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INTERVIEW

Le 9 Bis, association de jeunes du Mirail, en luttes contre le meurtre d'Habib.

Suite à la marche du 27 mars organisée en l'honneur de Habib (assassiné par un keuf le 13/12/98), nous avons reçu Farid et Kader, de l'association "9 bis", dans le cadre de notre émission sur Canal Sud. Depuis, trois des membres fondateurs, dont le président et le trésorier, sont en taule, soupçonnés d'être les auteurs d'une série de casses. La Dépêche s'est empressée d'accorder au "9 bis" une publicité qu'elle ne lui avait jamais faite auparavant, pour mieux l'enterrer à coups d'amalgames, sous le titre "Les casseurs toulousains jouaient le double jeu". Faut dire que ça arrange beaucoup de monde de discréditer les activités du "9 bis", et le mouvement qu'il avait initié. Qu'il s'agisse de faits réels (on s'en fout), ou d'une grossière manipulation médiatico-policière (là, on s'en fout plus du tout), l'analyse de ces jeunes sur leur quartier reste pertinente et d'actualité.

Pour commencer, peux-tu nous faire un état des lieux sur le Mirail avant la mort de Habib (c'est le jeune assassiné, à l'origine des émeutes qui ont eu lieu en décembre 98 au Mirail) ?

Entre avant et après, par rapport à la mairie il n'y a pas beaucoup de changement. Si ce n'est pas nous qui faisons bouger les choses, rien ne se fait. Déjà, avant la mort d' Habib, il y avait beaucoup de tensions. La cause de tout ça, c'est le principal problème du quartier : la discrimination. Tu veux un boulot : y a rien. Tu veux aller en boîte : tu rentres pas. Quant à l'éducation, si t'es hors circuit, t'es à la rue : y a plus rien pour toi ; alors tu restes au quartier à subir les flics.

Tu pourrais nous parler du chômage car c'est un problème sérieux (plus de 30% de chômeurs sur le quartier) qui contraste avec la forte concentration d'entreprises multinationales sur le quartier ?

Comme je te disais, y a rien pour nous. De plus ils n'assurent pas la formation des jeunes même si certains n'ont pas le niveau. Ce qu'on ne comprend pas aussi, c'est pourquoi les entreprises autour du quartier n'embauchent pas de gens du quartier. Tu vois, ils prennent des bus, ils vont à l'extérieur de Toulouse chercher du monde alors qu'il y a beaucoup de monde sur le quartier qui veut travailler. Tiens, regardes au Casino (grande surface sur le quartier), il n'y a aucune maghrébine, aucune black à la caisse ; que des blondes. Même une brune qui vient, elle se teint en blonde.

Il y a des circulaires racistes qui circulent dans les bureaux des responsables d'embauche de ces boîtes, genre Motorola. Dessus, des consignes pour ne pas employer des gens de couleur, surtout s'ils viennent du quartier. A la poste c'est pareil : même à l'ANPE, y a des annonces discriminatoires.

Et le problème police-jeunes ?

Ben y a des contrôles au faciès, des passages à tabac. Quand il y a des témoins, ils te contrôlent gentiment, mais dès qu'il n y a personne, le soir, dans une ruelle, et ben vas-y que j'te mets les gants en cuir, j'te mets une tarte ; ça se passe bien quand tu manges une gifle ou deux. Les insultes racistes j't'en passe, du genre retourne chez toi : ça ravive la haine, c'est tout.

Que se passe-t-il le soir, quand les associations rentrent chez elles ?

