"Permis de tuer encore une fois accordé à la police ! Le tueur de Youssef le flic Hiblot a été acquitté ce 29/09, dans le contexte de guerre raciste "larvée" ce verdict prend une signification nauséabonde, s'il fallait !
Communiqué du MIB :
Nous sommes tous Youssef !
Déclaration du MIB à propos du bilan du procès de Versailles :
Nous sommes tous Youssef ! Une justice à sens unique, débouchant sur un permis de tuer ! C'est ainsi que la famille et les amis de Youssef, nous tous, avons compris le verdict de la Cour d'assises de Versailles qui le 28 septembre 2001 a acquitté le policier Pascal Hublot, meurtrier de Youssef Khaïf. Ce verdict a au moins le mérite de la clarté : c'est une déclaration unilatérale de défiance à l'égard non seulement des jeunes, mais aussi de tous les habitants du Val Fourré à Mantes et, au-delà, de toutes les populations des cités populaires sous état de siège policier. Pour la Cour de Versailles, peu importe que la thèse de la "légitime défense" n'ait pas résisté à l'épreuve des faits. La cour a admis le meurtre d'un tir par derrière. Sa décision couvre ce meurtre en connaissance de cause, et confirme s'il y en avait encore besoin, l'impunité policière dans ce pays. Même pour le policier meurtrier de Habib à Toulouse, ils n'avaient pas osé. Le tribunal correctionnel a en septembre dernier condamné le meurtrier à trois ans avec sursis et interdiction d'exercer dans la police. Le meurtrier de Youssef lui, continue à exercer, aujourd'hui à la DST. Il a même été promu par sa hiérarchie. Certains montrent du doigt les jurés de Versailles tirés au sort sur les listes électorales, qui auraient décidé cet acquittement en leur âme et conscience. C'est exonérer trop facilement l'institution judiciaire elle-même. La responsabilité de la présidente de la Cour et de l'avocat général, ainsi que celle de la magistrature dans le déroulement de toute la procédure pendant plus de dix ans, est patente : on se souviendra qu'au moment des faits, le procureur Colleu n'avait pas jugé nécessaire d'ouvrir une instruction, et qu'il aura fallu que la famille se porte partie civile pour voir la justice saisie. On se souviendra du juge Charpier qui avait délivré une ordonnance de non-lieu, évoquant "l'état de nécessité". Et pendant toute la durée du procès, la famille de Youssef, les témoins et le public solidaire des parties civiles ont eu droit à l'inégalité de traitement, à un mépris teinté d'arrogance et de racisme culturaliste. En effet, d'un côté on nous a présenté un policier "bien de chez nous", un fonctionnaire calme et réservé, au passé exemplaire, sans taches. De l'autre, une multitude de remarques stigmatisantes sur le comportement des jeunes et sur leur éducation douteuse. Les policiers solidaires du meurtrier ont pu occuper l'essentiel de la salle d'audience, et il aura fallu sans cesse se battre nous, pour y avoir accès. Parmi les policiers, ceux qui ont récemment été condamnés avec sursis pour leur responsabilité dans la mort d'Aïssa Ihich, tué au commissariat de Mantes. Et dehors, le quadrillage policier autour du tribunal, mais aussi de la cité du Val Fourré, à grands renforts de CRS, de gendarmes et de BAC, a démontré la volonté délibérée d'intimider tous ceux qui se sont mobilisé pour que la justice soit égale pour tous. C'est tout cela que nous appelons la hagra, ici en France. Cette partialité de la justice, en connivence avec les pouvoirs publics, pourtant censés représenter l'intérêt général de la société, dans le déroulement même du procès, bafoue le principe d'égalité de traitement. En vérité, il s'agit là d'une justice coloniale. Dans son réquisitoire, l'avocat-général a bien fait mine de saluer la mère de Youssef qui en affirmant "j'ai peur pour les enfants des autres" a dite "une des plus belles phrases entendues dans une cour d'assises". Il a aussi requis dans le sens de la culpabilité de Pascal Hublot, évoquant un "tir d'arrêt". Mais il a aussitôt affirmé que seuls les gendarmes sont autorisés à tirer de la sorte. Or, en évoquant ce droit, il va dans le sens-même d'une des principales revendications des syndicats de policiers d'extrême-droite, celui du droit de tuer ! Il a aussi considéré que le policier a bien tué Youssef d'une balle dans la nuque, mais "qu'il n'était pas en état de réfléchir ni de penser au moment des faits". Il a ainsi repris les arguments de la défense du