01/06/97 Chroniques d'algerie

Les Algériens s'apprêtent à retourner devant les urnes,
pour une assemblée sans pouvoir véritable, les égorgeurs
s'en donnent à coeur joie et personne n'y comprend plus rien, l'auteur pas plus qu'un autre.
Il s'agira ici d'un essai,
accompagné de quelques explications partielles.

 

Des sommets de l'horreur ont été atteints, fin avril, dans les tueries qui ont ensanglanté l'Algérie. Et à l'approche d'un scrutin qui doit parachever la légitimation du pouvoir algérien. Pour ceux qui suivent l'évolution de la situation dans ce pays, c'est devenu chose récurrente en cours de campagne électorale que la violence fasse tout pour occuper la première page des journaux, nationaux et étrangers. Le pouvoir a un président élu, une constitution sur mesure, ainsi qu'un parti à sa botte. Il lui manquait une Assemblée Nationale. En fait, il y en aura deux :

La société algérienne est en crise, c'est une évidence, et malheureusement, elle n'est pas la seule. L'usurpation du pouvoir par les militaires à l'indépendance, I'asservissement du FLN par les mêmes afin de contrôler la société algérienne, la manipulation de la religion par le FLN d'abord, puis par le FIS, I'étouffement de l'identité algérienne, dans sa dimension berbère en particulier mais pas seulement, la falsification de l'histoire (à commencer par la guerre d'Algérie, la Révolution ), la faillite du système éducatif et enfin l'affairisme effréné des dirigeants, tout cela a abouti à la situation actuelle. On pourrait aussi rajouter les interventions étrangères comme l'opération Scorpion en 1976 ou le financement des partis islamistes plus récemment.

Les militaires ont vendu le pays au FMI

Les militaires surfent là-dessus; ils ont préservé tous leurs privilèges, sauf celui de se promener tranquillement dans la rue. Mais ils ont été obligés de vendre une grande partie des richesses du pays, car finalement, le FMI, la CIA et les compagnies pétrolières ont réussi ce que le peuple algérien n'a pas.encore pu faire : faire plier les militaires (qui n'ont quand même pas oublié de se faire grassement payer). Il semblerait que les contrats d'exploitation des nouveaux champs pétrolifères aient été signés. Un petit signe: BP, absente depuis 1962, vient d'ouvrir un bureau à Alger. Ce sont les Américains (&laqno;miraculeusement» épargnés par les attentats qui ont touché les étrangers) qui se taillent la part du lion. Je ne nommerai pas le dindon de la farce. La situation économique, si elle paraît s'être améliorée, aux dires du gouvernement, n'a fait qu'empirer. Il est vrai que le pays a disposé de recettes supplémentaires, dues à un baril à plus de 25 dollars, mais cette manne a été dépensée avant même d'être dans les caisses de l'Etat, les sommes allouées aux services de sécurité représentent les 2/3 du budget de l'Etat et aujourd'hui le baril se traîne de nouveau à 17 dollars. Il est vrai également que l'on trouve maintenant quantité de biens autrefois introuvables, mais à quels prix ! L'échelle des prix n'a plus aucun sens. Un médecin, par exemple, chef de service dans un hôpital, gagne de quoi nourrir sa petite famille et entretenir sa voiture et celle de sa femme (aucune des deux ne passerait le contrôle technique en vigueur en France, pour au moins une dizaine de raisons). Le voilà à la retraite. Les revenus sont divisés par deux. Un train de vie modeste va céder la place à une vie difficile. La seule solution, ouvrir un cabinet, en empruntant, à 60 ans passés. Et il s'agit d'un cadre, alors quand il s'agit de personnes peu qualifiées, disposant de petits salaires...

Système D, trabendo...

Hors système D et toutes sortes de commerces (d'importation, surtout, c'est pour ça qu'on trouve tant de choses à Alger) pas d'échappatoire à la misère. Sauf à s'engager dans la police, premier recruteur du pays et parfois, dans les villages, en intégrant les milices d'autodéfense dénommées les &laqno;patriotes». Ces derniers sont payés par l'Etat. Il y a d'ailleurs une relation directe entre l'existence de ces milices et les dernières tueries. Une partie des victimes étaient parentes de miliciens. Les affrontements entre pouvoirs locaux ne respectent même plus quelque chose qui a toujours été protégé dans la société musulmane: I'enfant, le nourrisson.

Pour finir, deux faits qui ajoutent à l'abattement de beaucoup d'Algériens :

ALGERIE

SOLIDARITE DEMOCRATIE

PENDANT LES MASSACRES,
LES AFFAIRES CONTINUENT

 SOMMAIRE


  • LES AMAZIGTH ET LES FEMMES DANS LA LIGNE DE TIR
  • LES FEMMES ALGÉRIENNES :
    Des Mater Dolorosa, des femmes brisées, résignées ?
  • ASSASSINS et COMPLICES
    Association AYDA
  • Pendants les MASSACRES,
    les afffaire CONTINUENT
  • En finir avec la collusion mafieuse
    de la junte et des islamo-fascistes

    Un mur de silence entoure l'Algérie, les journalistes qui n'ont pas été éxécutés, sont tenus par le pouvoir; les &laqno;expatirés» se retranchent derrière leur(s) peur(s), les médias et les politiques entretiennent sciemment l'opacité. Coincé entre le sabre et le goupillon; il existe encore et malgré tout un peuple qui résiste Derrière les atrocités et les massacres, il y a un peuple, qui vit et lutte pour sa survie. Survie économique, quand le pays est vendu au FMI et à la finance internationale, et cède aux spéculateurs de tous bords. Survie physique quand les femmes, les militant-es progressistes, les syndicalistes, les journalistes et intellectuels sont menacés par les groupes armés, islamistes ou venant du pouvoir. Survie culturelle, quand malgré la terreur, les Berbères se battent pour leur langue Amazight et leur culture. Survie politique quand aux magouilles affairistes, succèdent les magouilles politiques de partis discrédités. Survie morale d'un pays qui se vide de ses chercheurs, intellectuels, qui se vide de sa jeunesse à la recherche d'un avenir meilleur.

    C'est à cette autre Algérie que nous avons voulu donner la parole, celle des femmes et des Amazight, celle de la jeunesse rebelle et des salarié-es; qui rompt clairement avec cette junte militaire affairiste et les projets &laqno;islamo-fachos».

    Nous nous sommes focalisés sur le mouvement social et celui des femmes, car pour nous, ils constituent la troisième voie alternative à cette collusion maffieuse. Ce ne sont pas les seuls, citons le mouvement culturel Amazight, la jeunesse et tant d'autres, qui auraient aussi nécessité un article. L'oubli n'est pas politique, ces aspects feront l'objet de prochains articles spécifiques. On peut voir dans l'interview d'Hassina, que leur imbrication dans la vie algérienne est telle, que nous n'avons put clairement découper son article. L'Algérie est un pays jeune, par son histoire, mais aussi par sa population. Nous ne retraçons ici, qu'une infime partie de ce que peut subir le peuple algérien, en espérant que comme pour nous, les propos suivants vous éclairent un peu, loin des clichés médiatiques habituels.Et que la confusion puisse laisser la place au raisonnement, et à partir de là, à notre solidarité active.

    La rédaction

     

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