En ce qui concerne les associations, elles sont inefficaces au quartier. C'est juste pour dire que la mairie a fait ceci ou cela, c'est tout. Ou alors pour faire croire aux jeunes qu'on s'occupe d'eux. D'ailleurs, les jeunes, ça fait deux ou trois ans qu'ils n'y vont plus, à part peut-être pour faire un CV. La principale préoccupation de ces assos, c'est la chasse aux subventions. Après, les problèmes des gens, ils s'en foutent. Ils se font la guerre entre eux, à savoir qui obtiendra le plus de subventions. Vas-y, je te mets 60 jeunes qui viennent sur les rapports, quand personne ne vient en vérité : facile, y a aucun contrôle. Tu prends un éducateur, il vient de 8h à 17h alors que les problèmes commencent à 18-19h. Là y a plus personne sauf les flics, le quartier est livré à lui-même, pas de lieu pour les jeunes, pas de bistrot, le désert. De plus l'éducateur n'est pas là le week-end alors que nous on galère. Même quand il est là il ne sort pas de son bureau, il ne vient pas sur le terrain, alors il ne voit rien de ce qui se passe. C'est vrai aussi que les jeunes ne sont pas habitués à aller les voir. Ce qui fait que quand on parle du problème, c'est comme une découverte pour eux. Il y a aussi ceux que l'on appelle les filtres : c'est des types qui, pour ne pas perdre leur place, parlent à notre place. Ils ne connaissent ni nous ni nos problèmes. Alors voilà, nous maintenant on en parle. Enfin, il faut dire que si un salarié associatif veut vraiment faire quelque chose, il risque son job. Et puis il y a aussi le chantage par les élus, ce qui fait qu'au bout du compte elles ne servent strictement à rien.

Aprés ce constat qui nous aide à mieux comprendre, revenons un peu sur les émeutes : est-ce que c'est une prise de conscience émotionnelle, genre la mort d'Habib c'est dégueulasse, ou est-ce vraiment politique, genre au-delà de la mort d'Habib c'est tout un système ?

Au début, c'était surtout émotionnel, on savait pas, on s'intéressait pas à la politique. Mais après, tu vois, tout le monde disait que c'était la faute des jeunes. Alors, à force, on a fini par y croire. Mais, tu vois, après la mort d'Habib il y a eu les émeutes, la haine l'a emporté sur notre conscience. Ensuite, c'est bien beau les émeutes, mais ça ne va pas durer des années.

Il faut quand même remarquer qu'il y a eu un contraste énorme entre la violence des émeutes et la dignité des marches silencieuses qui ont été organisées. Quand les ministres traitent les jeunes de sauvageons, n'essaient-ils pas de coller une image sur les jeunes?

Bien sûr, les médias c'est aussi une arme politique. Mais bon, revenons à aprés les émeutes, car là, on à commencé à discuter entre nous pour chercher des solutions pour que ça change. C'est là qu'on a décidé de monter une association. On pense que c'est la meilleure solution parce que comme ça, on est mieux écoutés, puis on est un groupe, on n'est pas isolé.

Comment s'est montée l'association ?

Par une prise de conscience aprés la mort d'Habib et aussi parce que il y a eu un afflux de journalistes, qui nous ont collé une mauvaise image. Tu sais, nous on était pas habitués à ça. Tu aurais vu comme ils sont arrivés aprés les émeutes, c'était méchant. Après tout ça, on a créé l'association &laqno;9 bis». C'est un nom symbolique, c'est le lieu ou les jeunes de la Reynerie se rencontrent.

C'est ce que vous voulez être : une association de rencontre, de réflexion et d'action ?

On a surtout deux buts. D'abord lutter face aux injustices, c'est à dire aider les jeunes et les familles face à l'injustice et aux discriminations raciales. Ensuite, nous voulons favoriser les rencontres interculturelles et intergénérationnelles. Si tu as remarqué à la marche (manif du 27 mars), il y avait des gens de différentes générations et cultures. C'est lié à un problème du quartier ou il a les jeunes d'un côté, les vieux de l'autre et aussi pas de liens entre personnes de différentes cultures. Or depuis la mort d'Habib, on se rencontre. Les gens au début venaient avec une idée des jeunes qui n'était pas la bonne. Plus tard, en nous parlant, les gens ont changé de point de vue. Parce que pour nous juger, il faut connaître nos conditions de vie. En leur expliquant tout ça, ils nous ont compris.