policier, basé sur la confusion de deux faits distincts : la mort malheureuse de la femme-policier Marie-Christine Baillet, une demi-heure environ avant la mort de Youssef. Il a lui aussi préparé les esprits à ce que certains commentateurs ont appelé la "légitime panique". Enfin, il a demandé une "peine de principe avec sursis". Une "peine de principe". Mais quel "principe"? Pour nous, il n'y a qu'un principe qui vaille, celui de l'égalité de traitement. C'est une valeur républicaine fondamentale, et un droit des êtres humains inaliénable. Le jeune Saïd Lhadj a été condamné par un tribunal correctionnel, sous la houlette de la même présidente, Mme Muller, à dix ans de réclusion criminelle pour la mort accidentelle de la policière Marie-Christine Baillet. Un élémentaire souci d'équité aurait voulu que Pascal Hiblot soit condamné avec la même vigueur. Le rappeler sans cesse sur la place publique a fini par agacer Mme la présidente, qui a même interrompu le réquisitoire de l'avocat général. Le décor a ainsi été dressé par l'institution judiciaire pour aboutir à une décision inique : l'acquittement pur et simple. Face à ce déni de justice flagrant, qui a choqué bien au-delà des personnes déjà mobilisées, nous en avons appelé à la Dignité. L'heure n'est plus à la seule protestation émotionnelle, aux déclarations tonitruantes ou aux réactions spontanées sans lendemain. A l'énoncé du verdict, des policiers ont crié victoire, et ont accompagné le meurtrier, se livrant à un rodéo nocturne toutes sirènes hurlantes, dans les avenues de Versailles. Ces comportements indignes constituent autant de provocations, de messages de haine. En assumant pleinement notre appel au calme, nous avons clairement signifié notre refus de tomber dans le piège qui nous était tendu. En refusant l'affrontement attendu avec une police toujours plus revencharde, en refusant la spirale d'une violence dérisoire, nous avons tenu à affirmer l'émergence d'une nouvelle force politique capable de faire régner le respect. Et nous saluons tous les jeunes, et les moins jeunes, qui malgré leur immense sentiment de frustration, ont entendu notre appel et ont su maîtriser l'expression de leur colère. Une colère juste, qui saura s'exprimer sur la place publique en temps et en heure. A tous, nous disons : la justice n'est pas quitte. Ni la police. Ni la représentation politique de ce pays : hormis le MNR et le Front national venus soutenir bruyamment le policier meurtrier, nous avons enregistré le silence absolu de la classe politique dans son ensemble. Qui ne dit mot consent. On s'en souviendra longtemps. On s'en souviendra en 2002 ! Certes, l'affaire sera portée devant la cour européenne des droits de l'homme, où nous nous battrons pour absence de procès équitable. Cette nouvelle bataille sera aussi pour nous l'occasion d'internationaliser la mobilisation, en rappelant que partout dans le monde où prévaut la politique de la "tolérance zéro", la criminalisation de l'immigration et des quartiers populaires, on meurt dans la rue, les commissariats ou les prisons sous les coups de l'oppression policière. Plus fondamentalement, la lutte pour que justice soit faite sera longue et difficile. Le procès de Versailles en marque une étape, éprouvante. Mais notre mobilisation n'aura pas été vaine : elle aura dissipé les illusions selon lesquelles on peut avoir, en l'état, confiance dans la justice de ce pays. Elle aura permis de renforcer notre détermination, et elle a dégagé une nouvelle génération militante, notamment à Mantes-la-Jolie. C'est cette génération qui a eu l'idée du serment de Versailles qui, désormais, nous unit : en référence aux révolutionnaires français réunis dans la salle du jeu de Paume le 20 juin 1789, nous avons fait ce vendredi 28 septembre 2001 le serment de ne jamais nous séparer, et de nous rassembler partout où les circonstances l'exigeront, jusqu'à ce justice soit faite pour Youssef et tous les autres. Mouvement de l'Immigration et des Banlieues, le 2 octobre 2001. 26bis rue Kléber, 93100 Montreuil. Tél : 01 48 58 01 92. Pour passer à l'action, nous vous appelons d'ores et déjà à nous retrouver le vendredi 12 octobre 2001 sur la dalle du Val Fourré à Mantes-la-Jolie (Mantes 2), à partir de 16h 30
PROCÈS DU POLICIER HIBLOT 26, 27 & 28 SEPTEMBRE 2001 COUR D'ASSISES DE VERSAILLES (78)
"IL REVIENT À MA MÉMOIRE...." ³ÉVACUEZ MOI TOUT CA !².
