenu(e)s avec des actions comme le refus de plateau, refus de sortir, denuement total, se coudre les levres, etc. De l'exterieur, plusieurs manifs et actes de sabotages d'entreprises participant à l'exploitation des prisonnier(e)s ont eu lieu tout au long de l'annee, il ya eu des manifs de solidarite avec la lutte des prisonnier(e)s le 31 decembre 2000 devant diverses prisons espagnoles.

En Turquie, le 20 oct 2000, une centaine de prisonnier(e)s politiques entamaient une greve de la faim illimitee, contre le nouveau pojet de reforme des prisons de l'etat turc. La Turquie compte 80 000 personnes incarcerees, dont 10 000 prisonnier(e)s politiques. Sous pretexte de s'aligner sur les normes europeennes, l'etat turc veut remplacer les prisons actuelles (amenagees en dortoir collectifs de 40 à 60 personnes, permettant aux detenu(e)s de developper des pratiques communautaires et solidaires face à la repression) en regime cellulaire avec l'instauration de cellules "F" (cellules d'isolement total et sensoriel de 2m sur 3m, calquees sur celles utilisees en Allemagne à l'encontre des militant(e)s de la R.A.F). Pour montrer son programme de reforme sous un jour plus humaniste, l'etat turc compte liberer 30 000 detenu(e)s, pour mieux s'occuper des restants. Face à cela, les prisonnier(e)s politiques commencerent un "jeûne de la mort" le 20 novembre 2000, soutenus tres vite par plus de 2 000 prisonnier(e)s en greve de la faim. Le 19 decembre, les unites speciales de la police et l'armee prenaient d'assaut 20 prisons insurgees, en detruisant certaines avec des pelleteuses pour deloger les mutin(e)s, en utilisant des grenades lacrymos et aveuglantes dans les cellules. L'assaut se soldera par la mort de 35 detenu(e)s, des centaines envoyes à l'hôpital, plus de 500 transferes en isolement dans les cellules "F". Au 28 janvier, disperses entre les hopitaux et les cellules d'isolement, il y a encore 389 prisonnier(e)s en greve de la faim. Diverses manifestations dans la rue eurent lieu contre le projet de reforme des prisons, et furent durement reprimees par la police, occasionnant l'arrestation de pres de 2 000 personnes dont 200 sont encore incarcerees.

En France, depuis le 30 septembre 2000, les prisonniers politiques bretons se relaient dans une greve de la faim pour leur regroupement et leur rapprochement de la Bretagne. Le 16 novembre 2000, les prisonniers politiques corses detenus à La Sante, entamaient une greve de la faim pour être regroupes et rapatries en Corse. Du 27 novembre au 3 decembre, les prisonnier(e)s politiques basques ont agi de differentes maniere dans les prisons de Bapaume, Fleury, La Sante, Villepinte, Toul...pour être regroupes, pour protester contre l'isolement et pour être ramenes au Pays basque. Le 28 septembre, Eric Minetto ayant accompli 20 ans jour pour jour (soit la totalite de sa peine), et ayant vu sa remise en liberte refusee pour la 4eme fois en 5 ans, entama une greve de la faim dans la prison de Lannemezan, soutenu par plusieurs prisonniers qui refuserent leur plateau repas plusieurs jours d'affilee. Il fut transfere à Arles un mois plus tard, où les detenus se solidariserent avec sa lutte en refusant leur repas. Suite à divers mouvements de protestation contre les longues peines et l'injustice carcerale à Lannemezan, et apres deux interventions des gardes mobiles mi-novembre dans la cour de la prison, 6 detenus furent transferes le 22 novembre dans diverses centrales pour "mauvaise influence".

Parmi eux, Jean-Marc Rouillan, prisonnier d'Action Directe, fut transfere en isolement à Fresnes. Depuis il a entame une greve de la faim, pour protester contre l'isolement et pour obtenir un rapprochement de sa ville natale (Toulouse). Entamant bientôt sa quinzieme annee de detention (dont de nombreuses en isolement), il en etait au 29 janvier, à son 47eme jour de greve de la faim. Solidairement contre ces mesures d'isolement, Nathalie Menigon et Joëlle Aubron (prisonnieres d'Action Directe) se sont relayees dans une greve de la faim. Depuis le 8 janvier, J. Aubron est en grêve de la faim. Jean-Marc Rouillan, lui, vient d'être transfere à Arles. A l'heure où certains nous baratinent pour obtenir la liberation de l'infâme Papon, responsable de beaucoup de morts, les medias se taisent sur le sort et la lutte des prisonnier(e)s. Les prisons ne font pas parti d'un "autre monde", elles ne sont que le prolongement de la repression.

Solidarite avec les prisonnier(e)s en lutte !!!

Nick Lazonz

 

Lettre d'un DPS (detenu particulierement surveille)

Salut, Cela fait dix ans dejà que je suis arrive en Espagne...