01/06/97 Chroniques d'algerie

Les Algériens s'apprêtent
à retourner devant les urnes,
pour une assemblée sans pouvoir véritable, les égorgeurs
s'en donnent à coeur joie et personne n'y comprend plus rien, l'auteur
pas plus qu'un autre.
Il s'agira ici d'un essai,
accompagné de quelques explications partielles.
Des sommets de l'horreur ont été atteints, fin avril, dans
les tueries qui ont ensanglanté l'Algérie. Et à l'approche
d'un scrutin qui doit parachever la légitimation du pouvoir algérien.
Pour ceux qui suivent l'évolution de la situation dans ce pays, c'est
devenu chose récurrente en cours de campagne électorale que
la violence fasse tout pour occuper la première page des journaux,
nationaux et étrangers. Le pouvoir a un président élu,
une constitution sur mesure, ainsi qu'un parti à sa botte. Il lui
manquait une Assemblée Nationale. En fait, il y en aura deux :
- Une Chambre Haute (un sénat) dotée de la réalité
du pouvoir législatif et étroitement contrôlée
par le Président qui nomme un nombre suffisant de ses membres,
- Une Chambre Basse (une assemblée), qui ne sera que le forum
d'expression de l'opposition légale. Si la majorité des partis
qui ont réussi à se conformer à la loi électorale
(voir Infosuds N°17) présentent des candidats, c'est qu'ils
ont estimé que ce petit espace d'expression devait être occupé.
Mais il est possible aussi que ce ne soit qu'une pièce de mauvais
goût, jouée par de piètres acteurs qui sera alors donnée
régulièrement devant l'opinion publique. En effet, les accointances
de certains partis avec le pouvoir militaire sont connues, les relations
cliniques, régionales, d'affaires et d'intérêts ont
de bonnes chances de fausser tout débat, et de réduire au
rôle de Cassandre les rares élus capables d'un constat sensé.
La société algérienne est en crise, c'est une évidence,
et malheureusement, elle n'est pas la seule. L'usurpation du pouvoir par
les militaires à l'indépendance, I'asservissement du FLN par
les mêmes afin de contrôler la société algérienne,
la manipulation de la religion par le FLN d'abord, puis par le FIS, I'étouffement
de l'identité algérienne, dans sa dimension berbère
en particulier mais pas seulement, la falsification de l'histoire (à
commencer par la guerre d'Algérie, la Révolution ), la faillite
du système éducatif et enfin l'affairisme effréné
des dirigeants, tout cela a abouti à la situation actuelle. On pourrait
aussi rajouter les interventions étrangères comme l'opération
Scorpion en 1976 ou le financement des partis islamistes plus récemment.
Les militaires ont vendu le pays au FMI
Les militaires surfent là-dessus; ils ont préservé
tous leurs privilèges, sauf celui de se promener tranquillement dans
la rue. Mais ils ont été obligés de vendre une grande
partie des richesses du pays, car finalement, le FMI, la CIA et les compagnies
pétrolières ont réussi ce que le peuple algérien
n'a pas.encore pu faire : faire plier les militaires (qui n'ont quand même
pas oublié de se faire grassement payer). Il semblerait que les contrats
d'exploitation des nouveaux champs pétrolifères aient été
signés. Un petit signe: BP, absente depuis 1962, vient d'ouvrir un
bureau à Alger. Ce sont les Américains (&laqno;miraculeusement»
épargnés par les attentats qui ont touché les étrangers)
qui se taillent la part du lion. Je ne nommerai pas le dindon de la farce.
La situation économique, si elle paraît s'être améliorée,
aux dires du gouvernement, n'a fait qu'empirer. Il est vrai que le pays
a disposé de recettes supplémentaires, dues à un baril
à plus de 25 dollars, mais cette manne a été dépensée
avant même d'être dans les caisses de l'Etat, les sommes allouées
aux services de sécurité représentent les 2/3 du budget
de l'Etat et aujourd'hui le baril se traîne de nouveau à 17
dollars. Il est vrai également que l'on trouve maintenant quantité
de biens autrefois introuvables, mais à quels prix ! L'échelle
des prix n'a plus aucun sens. Un médecin, par exemple, chef de service
dans un hôpital, gagne de quoi nourrir sa petite famille et entretenir
sa voiture et celle de sa femme (aucune des deux ne passerait le contrôle
technique en vigueur en France, pour au moins une dizaine de raisons). Le
voilà à la retraite. Les revenus sont divisés par deux.
Un train de vie modeste va céder la place à une vie difficile.
La seule solution, ouvrir un cabinet, en empruntant, à 60 ans passés.
Et il s'agit d'un cadre, alors quand il s'agit de personnes peu qualifiées,
disposant de petits salaires...
Système D, trabendo...
Hors système D et toutes sortes de commerces (d'importation, surtout,
c'est pour ça qu'on trouve tant de choses à Alger) pas d'échappatoire
à la misère. Sauf à s'engager dans la police, premier
recruteur du pays et parfois, dans les villages, en intégrant les
milices d'autodéfense dénommées les &laqno;patriotes».