Les paroles du président de la Cour d¹Assises de Lyon ce 6 décembre 1985 à la suite du procès du meurtrier d¹Ahmed BOUTELJA sonneront le glas de nos espoirs. Et nous ne les oublierons pas. Le déferlement de violence qui s¹en suivra non-plus. En effet, à l¹annonce du verdict (5 ans dont 2 avec sursis pour trois balles dans le dos), les BOUTELJA (la mère et l¹épouse) crient leur colère. Pour le président, c¹en est trop. Les porcs (les cochons nous pardonneront l¹amalgame) n¹attendaient que celà. Nous subirons une ratonnade organisée et en règle dans la salle des pas perdus. Le lendemain, nous serons montrés du doigt par TF1 comme les fauteurs de trouble !
La Campagne ³QUE VAUT LA VIE DE YOUSSEF ?² est une référence directe à ces évènements. Un clin d¹oeil aussi à la campagne
³QUE VAUT LA VIE DE WAHID HACHICHI?², un jeune de 17 ans assassiné par un beauf à Vaulx en Velin en 1982. Verdict : 5 ans dont 2 avec sursis. Référence à Toufik OUANÈS, 9 ans, abattu par un agent de la RATP à la Courneuve. 5 ans dont 2 avec sursis... à Malika MOULAÏ tuée sur son balcon par un policier à Noisy-le Sec. Verdict, un an avec sursis...
Si les ratonnades ne se passent plus dans la salle des pas perdus, elles ont toujours lieu dans les bureaux feutrés des procureurs, juges d¹instruction et autres ministères de la justice. L¹histoire des banlieues est en effet jalonnée de crimes policiers restés impunis. Tout d¹abord, après le crime, des émeutes, des manifestations sont organisées par les proches, amis, voisins et autres comités de soutien ou associations. Puis des promesses sont faites par des hommes politiques, des magistrats, que ces bavures seront traitées avec impartialité dans l¹indépendance de la justice, blablabla, blablabla... Puis vient le temps de l¹instruction, la famille de la victime se retrouve le plus souvent seule face à la machine juridico-policière. Cela dure 3, 5 ou 10 ans parfois, avant que le procès n¹ait lieu. Et pendant le procès des policiers meurtriers, ce n¹est plus le crime qui est jugé, mais un contexte avec d¹un côté les indigènes des cités et de l¹autre les tenants de l¹ordre public. A moins d¹une exécution pure et simple (affaire Makomé ou Fabrice Fernandez à la Duchère à Lyon), les policiers ressortent libres sans avoir le sentiment qu¹ils ont commis un délit, un crime ou une faute. L¹impunité judiciaire est la règle, la comdamnation, même au sursis, l¹exception. Cela veut dire que la pacification des banlieues a un prix pour les boucs émissaires de la rubrique insécurité. Personne ne pleure ces morts. Les puissants, les politiques, les médias, décretent qu¹il s¹agit de faits divers à ranger dans les poubelles de l¹histoire.
