SI VOUS N'AVEZ PAS FAIT CET ETE LA GREVE DE LA PRESSE, VOUS N'AVEZ PU MANQUER LA

1ERE RENCONTRE INTERCONTINENTALE CONTRE LE NEOLIBERALISME
ET POUR L'HUMANITE
QUI S'EST DEROULEE DU 27 JUILLET AU 3 AOUT AU

CHIAPAS, MEXIQUE.
PIETRE IMAGE DE CE QU'A ETE REELLEMENT CET EVENEMENT. ALORS, N'EN RESTEZ PAS LA, PUISQUE NOUS Y ETIONS...

Reportage (interviews, textes, photos) réalisé
par
Michaël et Katia

  • Le Mexique s'enlise par des milliers de chemins.
  • Le baloche des coeurs perdus
  • L'INTERCON...
  • MAIS QU'EST-CE QUI REND CETTE RENCONTRE SI INTERESSANTE?











  • Le Mexique est électrique, le Mexique explose.


    Il y a le Chiapas bien sûr, mais pas seulement: ça va mal dans le Guerrero, région frontali&egravere, ça va mal dans le Oaxaca, ça va mal dans le nord...
    Quand on commence à devoir rendre des comptes au Grand Capital (F.M.I., B.M, ALENA,etc.), ça va forcément mal.

    L'Alena,parlons-en.
    Comme tous ces accords de libre-échange qui se multiplient partout, ils ne permettent pas pour autant la libre circulation des personnes. La marchandise, laissons-faire, laissons-passer, mais arrêtons-nous là. Donc, limitation accrue des émigrés mexicains aux Etats-Unis.
    En se basant sur un développement inégal, cette triade commerciale (Mexique, USA, Canada), au bout de presque trois ans d'existence, n'a en rien mis un terme à la crise économique : le Mexique se voit contraint d'orienter son économie vers l'extérieur, au détriment des salaires, au détriment de l'environnement (les Etats-Unis peuvent maintenant, en matière de pollution, faire ce qu'ils ne pouvaient pas faire chez eux), et au détriment bien sûr de l'agriculture traditionnelle (négligence des cultures vivrières ou privatisation par exemple de ce qui ne l'était pas : la terre).
    La terre, problème séculier, comme les paysans, les Indiens...
    C'est ce pourrissement de la situation qu'exprime le Ya Basta depuis plus de deux ans maintenant. Le monde suit tant bien que mal les soubresauts de cet état en guerre du sud-est mexicain. Qu'on l'appelle de "basse intensité" ou "psychologique", c'est bien de guerre qu'il s'agit, avec ses inquiétudes, ses morts, ses climats de tension. Et même si l'armée fédérale fait des trêves, surtout quand des centaines d'étrangers passent par là, comme cet été, la forêt lacandone a le goût amer des militaires. 60 000 militaires, ce n'est pas rien. Et les trêves ne sont pas toujours respectées : on se souvient du 9 février 95...
    Il devient alors assez incompréhensible, cet étonnement de certaines personnes pendant la rencontre face aux fouilles répétées, ou à la police zapatiste, pour la sécurité, la leur autant que la nôtre. N'y a t-il pas eu assez de morts au Chiapas pour ne pas voir la réalité en face ? Combien de 9 février 95 (offensive de l'Armée Fédérale) devrons-nous voir pour réaliser que, bon sang, le Chiapas est en état de guerre ?
    Ce fut un exploit, dans ce contexte, de réaliser la rencontre intercontinentale.Et même si, pendant une semaine, l'armée s'est peu montrée, on ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour les jours suivants, une fois tous ces étrangers repartis.

    Après les nombreux évènements qui ont ponctué le mouvement (se reporter pour cela à 1' lnfosuds précédent!), l'EZLN a donc appelé en janvier dernier le monde entier à se retrouver du 27 juillet au 3 Août 1996 au Chiapas. Pari tenu : au moins 3000 personnes de 43 pays différents ont répondu à l'appel.
    Depuis le début de l'insurrection, l'EZLN fait preuve d'invention pour d'une part, faire en sorte que les Indiens soient respectés ailleurs que dans un musée (la partie les concernant au musée d'anthropologie de Mexico est très fournie, merci), et d'autre part sortir de la logique du néolibéralisme, sortir d'une logique de rentabilité. Elle se questionne, se tâtonne, elle essaie de réinventer, avec nous, un monde différent.
    Il est beaucoup question dans ce pays, et particulièrement au Chiapas, de démocratie, de justice, de dignité. Ce sont un peu les mots d'ordre, que l'on aime répéter, qui sont presque incantatoires.Ca peut faire sourire chez nous, parce que, soit ça ne veut plus rien dire, soit on avance l'idée que tout cela est bien acquis, alors, pourquoi le remettre en question ? Il y a pourtant de quoi faire. Et tout d'un coup, au Chiapas, tous ces concepts prennent plus de sens. Ils sont au coeur des débats, ils sont au coeur de la lutte, et pour eux, on invente autre chose, parce qu'on sait bien que les vieux modèles ne peuvent plus les faire respirer.
    En leur nom encore, les zapatistes sont studieux... Entre un Forum pour la réforme de l'Etat, des négociations avec le gouvernement, un Forum indigène ou l'organisation de la rencontre intercontinentale, ils montrent leur désir d'élargir les débats et d'aboutir à des solutions. Le Forum National pour la réforme de l'Etat (début juillet) a voulu faire la critique du système dominant et illégitime, en proposant la construction d'une nouvelle force politique qui se démarque d'une organisation traditionnelle : la pluralité, la tolérance et l'implication de la société civile, la démocratie directe, l'autonomie de l'Etat et des partis politiques, la prise de décision fédérative et horizontale etc...

    Ainsi, l'EZLN propose: ça passe ou ça casse. Jusqu'à présent, la délégation gouvernementale qui rejoignait les zapatistes aux tables de négociations se montrait plutôt attentive aux revendications de l'EZLN, sans pour autant garantir quoi que ce soit. Fin août, humiliée, méprisée, l'EZLN a préféré rompre les négociations. Lourde décision qui ne promet pas un bel avenir. Prétextant d'un climat de tension général au Mexique, le gouvernement menace encore une fois d'envoyer ses soldats.



    CHIAPAS