Initiée par des ONG : Cimda, Aircrige, Survie)

 

 

Alliot Marie : «les militaires français ont permis qu¹il n¹y ait pas eu génocide total»

La Ministre de la guerre a tenu des propos insultants et négationnistes concernant le génocide au Rwanda, alors que le jour de la commémoration Paris interdisait l¹esplanade du Trocadéro aux rescapés du génocide et l¹autorisaient aux génocidaires. Michèle Alliot Marie est ainsi montée au créneau pour défendre les exactions des militaires français dans le génocide au Rwanda. Elle a trouvé « scandaleux et totalement injuste », le procès fait aux militaires français. « Les militaires français (Š) on néanmoins permis qu¹il n¹y ait pas eu un génocide total ».

La Commission d¹Enquête citoyenne réunie par des ONG (Cf Ekaitza 917/918) a pourtant clairement mis en lumière le rôle joué par l¹armée française dans le génocide qui a conduit de manière « non totale » 800 000 Rwandais à la mort. On se demande à partir de combien de rescapés on évalue que le génocide n¹a pas été «total» ?

Juppé ne veut pas aller au TPI

Alain Juppé, qui était alors ministre de la défense est lui aussi intervenu pour défendre ceux qui étaient alors placés sous ses ordres. Il est vrai que si des plaintes sont déposées et qu¹un Tribunal Pénal International se mettait en place, Juppé pourrait se retrouver en première ligne. Les crimes de Mitterrand eux, ne seront jamais jugés.

Cérémonies

Renaud Muselier, représentant le gouvernement français à son plus bas niveau aux cérémonies de Kigali commémorant le génocide a écourté sa visite, après que le Président rwandais, Paul Kagamé ait clairement et publiquement mis en cause le rôle joué par la France. Commission d¹enquête PArlementaire La FIDH (Fédération Internationale des Droits de l¹Homme) a écrit à Jacques Chirac pour lui demander que soit enfin créée une Commission d¹enquête parlementaire ayant pour objet « de déterminer les responsabilités de la France dans cet événement tragique ». La seule introspective faite par la classe politique française jusqu¹à présent, avait été une « mission d¹information parlementaire », dont les conclusions, contestées au sein même de la Commission, avaient « blanchi » les complices français. (cf Ekaitza 916).

« Rwandisation » de la cote d¹ivoire

Pendant ce temps-là, en Côte d¹Ivoire, la France reconduit sa politique ayant mené au génocide rwandais. Les 4 000 hommes déployés soutiennent en effet à bout de bras, un régime profondément raciste, celui de Laurent Gbagbo. L'alliance de l'armée, des milices progouvernementales et d'une propagande identitaire rappelle ce qui s'est mis en place au Rwanda il y a un peu plus de dix ans et qui a conduit au génocide. Survie, association anticolonialiste, demande à l¹ONU et à la France, d¹appliquer ce pour quoi ils ont été mandatés : protéger les populations civiles. Plus de 500 personnes ont ainsi été tuées lors d¹une manifestation de l¹opposition le 25 mars dernier, sans provoquer de réaction de la France. Survie demande aussi la comparution de Laurent Gbagbo devant une Cour de justice internationale. Tant qu¹il n¹y a pas « génocide total »Š.

Implication de la France dans le génocide au Rwanda Une «légion présidentielle» menait sa guerre secrète au Rwanda

La Commission dŒEnquête citoyenne mise en place par des ONG* pour faire un peu de lumière sur l¹implication de la France dans le génocide rwandais a rendu ses premières conclusions provisoires, après avoir entendu historiens, journalistes et politiques. Ses conclusions sont accablantes pour les reponsables politiques et militaires de l¹époque.

La commission a constaté - que la France avait formé militairement de 91 à 93 les milliers d¹hommes qui allaient commettre le génocide (milices interhamwé, FAR (Forces armées rwandaises, garde présidentielleŠ). Dès janvier 93, une première tuerie était commise à proximité du camp où instruisaient les Français ; - que les militaires français avaient participé aux barrages faisant le nettoyage ethnique en triant les Tutsis qui étaient aussitôt massacrés sur place ;

- que les militaires français ont protégé de hauts dignitaires maîtres d¹¦uvre du génocide lors de l¹opération Turquoise et ont même réentraînés les cadres en, plein génocide. De nombreux témoignages font ainsi état d¹un partage des taches lors de l¹opération Turquoise : les Français débusquant les survivants, les miliciens les massacrant ;

- que la force française a continué tout au long du génocide à livrer des armes aux génocidaires. Juppé, alors ministre des Affaires étrangères a reconnu n¹avoir arrêté ces livraisons que fin mai 94 (le génocide avait prit fin).