On retiendra par contre les émeutes comme preuve de la sauvagerie de ces populations. La société retiendra nos révoltes comme des cris étranges et étrangers à exclure des livres d¹histoires et de la mémoire collective. On évacue la responsabilité policière, on évacue les fantômes d¹un passé pas si lointain, de la collaboration aux colonies, de Madagascar au 17 octobre 1961. Quand l¹impunité policière devient la règle, il ne s¹agit plus de bavures, mais de messages destinés aux ³ennemis de la République² et autres sauvageons. Comme la torture était un instrument de la colonisation, le crime policier est intégré comme un accident de travail dans la politique sécuritaire et la réappropriation des fameuses ³zones de non droit²....
TOLÉRANCE ZÉRO POUR LES QUARTIERS TOLÉRANCE TOTALE POUR LA POLICE
A TOULOUSE S'est clot le procès en correctionelle
d'Henry Bois, le flic assassin d'Habib en 98, lachement assassiné
par un keuf qui l'a laissé crever sur le trottoir, après l'avoir
touché à bout pourtant. 3 ans après le tueur
toujours
libre depuis le meurtre, n'est pas passé devant une Cour d'Assises
mais en Correctionelle et donc le verdict a été rendu le 6/09/01
: 3 ans avec sursis !!!. Pendant ce temps, Jérome, purge ses 12 ans
de taule pour avoir, lors des émeutes qui ont suivi la mort d'Habib
blessé au bras un keuf à la 22 ... Le verdic sera rendu le
6 Septembre. Nul doute que la justice de classe va encore passer, et que
au plus haut niveau, les meurtres de jeunes vont continuer à être
couverts.
TOLÉRANCE ZÉRO POUR LES QUARTIERS TOLÉRANCE TOTALE POUR LA POLICE
Le Tribunal de Toulouse a condamné le policier BLOIS à une peine de 3 ans de sursis pour la mort du jeune Habib, 17 ans, le 13 décembre 1998 à Toulouse. Rappelons que le brigadier Blois n¹avait pas fait un seul jour de prison et que le procureur avait pris fait et cause pour le policier dès le départ. Ce procès est une énième parodie de justice qui insulte la mémoire de Habib, sa famille, ses amis et le comité de soutien. Encore une fois, un tribunal français s¹est transformé en véritable zone de non-droit. Pendant que les délires sécuritaire et l¹apologie de la tolérance zéro envers les quartiers battent leur plein, les policiers peuvent continuer à insulter, à taper et même à tuer sans être inquiétés. Pour rappel : - Aïssa, 19 ans, mort d¹une crise d¹asthme au commissariat de Mantes la Jolie après avoir été tabassé, en mai 1991. Policiers condamnés dix ans après à des peines de sursis....
- Abdelkader, 16 ans, abattu par le policier Lechiffre en décembre 1997 sur la route de Fontainebleau. Aucun policier incarcéré, aucun procès..
- Sydney,25 ans, mort la cage thoracique enfoncée lors d¹un contrôle d¹identité en novembre 1998 à Tourcoing. Policiers condamnés à des peines de sursis...
- Ryad,23 ans, abattu d¹une balle dans la tête en août 2000 à Lille. Policier inculpé d¹homicide volontaire et remis en liberté. Pas de procès à ce jour...(...)
Tant que la justice continuera à considérer les jeunes des quartiers comme du gibier pour policiers à la gachette facile, tous les discours sur la citoyenneté et l¹égalité de traitement sonneront creux à nos oreilles. Face à la violence et la partialité de cette justice, nous ne resterons pas les bras croisés à attendre une prochaine victime. Chacun doit prendre ses responsabilités. Pour notre part, nous donnons rendez-vous à tous ceux que ces décisions crapuleuses révoltent à se rassembler au tribunal de Versailles (78) les 26, 27 & 28 septembre 2001 à l¹occasion du procès en assises du policier Hiblot, meurtrier de Youssef KHAIF en juin 1991 à Mantes la Jolie, afin de mettre alors collectivement en accusation les institutions policières et judiciaires de ce pays.
MOUVEMENT DE L¹IMMIGRATION ET DES BANLIEUES
Leur faire la guerre puisqu'ils nous l'ont déclaré !
