AMNESTIE SANITAIRE

AMNESIE SALUTAIRE

La décision de Kouchner, d'enfin stopper la vaccination à l'Hépatite B, relance le débat, et au delà tous les doutes bien naturels qui en découlent. Tout en affirmant qu'il n'y a pas de risques sanitaires prouvés, on reconnaît néanmoins la survenue de scléroses en plaques et de troubles neurologiques chez de nombreux cas. De plus certains de ces cas, ont fait l'objet d'une indemnisation de la DDASS en échange du silence judiciaire des victimes. Cela fait pourtant de nombreux mois que l'on connaît ces cas, mais une fois de plus, le principe de précaution n'est pas appliqué. En attendant d'autres résultats épidémiologiques, ce principe aurait voulu que l'on stoppe la vaccination, d'autant plus que les enjeux sanitaires autour des hépatites restent encore mal définis. Après avoir laissé les usagers de drogues par voie intraveineuse se contaminer allègrement (80% des usagers porteurs de l'hépatite C), faute de politique de réduction des risques et de données médicales précises; on s'est empressé d'en faire un enjeu de santé publique (ce qu'elles sont), mais un peu n'importe comment, le transformant en enjeu privé. Ce sont les implications sanitaires de ces choix économiques au travers de quelques exemples qui sont traitées ici.

 

Les hépatites, enjeu majeur de santé publique

Qui sont-elles ?

En France, plus de 600 000 personnes en sont atteintes. 10 % seulement des personnes contaminées ont effectué un dépistage. ll existe 5 hépatites, dont 3 très répandues : la A, B et C.

L'HEPATITE C

La C se transmet par le sang et le sperme, ce qui explique la contamination toxicomane. Il existe un traitement (Interféron), lourd, efficace seulement à 50 %. De plus, comme pour le SIDA, de nombreux transfusés ont été contaminés. Il n'existe pas de vaccin.

L' HEPATITE A

La A, est l'hépatite &laqno;du voyageur», transmise par les aliments ou les boissons, et par voie orale, courante dans le Tiers Monde, rare ici. Un vaccin (inefficace?) existe. La guérison est souvent spontanée.

L'HEPATITE B

La B, se transmet par voie sexuelle et sanguine. Il existe des traitements, si elle devient chronique. C'est contre celle-ci qu'a été lancée une campagne de vaccination, touchant beaucoup de jeunes (tranches des 11/15 ans, vaccinations dans les collèges), les personnes dites à risques (usagers de drogues, personnel médical, intervenants toxicos...). L'efficacité du vaccin n'est démontrée qu'à 40%, et il semble que cela n'était pas vraiment une priorité de santé, tant d'un point de vue strictement médical (absence de données précises à ce moment là, évaluation du vaccin difficile, ciblage imprécis...) que financier (coût exhorbitant pour la Sécu). Dans les 10 ans qui viennent de nombreuses personnes à la suite de celles- ci vont contracter un cancer du foie ou une cirrhose, et cela risque d'être une catastrophe sanitaire.

une mobilisation innefficace?

Malgré tout la campagne de vaccination de masse est lancée, sans que l'on connaisse les effets secondaires du vaccin. Et à côté on ne fait rien de concret pour stopper la pandémie de la C et de la B chez les usagers de drogues, alors que des voix s'élèvent pour réduire les risques de manière simple : le récipient dans lequel l'usager prépare son shoot est vecteur de contamination, ainsi que le coton, pourtant les &laqno;kits» pour se shooter n'en contiennent pas. Aucune campagne de prévention n'est lancée en direction de ce milieu, alors que l'on commence à se douter de la contamination par les pailles (pour sniffer). Le virus est plus résistant que celui du Sida, il résiste à l'air, à l'ébullition, à la javel (qui sera pourtant recommandée par le Ministère de la Santé pour désinfecter le matériel d'injection...)De plus beaucoup de personnes cumulent une Hépatite avec un Sida; avec souvent des effets paradoxaux des traitements de l'un sur l'autre. On s'en fout, les effets visibles n'auront lieu que dans 10 ans...S'ils ne sont pas morts avant de surdose ou du Sida...

Subutex et substitution : reculons, reculons, C'EST PAS NOUS QUI CREVONS...

Cette absence de réflexion globale se retrouve dans la politique de substitution. Alors que comme on l'a vu précédemment 8O% des usagers souffrent d'une hépatite, on met au centre des programmes de substitution le Subutex, malgré ses effets néfastes évidents sur le foie, alors même qu'il existe d'autres produits de Substitution ne présentant pas ces dangers (Morphine, Méthadone...), mais procurant du plaisir (à la différence du Subutex).