Ces derniers sont payés par l'Etat. Il y a d'ailleurs une relation
directe entre l'existence de ces milices et les dernières tueries.
Une partie des victimes étaient parentes de miliciens. Les affrontements
entre pouvoirs locaux ne respectent même plus quelque chose qui a
toujours été protégé dans la société
musulmane: I'enfant, le nourrisson.
Pour finir, deux faits qui ajoutent à l'abattement de beaucoup
d'Algériens :
- Air Algérie vient enfin de rétablir la liaison Paris-Alger,
et voilà que British Airways intente une action en justice contre
Air Algérie, parce que ses comptoirs d'enregistrement sont contigüs
à ceux de la compagnie algérienne et qu'elle craint que l'aura
de sa voisine ne fasse fuir la clientèle. Bienvenue à la
pestiférée. C'est un peu gros, d'autant plus que la sécurité
est d'abord du ressort des autorités aéroportuaires. D'ailleurs,
un de mes amis a récemment pris un vol Air Inter Lyon-Paris-Alger,
et s'est aperçu à l'arrivée que le chargeur de son
revolver et ses 6 balles avait fait le voyage dans sa mallette, après
avoir franchi cinq scanners, trois à Alger et deux à Lyon.
De plus, la liaison Londres-Alger n'a jamais cessé de fonctionner,
et est assurée par Air Algérie, et British Airways ne s'en
est jamais plaint. Enfin, Londres abrite la plus forte concentration d'activistes
islamistes d'Europe.
- L'Allemagne applique elle aussi d'une façon très pasquaïenne
le droit d'asile. Les demandes de ceux qui ne sont pas persécutés
par le pouvoir en place ne sont pas recevables. Elle va donc renvoyer chez
eux des gens qui y sont menacés. Ces gens sont pourtant souvent
plus respectables que les dignitaires du FIS qu'elle héberge. L'Allemagne
s'aligne sur la politique française, qui pourtant, n'a pas toujours
été très bien inspirée.
- Mohammed
ALGERIE
SOLIDARITE DEMOCRATIE
PENDANT LES MASSACRES,
LES AFFAIRES CONTINUENT
- - Dossier ALGERIE DU N20 DINFOSUDS -
SOMMAIRE
LES AMAZIGTH ET LES FEMMES DANS LA LIGNE
DE TIR
LES FEMMES ALGÉRIENNES
:
Des Mater Dolorosa, des femmes brisées, résignées
?
ASSASSINS et COMPLICES
Association AYDA
Pendants les MASSACRES,
les afffaire CONTINUENT
|
En finir avec la collusion mafieuse
de la junte et des islamo-fascistes
Un mur de silence entoure l'Algérie, les journalistes qui n'ont
pas été éxécutés, sont tenus par le pouvoir;
les &laqno;expatirés» se retranchent derrière leur(s)
peur(s), les médias et les politiques entretiennent sciemment l'opacité.
Coincé entre le sabre et le goupillon; il existe encore et malgré
tout un peuple qui résiste Derrière les atrocités et
les massacres, il y a un peuple, qui vit et lutte pour sa survie. Survie
économique, quand le pays est vendu au FMI et à la finance
internationale, et cède aux spéculateurs de tous bords. Survie
physique quand les femmes, les militant-es progressistes, les syndicalistes,
les journalistes et intellectuels sont menacés par les groupes armés,
islamistes ou venant du pouvoir. Survie culturelle, quand malgré
la terreur, les Berbères se battent pour leur langue Amazight et
leur culture. Survie politique quand aux magouilles affairistes, succèdent
les magouilles politiques de partis discrédités. Survie morale
d'un pays qui se vide de ses chercheurs, intellectuels, qui se vide de sa
jeunesse à la recherche d'un avenir meilleur.
C'est à cette autre Algérie que nous avons voulu donner
la parole, celle des femmes et des Amazight, celle de la jeunesse rebelle
et des salarié-es; qui rompt clairement avec cette junte militaire
affairiste et les projets &laqno;islamo-fachos».
Nous nous sommes focalisés sur le mouvement social et celui des
femmes, car pour nous, ils constituent la troisième voie alternative
à cette collusion maffieuse. Ce ne sont pas les seuls, citons le
mouvement culturel Amazight, la jeunesse et tant d'autres, qui auraient
aussi nécessité un article. L'oubli n'est pas politique, ces
aspects feront l'objet de prochains articles spécifiques. On peut
voir dans l'interview d'Hassina, que leur imbrication dans la vie algérienne
est telle, que nous n'avons put clairement découper son article.
L'Algérie est un pays jeune, par son histoire, mais aussi par sa
population. Nous ne retraçons ici, qu'une infime partie de ce que
peut subir le peuple algérien, en espérant que comme pour
nous, les propos suivants vous éclairent un peu, loin des clichés
médiatiques habituels.Et que la confusion puisse laisser la place
au raisonnement, et à partir de là, à notre solidarité
active.
La rédaction |
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