&laqno;...des fois, y'en a ils te font 2 heures de débat sur un boulon...»

Parle nous un peu de cette association, de ce qu'elle a déjà fait ?

Tout d'abord, à d'Indy (la rue du &laqno;9 bis»), l'état d'esprit des jeunes a changé. Ils commencent à s'intéresser à la politique. Avant, ils ne calculaient pas, ils ne pensaient pas que les problèmes étaient liés. En rentrant dans le monde associatif, et en ayant des contacts avec d'autres gens, on s'est rendu encore plus compte de son importance. Au départ, on s'est dit que l'on devaient s'occuper de l'affaire d'habib. En faisant cela, on a rencontré pas mal de monde et on a compris pas mal de chose. D'abord, qu'il fallait qu'on vote, donc on essaye d'amener les jeunes à voter pour impliquer les élus locaux, pour qu'ils nous prennent en considération. Afin de combattre la milice du quartier qui s'arme pendant les émeutes et qui est immédiatement reçue par le maire.

Tu veux dire qu'une milice existerait dans le quartier?

Elle a existée au départ, c'était des locataire qui s'armaient. Seulement aprés, les médias sont venus et on leur en a parlé. Alors, pour pas se griller eux-mêmes, les miliciens ont planqué leurs armes. Je peux te dire qu'il y a pas mal de jeunes qui voulaient dialoguer, parce qu'on essaie de dialoguer avec la police et les miliciens, mais il n'y a pas moyen de les rencontrer à huis-clos. Il y a toujours un élu local qui s'interpose, tout ça parce que ces &laqno;gens» votent. Pour intéresser les élus, on va voter. Cependant, on à aucun partis politique qui nous représentent, gauche, droite, milieu, y a rien pour nous. Déjà ça serait pas mal si quelqu'un le faisait. Ca changerait beaucoup de choses. Sinon on essaie aussi d'établir un dialogue avec la police, parce que les passage à tabac et les contrôles au faciès, y en a marre.

Comment se sont passé ces contacts avec les autorités ? Est-ce de votre propre initiative ? Comment étiez-vous reçus ? Il y avait-il un réel dialogue ou restaient-ils sur leurs positions ?

On est allé les rencontrer pour voir comment ils nous percevraient. Ils nous ont dit pour l'affaire d'Habib : &laqno; Bon vous comprenez, on n'y peut rien, on peut pas prouver...» Voilà le problème : en France les flics sont impunis. Alors on leur a dit basta, il faut se calmer. Depuis qu'on parle des problèmes, que les gens prennent conscience, il y a moins d'émeutes à la Reynerie. Parce que les émeutes, c'était pas seulement après la mort d'Habib ; il y en avaient déjà avant, même si c'étaient pas médiatisé. Maintenant, ils font attention. Par exemple, un dimanche aprés midi, il y avaient des enfants qui jouaient à l'élastique, et les flics ont jeté des gaz lacrimo à côté d'eux. La semaine dernière, la dépêche à dit que 40 jeunes ont assailli les flics, alors qu'ils n'étaient que trois ou quatre. Seulement ces jeunes ne croient pas à ce qu'on fait tellement la haine est profonde. Il faut travailler avec le temps pour les ramener à la raison, tellement le désespoir est fort. Cependant, on a rencontré le directeur régional de la police, qui nous a bien reçus et nous a promis de faire le ménage dans la police, d'enlever toutes les brebis galeuses. Mais bon, c'est peut-être tactique, parce que ces gens-là, entre ce qu'ils disent et ce qu'ils font, faut voir...

A part Habib, vous êtes-vous occupés d'autres affaires ?