Jusqu'à Septembre 98 il n'existait aucun rapport indépendant sur l'évaluation du Subutex. Les seules existantes étant celles du labo le produisant...Labo parti de nulle part et arrivé à des sommets financiers fulgurants grâce au Subutex (50 000 personnes sous traitement en France, un coût de vente énorme : entre 1OO et 3OOF suivant les dosages...alors que l'héroïne médicale coûte 25F le gramme).

De plus alors que ce produit est très risqué à injecter il est prescrit allègrement par les toubibs qui se débarrassent à bon compte d'un problème qu'ils ne veulent plus voir. Ces mêmes qui refusent de prescrire un produit sain (morphine), qui diminuerait les risques liés à l'injection du Subutex. Pendant ce temps, le Ministère couvre, " se félicitant des progrès faits dans la lutte contre les toxicomanes...... "

Une politique de santé responsable voudrait pourtant un véritable plan de substitution, avec la prespriction d'opiacés par les médecins généralistes, des programmes méthadone à bas seuil (en contradiction avec les actuels " hauts seuils " : centres spécialisés, protocoles contraignants...Et pourquoi pas la distribution contrôlée d'héroïne). Mais pour cela, il faudrait lever le principal frein à une politique courageuse en matière de santé : l'abrogation de la loi de 7O sur les stupéfiants...

TRANSGENIQUE TA MERE

On peut voir, dans cette histoire comment les labos peuvent faire pression sur les politiques. On aimerait que ce ne soit qu'une bavure, hélas, il s'agit aujourd'hui d'une véritable politique de santé publique, qui capitule &laqno;a priori» devant les intérêts financiers. Une autre illustration en est l'abandon de toute réflexion devant les OGM. Alors que le bon sens voudrait qu'en l'absence d'éléments déterminants, le principe de précaution prévale, c'est bien évidemment le contraire qui est fait. Aujourd'hui de nombreux aliments contiennent des OGM, on en a tous déjà mangé, on en remangera, même si le gouvernement a gelé certains projets de Novartis ou de Monsanto (firmes leaders dans ce domaine), des parcelles de maïs ou de soja ou autres ont déjà plantées, sans que ces parcelles soient publiques, ce qui est pourtant prévu par la loi. Si demain on s'aperçoit qu'on n'est plus sensibles aux antibiotiques (gènes greffés dans le maïs), ou que certains insectes se reproduisent en masse, après avoir brisé la chaîne alimentaire, il sera trop tard.

PAS D'AMNISTIE SANITAIRE !

Comme il est trop tard pour de nombreuses victimes de l'inertie sanitaire. Ces dernières se sont récemment regroupées pour demander la fin de l'amnistie sanitaire qui touche aujourd'hui tous les coupables de crimes sanitaires :

- Les opéré-es de la clinique du sport, contaminés par une bactérie (XENOPI) lors d'opérations du dos, une fois la vérité su, l'hôpital n'a pas prévenu ces victimes. Et l'on vient d'apprendre qu'ils auraient été de plus contaminé-es à l'hépatite...

- Les victimes des traitements aux hormones de croissance (faites avec des cadavres humains), sombrées dans un profond silence médiatique.

- Les transfusé-es, hémophiles, contaminé-es sciemment par le SIDA, pour faire quelques dollars de plus des stocks de sang contaminés, attendent toujours que les responsables viennent rendre compte de leurs actes : Messieurs Fabius, Hervé, Georgina Duffoix coulent des jours paisibles pendant que leurs victimes qui ne sont pas mortes crèvent dans la merde. A ce jour la sécurité transfusionnelle n'est toujours pas assurée à 100%, faute de plan d'urgence.

- Les Usager-es de drogues, qui devant le refus de légaliser la vente de seringues, entre 84 et 87, furent les premiers à payer l'incurie de nos responsables en se refilant allègrement SIDA et Hépatites. Leurs plaintes (déposées par ASUD et Me Caballero) ne furent jamais enregistrées. Aujourd'hui, les usagers contaminé-es sont pour une bonne partie, déjà morts. Ca fera toujours ça de moins à indemniser... On attend toujours un véritable plan de réduction des risques, dans une situation sanitaire qui ne cesse d'empirer avec l'augmentation du nombre d'usagers (environ 3OO OOO héroïnomanes en France).

