NUCLEAIRE : POURQUOI ATTENDRE L'ACCIDENT ?

 

Malgré l'abandon de l'énergie nucléaire civile dans la quasi totalité des pays industriels à cause de son coût prohibitif et de son extrême dangerosité, seule la France (et le Japon) poursuit le développement du tout nucléaire par prestige technologique et pour le plus grand profit de son lobby énergétique. Face à la multiplication des &laqno;incidents» au sein des générateurs et devant l'accumulation des déchets toxiques dans l'hexagone, aucune mesure de protection médicale massive n'est envisagée par les services publics... Pourtant, l'arrêt immédiat et définitif de la menace nucléaire est possible en réutilisant les centrales électriques classiques. Mais nous devront auparavant abattre le fascisme technologique.

 

Suite au premier essai nucléaire effectué par l'armée française dans le désert algérien en 1960, le Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) décide de concrétiser ses recherches dans le domaine civil par la construction des surgénérateurs &laqno;Phénix» à Marcoule (Gard) en 1961 et &laqno;Rapsodie» à Cadarache (Bouches-du-Rhône) en 1967. Sous prétexte de crise du pétrole en 1974, EDF précipite la fabrication des centrales nucléaire civiles, dont les premières sont mise en service dés 1977. Fin 1997, la France disposait de 57 réacteurs à eau pressurisée (uranium) et devenait ainsi le pays le plus électronucléarisé du monde, soit 1 réacteur par million d'habitants... Avec 82% d'électricité nucléaire, la France ne tient cependant que la seconde place mondiale derrière les 87,5% de la Lituanie ! Cette compétition atomique n'est en fait qu'une course en duo avec le Japon, unique pays industrialisé à suivre le cas français avec 52 centrales en activité en 1995 et 62 prévues pour 2010... Car l'électronucléaire ne représente finalement qu'une très faible partie de l'énergie consommée dans le monde (4,5%). Et ce taux diminue par la réduction du nombre de réacteurs dans tous les autres pays développés. Si l'énergie nucléaire n'est plus une &laqno;nécessité» du monde moderne, pourquoi les autorités françaises persistent dans la croissance forcenée de l'atome ?

&laqno;JAMAIS LA CRAINTE DU PIRE N'A LONGTEMPS RETARDEE L'HUMANITE» (1)

Parmi les arguties débitées par les pro-nucléaires, il en est une qui prime sur toutes les autres : la raison militaire. Puisqu'une partie des besoins stratégiques est assurée par le biais du nucléaire civil, en particulier dans la recherche, la production du plutonium, le traitement et le stockage des déchets... Ce camouflage permet de maintenir discrètement les quelques 600 missiles intercontinentaux de l'armée française sur différents budgets de l'Etat. La haute administration militaro-industrielle est sûre de préserver ses privilèges et ses magouilles grâce au &laqno;secret-défense» et n'hésite pas à réprimer chaque action de contestation en l'assimilant à de la délinquance anti-économique.

Les élucubrations financières rejoignent la logique militaire à travers le concept de &laqno;l'indépendance nationale». Car les matières fissiles, inépuisables et donc pas chères, garantiraient à très long terme l'autonomie énergétique de la France... Ce credo est incontestable puisque le coût réel de l'électronucléaire est toujours occulté par le &laqno;secret commercial»... Pourtant, l'électricité la moins chère d'Europe est produite par le Danemark, pays non nucléarisé ! De plus, l'uranium est désormais importé de l'Australie, du Canada, de Centrafrique, du Gabon et du Niger. Mais alors, comment la France parvient-elle à exporter jusqu'à 20% de sa production électronucléaire ? Parce que la surcapacité de ses réacteurs ne pouvant être absorbée par la saturation de la consommation intérieure, sa surproduction électrique est donc vendue à l'étranger à des coûts sous-évalués par EDF, qui exploite ses installations et ses sous-traitants avec de faibles contraintes et peu de contrôles. Bien entendu, les écarts de prix sont compensés par les contribuables... Il n'en reste pas moins que le nucléaire est un véritable gouffre financier : les innombrables dysfonctionnements de Superphénix, surgénérateur enfin déclassé, ont coûté quelques 70 milliards de francs. L'autoconsommation électrique de l'industrie nucléaire est estimée à 7 ou 8% de la production électronucléaire annuelle, soit l'équivalent de 5 réacteurs de moyenne puissance. La maintenance des centrales consacre chaque année au moins 10 milliards de francs et ces dépenses augmenteront au fur et à mesure du vieillissement des réacteurs. La gestion des déchets, toujours non maîtrisée, demeure incalculable ... Quant au démantèlement des centrales hors service, rien n'est fait face au coût exorbitant de ce travail colossale : 300 milliards de francs en 1995 pour les 35 centrales britanniques.

