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La France et le Rwanda :
pour un examen de conscience citoyen



Depuis le génocide de 1994, la politique de la France au Rwanda
est mise en accusation par les rescapés, par les témoins et
observateurs internationaux, par les opinions publiques africaines
et, de façon de plus en plus pressante, par les citoyens français.
L'extermination délibérée et planifiée de plus de 800 000 hommes,
femmes et enfants par un régime de type nazi ayant bénéficié d'un
appui sans réserves des autorités françaises a rendu insoutenable
l'argument de la raison d'Etat, si souvent avancé pour faire taire
tout débat sur la politique africaine de notre pays.

Depuis quatre ans, le génocide des Tutsi et Hutu démocrates
rwandais entache l'image et l'action de la France. Notre pays est
diplomatiquement de plus en plus isolé en Afrique, moralement de
plus en plus critiqué dans le monde entier. Le refus, par nos
gouvernants successifs, d'analyser les carences démocratiques et
les dysfonctionnements de l'appareil d'Etat ayant conduit à la
tragédie de 1994 au Rwanda, ne fait qu'aggraver le discrédit de
notre pays et le malaise des citoyens. Il conduit à s'interroger
sur la sincérité de ceux qui disent vouloir modifier la politique
africaine de la France et affirment leur projet de renforcer le
modèle républicain. La référence fréquente au "Pays des Droits de
l'Homme", la commémoration du centenaire de "J'accuse" sont
ressentis comme des alibis commodes et vides de sens d'une classe
politique incapable de remplir son rôle dans l'impulsion d'un
examen de conscience citoyen.

L'entretien, par un silence malsain, d'un syndrome de culpabilité
collective concernant l'implication de la France dans le génocide
au Rwanda sera de moins en moins accepté par l'opinion publique.
Les institutions de l'Etat qui ont été concernées au premier chef
par la politique française dans ce pays, notamment l'armée, la
diplomatie et la coopération au développement, ne pourront qu'être
de plus en plus troublées par le soupçon d'avoir été
instrumentalisées dans cette affaire par les réseaux mafieux, en
dehors de tout contrôle parlementaire digne de ce nom.

Il est en outre incompréhensible que les sept citoyens français
qui ont péri dans les premières heures du génocide, les 6 et 7
avril 1994, aient été enterrés à la sauvette, pratique indigne de
l'Etat républicain chargé de protéger la vie, la dignité et la
mémoire des femmes et des hommes appelés à le servir.

Pour éclairer nos concitoyens désorientés par le silence d'Etat
entourant la responsabilité de la France dans le processus qui a
conduit au génocide de 1994, mais aussi pour relever l'honneur,
l'image et la crédibilité de notre pays,

* nous appelons le gouvernement français (sans attendre d'y
être contraint par le blâme de la communauté internationale)
à une initiative forte démontrant sa volonté d'en finir avec
les pratiques ayant conduit à l'implication de notre pays
dans l'un des génocides du XXe siècle, notamment en ouvrant
toutes les archives ayant trait à la période considérée, et
en s'engageant à collaborer loyalement aux investigations du
Tribunal pénal international pour le Rwanda,

* nous appelons les parlementaires français à obtenir la
création d'une commission d'enquête chargée de faire toute la
lumière sur l'implication de l'Etat et de ses représentants
dans les événements ayant conduit au génocide de 1994, dans
le soutien et la protection de ses auteurs, étant entendu que
cette commission devra conduire des débats publics et rendre
un rapport public.

Le Comité Vérité sur le Rwanda est ouvert à tous les citoyens qui
souhaitent faire la lumière sur les responsabilités des
institutions de l'Etat français au Rwanda de 1990 à fin 1994.

LES GENOCIDAIRES EN VACANCES EN FRANCE

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