-Les victimes de l'amiante, après des années de combat, ont enfin été reconnues en tant que telles. Proche de nous, dans le Tarn, des centaines d'ouvrier-es ont été exposés à l'amiante, seulement une dizaine d'entre eux (ou leurs ayant droits) ont entamé une procédure d'indemnisation. Durant des années, encore dans le Tarn, à Carmaux, dans les Mines, les dossiers médicaux des ouvriers étaient top secret. Ils le sont encore, comme dans des milliers d'autres sites.

- En Octobre 98, on apprenait qu'un rapport sur les méfaits de l'aluminium chez Péchiney a été tenu secret pendant des années, sous la pression des industriels de ce secteur. Les victimes pourraient se compter par milliers (cancers).

Mais certains effets ne viendront que dans longtemps : combien de gens &laqno;la vache folle» tuera t-elle dans 20 ans ? Les responsables Bruxellois, qui ont mis tant de temps à intervenir et ont ainsi couverts ce désastre sanitaire à venir, n'ont toujours pas fait l'objet d'une enquête judiciaire. Les pressions des marchands de viande dans cette affaire ont une fois de plus pesé plus lourd que la santé de nos concitoyens. Il ne se passe pas une semaine sans qu'on découvre une fraude à la viande, alors qu'ici (en Occident), on est sensés avoir des moyens de contrôle... Combien de stocks de vache anglaise sont partis dans le Tiers Monde ?

Et ici, nous ne parlons pas des éventuels dommages causés par le nucléaire, la pollution atmosphérique ou les travaux dangereux sur la santé humaine. Ceux- ci ne seront peut être évaluables que dans 20 ou 30 ans, s'il existe des institutions indépendantes des lobbies pour ce faire. Ce ne sont ni les Ministères de l'environnement, ni celui de la Santé, qui ont aujourd'hui la capacité à mener des enquêtes indépendantes et à s'opposer les cas échéant aux labos, ou aux pollueurs.

Car si ici, il est assez difficile d'évaluer les dégats sanitaires causés par l'industrie, hors de l'Europe, le monde est une immense poubelle ouverte aux quatre vents aux appétits des producteurs de déchets en tous genres. C'est aussi la destination de tous les rebuts de l'industrie pharmaceutique dont ne veut pas l'Occident. Cumulé au trafic de faux médicaments, ce bizness tue tout aussi sûrement que les maladies déclarées.

LA RECHERCHE

Un autre versant de cette politique sanitaire, en voie de mondialisation, est l'inversion des priorités : les Téléthon, Généthon, et autres Monculton, financent la recherche sur des maladies touchant des pourcentages infinitésimaux de la population (maladies génétiques, recherches en gériatrie etc...); pendant qu'un tiers de l'humanité crève encore de dysentrie, de choléra, de tuberculose etc... La prolongation de l'espérance de vie, nécessite son flot de moyens pour faire survivre, (et dans quel état ?) jusqu'à 90 ans dans les pays riches, pendant qu'on crève encore à 40 ans dans le Tiers Monde... Les centres de gériatrie sont légion ici, quand ailleurs les hôpitaux manquent cruellement. Nous ne ferons pas l'économie d'une politique globale de santé, prenant en compte les besoins des peuples du Sud, qui sont aussi les nôtres, ceux de l'espèce humaine dans sa globalité.

Mais pour cela, il faudrait sortir le système de santé, de ses particularités et de la course aux profits où les industriels le plonge. Les avancées technologiques en cours, en particulier concernant les biotechnologies ou la génétique, ne doivent pas faire oublier que derrière le débat éthique, se cachent en fait les priorités économiques. La science n'avance pas sur sa trajectoire propre. Elle est directement liée aux choix que fait la société. La privatisation mondiale du système de santé, dans ce cadre-là (brevets génétiques, brevets du " vivant " : plantes, animaux...), ne fait que renforcer les intérêts de quelques-uns au mépris de la grande majorité. La Santé devrait pourtant être un droit inaliénable, défendu par la justice. L'amnistie sanitaire qui prévaut aujourd'hui, est une double insulte faîte aux victimes, se nourrissant de leur mort. Elle ne peut qu'être un sombre présage pour l'avenir de la santé publique, pérénnisant la transformation du corps humain en marchandise, qu'on gère au mieux, comme des stocks, et au pire, comme des cobayes.

Yann

transgenique amer (article d'infosquds N21

La liste des OGM presents dans l'alimentation en France

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