Les centrales françaises vieillissent, la sûreté se dégrade. Erreurs humaines et troubles du comportement deviennent fréquents.
La course au rendement et la précarisation de la maintenance rendent certain un accident nucléaire majeur.

 

 

 
FRIC, MENSONGE ET NUCLEAIRE

La France a le triste privilège d'être le pays le plus nucléarisé du monde. Une société nucléaire est forcément policière et militaire : origine militaire, centralisation des capitaux nécessitée par les investissements colossaux, centralisation de la distribution, opacité totale des prises de décision, contrôle de la population et de l'information pour dissimuler les risques.

Les exemples de désinformation sont nombreux. Le nucléaire serait indispensable à l'approvisionnement énergétique de la France; c'est faux! A part la Corée du Nord et la Chine tous les pays gèlent ou démantèlent leur parc de centrales. En France, une centrale sur cinq produit pour l'exportation. Toutes les études montrent qu'il serait possible de supprimer le nucléaire en France en 15 ans. L'électricité d'origine nucléaire serait peu chère; c'est faux! Les coûts réels sont de trois à quatre fois supérieurs à celui du gaz ou de l'hydroélectrique. La filière du combustible serait parfaitement maîtrisée; c'est faux! Des centaines de milliers de tonnes de déchets s'accumulent, certains hautement dangereux pour des milliers d'années à venir. Et on propose de les enfouir après avoir commencé à les balancer au fond des océans. Un cadeau sous forme de bombe à retardement pour les générations futures. Les installations nucléaire seraient sans danger pour la population; c'est faux! Une enquête récente a montré qu'autour de la Hague, les risques de leucémie infantile sont trois fois plus élevés qu'ailleurs. Les centrales nucléaires françaises seraient parfaitement sûres; c'est faux! Les incidents se multiplient, la sûreté se dégrade.

LES NOMADES DE L'ATOME

Une fois par an, EDF stoppe tour à tour de Mars à Octobre les 55 réacteurs nucléaires à eau pressurisée pour effectuer les travaux de maintenance. C'est l'arrêt de tranche. Depuis 1989, EDF recourt massivement à la sous-traitance. Environ 1500 entreprises plus ou moins liées à la Lyonnaise des eaux-Dumez et Alcatel-Alsthom emploient 22000 chaudronniers, électriciens, décontaminateurs, etc... EDF sous-traite le risque radiologique. Ces nomades de l'atome encaissent 80% des radiations supportées par l'ensemble du personnel travaillant en centrales nucléaires. L'exposition aux rayonnements est ainsi diluée sur une population où l'excès de cancers ne peut être repéré statistiquement, d'autant que le suivi médical est quasi nul. Lorsqu'il y a un mort, les entreprises de sous traitance qui l'employaient mettent la clé sous la porte et EDF s'en lave les mains.

Pour raison de rentabilité, EDF a ramené de huit à dix semaines la durée des arrêts de tranche, car chaque jour d'arrêt fait perdre 3 millions de francs. Conséquence, les intermittents de l'atome subissent des conditions de travail qui les obligent à composer avec leur propre sécurité et aussi avec la sûreté : travail bâclé, réparations bricolées, canettes de bière et boîte à outils qui tombent dans les canalisations ou dans la piscine du réacteur... Comme le contrôle est aussi sous-traité, si le contrôleur proteste, il est remplacé par un autre moins regardant.

REGARDE LES HOMMES PLEURER

La conséquence de cette précarisation de la maintenance est une multiplication des incidents dans des enceintes où la sûreté devrait être parfaite. Les agents permanents d'EDF ayant la preuve qu'il est possible de dissimuler des travaux non-faits ou mal faits et que la sûreté des installations n'est plus assurée, ils sont sans arrêt dans l'angoisse d'un accident majeur, ce qui entraîne des troubles psychopathologiques aigus sur le site de travail; effondrements en pleurs, crises de tremblements incoercibles, tics incontrôlables, violences physiques... Les services médicaux des centrales se transforment en services d'urgence psychiatrique et les rapports alarmistes se multiplient.

Jusqu'à quand ?

Sam

Source : Science et avenir Avril 1997

Association d'aide aux victimes de maladies professionnelles radio-induites :
MANES, 4, rue Denlevent 26700 Pierrelatte Tèl:04.75.04.11.61

 



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