Oui. Tu sais, il y a pas mal de jeunes qui sont en prison pour rien. D'ailleurs, je vais te raconter une anecdote : il y a un jeune qui s'est fait arrêter à la sortie du bahut. Il est allé en prison alors qu'il y avait des preuves de son innocence. Nous avons donc rencontré l'avocat et le juge. On s'est renseigné sur les possibilités, ils nous ont dit qu'il fallait faire appel. Cependant, en attendant le procès, le jeune devait rester un mois et demi en taule. On s'est donc mobilisés et on est partis à une quinzaine de jeunes au tribunal. Là, on a appelé les médias et ainsi, trois, quatre jours après, ils l'ont libéré. Bien sûr il y a d'autres cas dans ce genre, et nous, on voudrait les aider.

Qu'as-tu pensé de la marche du 27 mars dernier ?

Tout d'abord on a prouvé à pas mal de gens qu'on pouvait bouger dignement et tranquillement, contrairement à ce qu'ils croyaient. On devait être reçus par le préfet, mais il ne l'a pas fait. Il nous a donné un rendez-vous. Une délégation de la marche est venue le voir et a revendiquée tout ce qu'on pouvait revendiquer : qu'on nous prenne en considération, qu'on nous donne les moyens de nous en sortir.

Et s'il ne le fait pas ?

Ben on continuera. C'est un travail à long terme. Déjà, en trois mois depuis la mort d'Habib, on en connaît pas mal sur la Reynerie, parce qu'avant, entre les gens de la ville et du quartier, il y avait une coupure. Même si elle y est encore, les gens commencent à nous connaître, il y en a même qui ont changé de point de vue par rapport à nous.

Quelles sont vos perspectives ?

Déjà pour nous c'est peut-être un rêve, mais quand le flic sera puni pour sa bavure (Habib), ce sera un grand pas. On ne sait pas comment y arriver, mais on essaie de sensibiliser et de mobiliser un maximum de gens. Ce sera dur. La police a la complicité de la Justice, et l'Etat ferme les yeux ; ça fait que les bavures, tant qu'elles ne sont pas médiatisées, passent inaperçues. Mais on ne lâchera pas le morceau, car leur tactique c'est d'étouffer, d'endormir l'affaire. Aussi, amener les jeunes à voter, c'est un de nos axes primordiaux, surtout pour les élections municipales, parce que ça fait je ne sais pas combien d'années qu'on subi la politique de Baudis, et que nos problèmes, il a tendance à les cacher. Mais depuis les émeutes, il en a pris plein la figure, son attitude a été ignoble pendant les émeutes ; il a juste parlé du matériel, et n'a ni évoqué la mort d'Habib, ni donné ses condoléances à la famille. Il ne regarde que l'équipement. Regarde ce qu'il nous fait : il nous a mis des blocs de béton, vilains comme je ne sais pas quoi, 60 000 balles, deux tonnes cinq, en plein milieu des portes et des passages. Alors qu'au quartier central de Bonnefoy, il aurait mis de superbes plantes, de superbes fleurs et tout. Faut bien dire, la mairie nous a mis un lac, c'est beau mais qu'est-ce que tu veux faire avec un lac, à part le regarder. Ou alors elle te met un banc, ou des ronds-points. C'est le meilleur moyen de détourner des francs : à 100 millions le mètre linéaire, ils ont de quoi faire. C'est comme les pavés en ville, tout ça pour des pots de vin. On est victime du &laqno;baudisme», depuis je ne sais pas combien d'années, faudrait changer un peu.

Est-ce que vous avez des perspectives concrètes de travail sur le quartier ?

Oui, on voudrait mettre la pression sur les associations qui travaillent sur le quartier, et qui ne valent rien. Et puis on voudrait une maison de quartier, parce qu'à Arnaud Bernard et partout en ville, il y en a une : pendant la marche, même si ça s'est pas trop entendu, on revendiquait une maison de quartier. Parce que tu vois, pour organiser la marche, on s'est rencontrés avec pas mal d'habitants. Et ben pour se réunir et parler entre nous, on se retrouve dans des petites salles de 20 m2, où il y a 100 personnes qui veulent parler... c'est impossible, les conditions sont mauvaises.

N'avez vous pas essayés de voir au centre culturel de Bellefontaine ?