09/09/2001
JUSTICE POUR HABIB ET TOUS LES JEUNES
ASSASSINNES
Trois décès
en détention dans une même famille à Strasbourg. (02/2001)
Madame
Ihich dont le fils Aissa a été tué par la police
:"J'attends la justice,
même 10 ans après..." (02/2001)
/13/12/98 toulouse is burning
toulouse brule, ils ont tue Habib !
REPRESSION : Le local
parisien du MIB evacue par la police 20/05/00
Un enseignant de la Zep du Mirail, qui connait depuis plusieurs annees le quartier et sa situation scolaire, dresse un constat alarmant. Derriere un &laqno;decor» de façade, c'est tout un quartier qui est laisse a l'abandon, avec des familles dans la misere et les jeunes dans la rue.
Interview du MIB Mouvement Immigration Banlieue
Le MIB est l'un des seuls mouvements d'auto-organisation des jeunes des quartiers. Il lutte prioritairement contre les violences et les meurtres policiers, contre la discrimination, pour la Justice dans les cites...
Les cites en chiffres (statistiques des cites toulousaines)
Sur la base des stats des quartiers du Mirail, La Faouerette, Empalot, Bagatelle, la composition sociale des quartiers...
Ils ont tue Habib ! assassine par la police a Toulouse
en Decembre 98
Au Mirail, l'association le 9BIS organise les jeunes.
Interview
Apres l'assassinat d'Habib par la police, les jeunes du Mirail ont decide de s'organiser pour faire la lumiere sur ce meutre policier de plus...
Securite, securite, a propos de la police dans les quartiers
UN PARE-BRISE NIQUe... 8 MOIS FERMES - 1 600 JUIFS CRAMES... PReFET, MINISTRE...
DEUX ANS APRES LA MORT D HABIB, ETAT DES LIEUX
En decembre 1998 a Toulouse, etait abattu par la police un jeune du Mirail : Habib. Deux habitants du quartier temoignent de cette affaire, que les autorites cherchent a enterrer.
- InfoSuds : Depuis la mort d Habib comment a evolue le quartier au niveau infrastructures, flics, ambiance...?
- Ce qu ils ont rajoute deja, c est plus d ADS (des ilotiers) pour controler les populations de plus pres. Ensuite, au niveau infrastructures, y a plus rien, y reste plus rien. Tout le monde a envie de tourner la page. La mort d Habib restera gravee dans les memoires, mais c est toujours en suspens, on attend. On attend le proces et on verra.
- IS : Les ADS (Adjoints De Securite), c est nouveau comme fonction ?
- Oui, et en plus ils nous les mettent de couleur, pour nous dsire que la police n est pas raciste. Ou elle est la police de couleur ? elle est en ADS, les dernier des petits pions. Elle est pas au niveau superieur, commissaires ou ceux qui dirigent.
- Ouais et en plus ils sont plus agressifs, ils caressent leur matraque, leur revolver, ils jouent toujours a la provoc, en y prenant du plaisir. Et si tu bouges, ils tapent.
- IS : Pour le proces d Habib, ils en sont où ?
- Pour le proces en tout cas, y a que des vices de formes, des vices de procedure, y a que ça. Comme ça, normalement, le proces il est gagne. Mais ça traîne, la famille n est pas au courant, aucune information ne sort du tribunal, y a rien. Et en plus pour un acte comme ça, la personne devrait être en preventive. Mais elle a pas fait un jour de preventive, elle est libre. Alors que le gars qu ils ont chopes apres les emeutes et qui est passe en proces aux assises en decembre pour avoir tire sur un flic, a deja fait 2 ans de preventive et a pris 12 ans ferme, une grosse peine. Et pour un meurtre on prend moins, surtout que lui ne passe qu en correctionnelle. Comme ça, la justice montre a quel point elle est puissante, et que y a rien pour nous. Nous on paiera toujours plein pot. C est sur nous qu on tape. Mais avant nous, c etait les Italiens, et nous on a herite de tout, de bicot, de melon... et le probleme c est que nous on est marron. Et un mec type comme moi, si je mets une casquette, ou habille en rappeur, c est bon, c est 5 controles de police par jour. Ca passe pas. J ai beau essayer de changer, ma tenue vestimentaire depend du controle de police. Mais c est depuis tout petit en plus qu on est dans un climat de soupçon. Je vais a Decatlon, on me surveille, dans une grande surface, on me surveille, dans un bus, on me controle... et c est qui qui surveille? soit un bicot comme moi, soit un black. Et c est 24h/24 qu ils mettent la pression. Et apres, faut pas s etonner que ça derape.
