Trois militants anti-nucléaires de Stop Golfech comparaissaient ce jeudi pour être montés en mai 96 sur une tour de refroidissement de la centrale de Golfech, afin d'attirer l'attention du public et des autorités sur les dangers du nucléaire, et la nécessité d'en sortir. Ils ont exposé devant la cour les raisons profondes qui ont motivé leur geste.
Aujourd'hui, le nucléaire occupe régulièrement le devant de l'actualité : wagons contaminés, amibes dans la Garonne, travailleurs irradiés, fuites radioactives, problèmes techniques graves sur les nouveaux réacteurs Chooz et Civaux, risques d'accident majeur dans notre pays. Difficile actuellement d'ignorer le manque de transparence, et même les mensonges du lobby nucléaire. En tout cas, le président de la Cour a entendu de notre avocat (François Roux, du Barreau de Montpellier) les citations de Corinne Lepage, ministre de l'Environnement du gouvernement Juppé, dénonçant explicitement les pressions, falsifications, mensonges dont elle a été l'objet, lui faisant conclure que le lobby nucléaire en France est de fait hors de l'état de droit. Nous aurions pu aussi citer le livre &laqno;Ce nucléaire qu'on nous cache», sorti ce mois, qui corrobore ce constat de la part de la députée de la Drôme Michèle Rivasi.
Pourtant, les temps pourraient changer. François Roussely, nouveau président d'EDF, ne déclare-t-il pas : &laqno;la préparation de l'avenir nécessite de travailler sur les autres filières (...) qui ont leur place dans les choix futurs» (rapport interne d'EDF cité par Libé le 21 10 98). Selon les dires de François Roussely, le nucléaire n'est plus assuré de rester le roi de l'électricité française. De plus, la décision de l'Allemagne de sortir du nucléaire de façon &laqno;irrévocable» (Gerhard Schroeder et les Verts), hypothèque gravement l'avenir du projet franco-allemand EPR, qui aurait pu prendre la relève des réacteurs actuels.
Pour notre part, la caravane d'une vingtaine de personnes qui a relié Golfech à Toulouse en &laqno;tri-vélo» à travers villes et villages, ainsi que la semaine d'information sur le nucléaire organisée à l'Atelier Idéal de Toulouse, nous ont permis de rencontrer des milliers de personnes. Nous avons ressenti dans cet échange le divorce croissant entre la propagande d'EDF et la réalité vécue : inquiétude forte sur les problèmes sanitaires, amibes, pathologies thyrroïdiennes et prise de conscience d'un accident majeur, nié autrefois par EDF lors de l'implantation d'une centrale nucléaire.
A l'occasion de la distribution de notre information à l'intention des travailleurs de Golfech le 19 octobre, nous avons pu constater leurs questionnements sur les dangers réels dans leur travail (faibles doses) et la possibilité de produire autrement (discussion autour de la décision allemande d'arrêter le nucléaire).
Pour Stop Golfech, quelle que soit l'issue du délibéré fixé au 12 novembre 98, dont nous espérons qu'il sera le reflet de la prise de conscience actuelle, nous continuerons à réclamer de toutes nos forces le débat devant déboucher comme dans le reste de l'Europe sur une décision immédiate de sortir du nucléaire.
Contact : Stop Golfech. O5 53 98 49 38 ; 05 53 95 82 31. 108 boulevard de la Liberté. 47000 AGEN.
Atelier Idéal,
La Chapelle. 36 rue Casanova.
31000 TOULOUSE. 05 61 23 61 08.
ndlr:Et sortir du nucléaire, ce n'est pas juste geler les programmes pour dix ans et quelques changements gouvernementaux, mais bien assurer le démantèlement et la gestion des déchets.
- Octobre 1998 -- Article paru dans le N23 d'InfoSuds
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N19-Juin 97