Non, nous, on voudrait une salle de quartier à la Reynerie, parce que c'est un quartier très vaste et qui compte des dizaines de milliers d'habitants, et la Reynerie, ce n'est pas Bellefontaine et vice versa. Mais n'entendons pas par là que l'on mette des barrières. Même, je vais te dire, il y a des jeunes qui ont monté une association à Bellefontaine, et nous, pour amener les jeunes à voter, on va dans d'autres quartiers comme Bellefontaine pour montrer l'exemple.

As tu l'impression que cette effervescence est un mouvement qui est récent, qui grossit et qui veut faire bouger les choses sur le quartier ?

Bien sûr, il y a des gens qui veulent faire bouger les choses, mais il y a aussi les renards, les élus qui viennent et qui veulent tout récupérer. Tu vois, nous on est indépendant. D'ailleurs, il n'y a pas que les élus, il y a aussi les associations qui veulent nous tirer de leur côté. Mais nous, on est conscient. Des fois à des réunions, tu te laisses un peu aller, seulement, quand tu reviens au quartier, il y a le jeune, ton collègue, qui te réveille . Et c'est bien. Nous on est au coeur du problème, on y est 24h/24 et on discute entre nous. Quand tu vois les réunions institutionnelles, elles parlent de rien : tout est fait pour éviter de parler des problèmes.

D'ailleurs, leur dernière initiative, c'est le IHESI à travers un questionnaire qui vient de sortir. Le IHESI, c'est l'Institut des Hautes Etudes sur la Sécurité Intérieure créé par Pasqua. C'est un truc complètement facho qui fait des études et les transmet aux flics pour qu'il y ait adaptation des méthodes sur le terrain. Donc là, ils sont en train de balancer à tous les travailleurs sociaux un questionnaire d'une douzaine de pages sur la sécurité. Alors tout est fait pour que tu répondes : oui j'ai peur, oui ça craint... Les questions sont tellement bien posées que tu ne peux pas répondre autrement. Comme ça, ils pourront dire que les gens du quartier veulent plus de flics. Ils veulent mettre plus de flics pour régler les problèmes, mais ça changera rien. Si les politiques mettaient la pression sur les multinationales, y aurait moins de chômage et sûrement moins d'insécurité. Alors que le CRS, qu'est-ce-qu'il fait ?

Au contraire, tu as déjà cette haine comme quoi tu travailles pas, tu peux pas aller t'amuser, t'es dehors, tu galères. Y en a qui restent de 11 heures du mat à 1 heure du mat à fumer des joints devant le bloc, à passer le temps. Alors, quand arrive un CRS, il les insulte, il les tape, donc c'est normal qu'il y ait une haine qui augmente.

et le le maire...?.. (Baudis)

on l'appelle l'anguille !»

Et donc tu nous disais que maintenant vous discutiez?

Même avant, on discutait dans les coursives, en bas des immeubles, mais on parlait de tout et de rien. Tu sais, des fois, il y en a qui te font 2 heures de débat sur un boulon... Alors pendant un an tous les soirs, comme on n'avait rien d'autre à faire, on avait le temps d'en voir des sujets. Mais avec l'association, maintenant on parle politique, de Baudis, de De Veyrinas (adjointe de ce dernier). D'ailleurs, avant les élections, on l'a vue et après pfuitt. Comme Mignon (député PS), tu vois, on en avait marre de De Veyrinas, elle en a profité, elle est venue, elle a promis et depuis, on l'a plus revue: c'était il y a 2 ans et demi. Ah si ! Une fois quand une équipe de foot du quartier a été qualifiée pour aller à Marseille. Elle a appelé la Dépêche, elle est venue faire une photo, tout le monde avait le sourire sauf elle. Elle se sentait mal au milieu des jeunes. Parce que les jeunes revendiquaient aussi malgré la photo. Après elle a envoyé un tract comme quoi elle avait rencontré des jeunes. C'est pas vrai. Elle est de gauche, mais elle est pire que De Veyrinas, parce que De Veyrinas, entre parenthèses, c'est une pourrie aussi. Mais malgré ça, on la voyait 3 ou 4 fois sur deux ans.

