1976 : alors que le journaliste Dominique Baudis (actuel maire de Toulouse) collabore à la voix de la France en présentant la propagande officielle télévisée, une étrange 4L sillonne les coteaux toulousains de Pech David. A son bord, quelques "techniciens pirates" diffusent de la contre information : barbe Rouge parle ! L'une des premières radios pirates de France, malgré les saisies et les poursuites, est déterminée à concrétiser le droit d'expression démocratisant la bande FM. Suite à la restriction de ce monopole d'Etat, l'équipe de Barbe Rouge décide de se déclarer en association à but non lucratif dès le 21 juillet 1981 : radio Canal Sud est née ! La cohérence de son projet est immédiatement garantie par l'application d'une charte : indépendance totale, pluralisme laïcité, auto-organisation, démocratie directe, engagement contre l'exploitation et contre l'oppression raciste et sexiste. Ces principes, toujours en vigueur, ont permis à Canal Sud de développer une expériences médiatique originale. Tout d'abord ouverte par son fonctionnement, chaque membre disposant d'une totale liberté d'expression et gèrant entièrement ses émissions tout en respectant la rigueur des informations délivrées. Chacun est également convié à donner son avis et à débattre lors des assemblées décisionnelles, à participer à l'ensemble des activités de maintenance de la station, à enrichir le réseau Canal Sud, par ses compétences et ses contacts, à contribuer à l'amélioration du projet collectif ouvert à tout les passionnés de radio libre, qu'ils soient néophytes ou confirmés. Cette implication des énergies permet ensuite de surmonter la faiblesse des financements de la radio ; son budget global de 215000 Frs en 1996 est composé à 56% du Fonds de Soutien à l'Expression Radiophonique, à 29% d'autres subventions publiques et à 15% de ressources propres. Canal Sud est donc toujours confronté au problème de ses investissements vitaux, ne serait-ce que par le renouvellement du matériel ou par la stabilisation de l'équipe des permanents, présente les jours ouvrables de 10 H à 14 H et de 17 h à 20H.
QUAND LE FONDS DETERMINE LA FORME
Malgré toutes ces difficultés, Canal Sud développe une programmation complètement réalisée sur place (à part 1 ou 2 h hebdomadaires d'échange d'émission) à travers 45 émissions réunissant plus de 200 producteurs chaque semaine. Les diffusions de jour (entre 9H et 24H) sont effectuées aux 3/4 en direct. Celles de nuits sont composées par les k7 d'animation des producteurs. La programmation en direct s'équilibre entre les émissions musicales (45%), politiques et sociales (20,5%), communautaires (20,5%), artistiques (8,5%) et celles proposées par des jeunes scolaires (5,5%). Enfin, Canal Sud agit dans de nombreux autres domaines, en assurant des formations radio (technique, régie productions de créations, journalisme associatif), en stimulant des projets éducatifs envers un public d'enfants et d'adolescents et en impulsant des projets culturels : avec sa galerie d'arts plastiques (vernissage tout les 1er vendredi du mois), ses concerts, ses conférences-débats, les campagnes de sensibilisation (toxicomanie, sida, alphabétisation...), la promotion de festivals locaux et nationaux... Canal Sud est aussi à l'origine de la 1ère nuit des radios libres de juin 1988, permet l'accueil dans ses locaux d'une quinzaine d'associations (dont Infosuds depuis 5 ans) et s'adonne depuis peu à des échanges sur internet. L'ensemble de ces initiatives démontre le rôle primordial que peut jouer une radio réellement libre au sein d'une population assommée par la pensée unique. Ce média de proximité, en lien quotidien avec les réalités sociales sur le terrain et façonné par des non professionnels, est l'une des garanties essentielles de l'indépendance de l'information.
C'est ce à quoi participe Canal Sud depuis plus de 20 ans.
Téka
Site Web : http://www.worldnet.net/~canalsud
EMAIL : canalsud@wordnet.fr