- IS : A part la famille qui suit l affaire, est-ce qu il y a du monde derriere ?
- Non, ça y est, tout le monde a baisse les bras. On est d une impuissance totale. Qui peut soulever un rocher, on peut pas. C est comme ça depuis des annees et ça durera tant qu on sera pas organise; - La justice en France, c est la chaise electrique qui est au bout du bras du policier. Le petit Habib (et les autres jeunes qui se sont fait flinguer par la police), pour moi, c est la chaise electrique sans proces.
- IS : Pour la reconstitution, est-ce que vous avez eu des infos sur la procedure?
- Ils soutiennent toujours la these de l accident, personne n a acces a ces infos. J ai vu un scenario sur un film qui va se faire sur les evenememts, où l on entend la police parler en disant que le flic "n avait pas senti le coup de feu partir". Mais c est flagrant, ils l ont bute et apres ils sont partis. Ils l ont laisse crever et se sont dit "on verra apres". Ils sont nazes, combien de fois j ai eu affaire a eux, ils puent la vinasse. Combien de fois ils m ont traite de sale bicot, combien de fois ils m ont traîne... La justice et la police nous montrent a quel point ils se couvrent, ils sont intouchables : "nous on fait ce qu on veut, il faut pas nous faire chier, on vous bute, on vous massacre, on vous controle dans la rue comme des chiens", et c est comme ça. Et en plus le mec qui etait avec Habib le soir du meurtre, a lui, y a un juge qui lui propose de se taire, de se faire oublier parce qu il avait fait une petite connerie. Qu est ce que ça veut dire ?
- IS : Et par rapport a Jerome, le mec qui est passe en proces aux Assises, qu est-ce que vous en pensez ?
- Ils l ont juge pour les emeutes, Jerome a ete le dindon de la farce, voila. Ils en ont attrape un, et ils l ont pas lâche. Faut pas toucher a eux, c est ce que ça dit. Ca a toujours ete comme ça. On se demande si on est considere comme des humains. Quoique lui, il etait metis, il etait fifty-fifty, il representait aussi bien la France que le Maghreb.
- IS : Par rapport aux elections qui vont avoir lieu pour la mairie, comment vous voyez votre combat ?
- Si de notre cote on est pas structure, si on ne represente pas une force quelconque, une force politique, le calme peut durer longtemps... Il faudrait que tout ce qui est bronze, tout ce qui est noir, qui a les yeux brides, les exclus, tous ceux qui se sentent rejetes par cette societe s organisent... On nous a mis dans la tête qu il faut pas calculer la politique, qu il faut s en foutre, alors que c est faux. Ils nous font croire en leur economie, pour nous occuper, c est la course a lŒargent. Ce qui a divise tout le monde en nous faisant croire que les autres a cote, c etait les ennemis, et pareil pour l autre. Ca fait qu ils nous ont casses. Alors nous, on essaie de recoller tout ça, de trouver une force unique, un bloc pour faire face. Parce que la, on ne peut rien faire. Alors qu y a tout a refaire. La societe française nous prend pour des cons, mais il faut pas oublier qu on a eu votre education, vos cours. Vous donnez des leçons de democratie, nous qui sommes en bas et ecrases, alors qu on le ressent encore plus, ce besoin de democratie. Mais il va falloir songer a se reveiller et a evoluer. On est en 2001 et on est encore en train de se massacrer, pour les religions, pour le petrole, pour le fric, les diamants, l or... Ca change pas, les baleines evolueront, mais pas nous !
Interwiew realisee le 16 janvier 2001 par Tof . Voire l'interview suivant réalisé avec les mêmes 2 ans après