Avez-vous eu des contacts avec d'autres organismes comme le MIB sur Toulouse et ailleurs?

Oui, un peu. Mais si tu veux, on prend pas de contacts, parce qu'au départ, quand on s'est créé, les gens croyaient qu'on tiendrait pas, que c'était un coup de nerfs. Ils nous ont donné tous les meilleurs conseils pour rester dans une association et ne pas se faire récupérer. Maintenant qu'on l'a montée, on ne nous donne plus de conseils. Mais bon, on a rencontré tout le monde : le MIB, le FASTI, les assos du quartier, des élus locaux, le Conseil Général... même le maire, mais on a dû le coincer au théâtre de la Cité. Nous au quartier, on l'appelle l'anguille ! Car à chaque fois que tu lui parles d'un truc, il se faufile... On est prêt à travailler en partenariat, mais on ne veut pas se faire récupérer.

Tu parlais d'une autre association qui s'est montée sur le quartier ?

Oui, Corail. Se sont des locataires qui l'ont montée et ils ont laissé la direction à d'autres jeunes. C'est plutôt dans le culturel. Si tu voyais leur local, c'est là où Reynerie Service rangeait les balais. Ca fait à peine 20 m2 ! Alors qu'il y a des associations qui ont des appartements et on les voit jamais. C'est des associations si cachées qu'on se demande si c'est pas les RG. Parce que nous en face, on a les RG qui racontent n'importent quoi, comme quoi il y a des jeunes qui en payent d'autres pour lancer des cailloux. C'est pas vrai ! Franchement, si on était une mafia, on gagnerait bien notre vie et on ne se ferait pas chier à monter des associations ni à perdre notre temps à jeter des cailloux. Regardes Corail : A d'Indy tout le monde croyait que c'était le Bronx, depuis il y a des gens qui viennent de la ville, qui se rendent compte que les jeunes, c'est pas des monstres.

Qu'est ce qu'il faudrait pour le quartier ?

Une maison de quartier, un lieu de rencontre pour les habitants, qu'on arrête de donner des subventions pour rien et qu'ils contrôlent ce qui est réalisé pour que les assos travaillent véritablement sur le terrain. Qu'on arrête les contrôles au faciès, qu'on ait une police qui soit respectable et, qu'au moins, les entreprises présentes sur le Mirail embauchent sur le Mirail.

Et l'union des luttes, êtes vous pour manifester avec les chômeurs et les sans-papiers, par exemple?

Déjà, il y a TO7 sur le quartier. On est prêt à soutenir les sans-papiers et les chômeurs. Il faut que la cité fasse un bloc parce que déjà on nous a trop séparés, c'est le fameux diviser pour mieux régner. Le jour où un vieux parlera pour un jeune et vice versa, on aura fait un grand pas. Aussi, je voudrais dire que les médias nous ont salis (ndlr : et ça continue !) et c'est dégueulasse, alors qu'ils n'ont pas dit que les flics tiraient dans les balcons et les coursives. Quand le grand patron arrive, ils se calment, ils font les sages et dès qu'il s'en va, ils recommencent. Il faudra leur dire que la guerre d'Algérie, c'est fini.

Y a-t-il toujours une présence policière forte ?

Il n'y en a pas en plein coeur du quartier, pour ne pas provoquer de troubles, mais c'est pire, ils sont tout autour du quartier, et quand on veut en sortir, c'est le contrôle avec l'arrosage de PV. Dès que les travailleurs sont partis, le terrain est aux CRS. La nuit, c'est les contrôles au faciès, les passages à tabac, etc. Ils se croient à Sarajevo. Ils font tout pour nous discréditer : alors voilà, on réagit avec cette assos, le 9 bis.

Interview réalisée le 31 mars 1999 à radio Canal Sud, 92.2 MHz.

 

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