L¹implication française

La Commission a aussi constaté l¹implication de nombreux hauts responsables de l¹armée, des services secrets, ainsi Paul Barril, qui n¹a pas été entendu par la Commission parlementaire et ne cache pas ses liens avec la mouvance génocidaire et a conclu un contrat « insecticide » avec le gouvernement rwandais (les Tutsis étant appelés les cafards). Y est pointé « l¹anti-tutsime virulent voire prosélyte affiché par les militaires français », du soldat au plus haut gradé.

La légion présidentielle de Mitterrand

Les travaux de la Commission font apparaître l¹existence d¹une « légion présidentielle » inféodée au Président Mitterrand, le COS « Commandement des Opérations spéciales », ayant mené de 1990 à 1994 « une guerre secrète », « captée par les forces spéciales imbriquées aux services secrets avec l¹appoint des commandos de la gendarmerie (GIGN et EPIGN) ». La Commission se demande si, « dans un contexte favorable », la présence française « amorçant la dynamique génocidaire ». Si ce « résultat était non souhaité » pourquoi le plus hautes autorités militaires et politiques, rattachées à la Présidence, « ont-elles mise si peu d¹empressement à combattre un génocide, que certains officiers ou diplomates laissaient présager depuis 1990 ou 1991 ? ».

Quand la BNP finance le génocide

Sur le plan économique, la BNP est impliquée par la Commission. La Banque du Rwanda, continuant, bien après avoir fui le pays, à tirer des millions de francs, sans que l¹autorité de tutelle financière n¹y trouve rien à redire.

Sur le plan politique

Le GIR (gouvernement intérimaire, formé au lendemain de l¹attentat contre le Président Habyarimana et qui allait planifier le génocide), aurait été, d¹après la journaliste belge Colette Braeckman, formé au sein de l¹ambassade de France de Kigali. Il sera reconnu par la France tout au long du génocide. Certains de ses dignitaires seront reçus à Paris, 20 jours après le début du génocide (qui aura duré 100 jours). La délégation française à l¹ONU aurait présenté des rapports pernicieux sur ce qui se passait alors, limitant la mobilisation internationale. Le rôle des médias français est listé dans la reprise, sans analyse, de la version du gouvernement français. Ses travaux mettent aussi en lumière les divergences d¹analyses au sein du gouvernement français sur l¹opération Turquoise,. Deux lignes s¹affrontent, la « ligne Mitterrand » qui veut imposer une partition du Rwanda au bénéfice du camp du génocide en déroute et la « ligne Balladur », plus pragmatique devant l¹avancée du FPR en train de libérer le pays de sa folie génocidaire. Sur le rôle joué par l¹opération Turquoise, autour de la « Zone Humanitaire Sûre »; les témoignages montrent qu¹elle a servi à protéger les génocidaires, et a continué de leur servir de base arrière, ainsi que de couloir de passage. Enfin la Commission a recueilli une série de témoignages « qui portent des accusations très graves », contre certaine militaires français « accusés d¹avoir coopéré avec les génocidaires, voire de les avoir incité à ³finir le travail² ou bien d¹avoir livré des rescapés ou aidé des miliciens à débusquer les survivants ». La Commission va continue à enquêter sur ces faits. Des responsables français coupables -

Sur la « hiérarchie des responsabilités », la Commission constate que : « des enquêtes complémentaires doivent continuer à vérifier la responsabilité de l¹ancien Président de la république François Mitterrand, chef des Armées, qui apparaît la plus grande » même si cette « responsabilité n¹exclut pas celle des autres membres de l¹exécutif et celle du Parlement ». Sont également mis en cause les chefs militaires : l¹amiral Laxande, les généraux Quesnot et Huchon, ainsi que les généraux Lacaze et Heinrich. « L¹impunité en ce domaine n¹étant pas envisageable », la saisine des instances judiciaires françaises serait nécessaire, concernant l¹implication de citoyens français dans le génocide. En conclusions, la commission appelle « le Parlement à se saisir de cette question, les partis politique et le mouvement citoyen à considérer la dangerosité d¹évolutions organisationnelles récentes, comme le COS en légion présidentielle », et enfin, que la France « dans ses rapports au peuple rwandais, se dispose à tirer les conséquences de ceux de ses actes qui seront avérés, parmi ceux qu¹a évoqués la Commission ou qui pourraient encore se révéler ». Mardi 6 avril, on apprenait que le gouvernement avait interdit l¹esplanade du Tocadéro aux Tutsis voulant commémorer le génocide et avait autorisé ce lieu pour des négationnistes hutus...

*Aircrige, Cimade, Survie, Obsam, Personnalités

Conclusions provisoires

des travaux de la Commission d’enquête citoyenne

sur le rôle de la France durant le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994

(Paris, 22-26 mars 2004)

 

Plus d'infos sur survie-france.org

 

 

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