Les divagations scientifiques ont pour seul objectif de justifier la &laqno;fatalité» du nucléaire, considérée comme référence de perfection technologique dont toutes les autres industries doivent s'inspirer. Au-delà de la satisfaction de prestige, l'atome contribue au développement de l'affairisme étatique réparti entre le CEA (recherche), FRAMATOME (construction des centrales), EDF (production de l'électricité), et la COGEMA (gestion des mines et des déchets). Sans oublier les bas tarifs de l'électronucléaire accordés aux grandes entreprises publiques (10 centimes le Kwh contre 54 centimes aux ménages) pour maintenir leur compétitivité, telles Péchiney (aluminium) ou la SNCF (TGV) par exemple. Et l'actuelle récession occidentale ne limite en rien le fabuleux marché international du nucléaire, constitué par quelques 430 réacteurs civils encore en fonctionnement et par 170 autres en construction, en commande ou en projet en 1997, essentiellement en Europe de l'est et en Asie. Dés lors, les physiciens français s'obstinent dans des programmes farfelus, comme la surgénération (mythe de l'énergie perpétuelle à partir du plutonium), la fission froide (mythe de l'énergie obtenue par l'eau lourde des mers) ou la transmutation (mythe de la transformation des déchets radioactifs en résidus inoffensifs), délires impossibles après plus de 20 ans de recherche... Dernier fantasme à l'étude, le nouveau &laqno;réacteur pardonnant» capable d'assurer une sécurité absolue en corrigeant automatiquement toutes les erreurs des opérateurs... Ce prototype devrait remplacer l'ensemble du parc nucléaire français d'ici une vingtaine d'années ! Peu importe que les populations s'inquiètent de plus en plus de la prolifération des déchets, du trafic grandissant de matières et de spécialistes pour fournir des armes aux plus offrants, de la multiplication des incidents de réacteurs, de l'augmentation des cas de contamination etc. Les experts sont formels : la technologie française est infaillible et le risque nucléaire est nul et non avenue. la peur collective est présentée alors comme un fait irrationnel provenant d'une totale ignorance des pouvoirs de la science. Donc, EDF nous conseil d'aller voir un psychiatre avant de consulter un cancérologue !

&laqno;ON NE PEUT EXCLURE QUE DANS LES 10 OU 20 ANS A VENIR UN ACCIDENT CIVIL GRAVE SE PRODUISE DANS L'UNE DE NOS INSTALLATIONS» (2)

6 avril 1986 : Le réacteur n° 4 (qui fonctionne depuis moins de 3 ans) de la centrale nucléaire de Tchernobyl explose. 130 000 irradiations aigües sont recensées en Ukraine, mais toute l'Europe est contaminée. Depuis, l'Ukraine a mis en service 7 nouveaux réacteurs ! Lors du dixième anniversaire de la catastrophe , le ministère de l'agriculture indiquait : &laqno;le territoire français, en raison de son éloignement (20 000 km) a été totalement épargné par les retombées consécutives à l'accident de Tchernobyl». Mais les analyses effectuées entre 1987 et 1992 et de 1996 à 1997 sur tout le territoire par la Commission de Recherche et d'Information Indépendante sur la Radioactivité (CRII RAD) démentent ces affirmations officielles : les dépôts de césium 137 (radioactif durant 60 ans) avait dépassé 10 000 becquerels (Bq) par m2 sur de nombreux sites de l'est de la France, de l'Alsace à la Corse... Alors que le maximum officiel est de 5400 Bq/m2 ! Le massif Alpin est plus gravement touché, avec des taux situés entre 1000 et 100 000 Bq/kg, alors que la norme maximale est de 600 Bq/kg ! L'étude démontre que plus de 80% du césium est imputable aux retombées de Tchernobyl, le reste étant attribué aux essais nucléaires atmosphériques des années 50-60. Pour combler le tout, on apprend que Superphénix possède la particularité, qu'il partage avec le réacteur RBMK qui a explosé à Tchernobyl, d'avoir un &laqno;coefficient de vide positif» qui le rend particulièrement instable en cas de défaut de refroidissement du coeur... Sa mise à l'arrêt ne signifie pas pour autant le déchargement effectif de son combustible, du fait qu'aucune structure de démantèlement n'est opérationnelle aujourd'hui.

Depuis 1948, le Limousin concentre les plus importantes mines d'uranium de France. La dernière en exploitation (Jouac) doit fermer en 2001 pour cause d'épuisement du minerai. A certain endroits, la radioactivité atteint 13,5 millions Bq/kg ! Fin 1997, la population locale est informée que sur les 25 millions de tonnes de résidus issus directement de l'exploitation, une partie des déblais &laqno;stériles» a été utilisé pendant des années dans les travaux et le bâtiment ! L'école maternelle des Homérides de Limoges a dû être évacué... Le Limousin est la première région de France pour la mortalité par cancer. Que dire des 1200 autres sites de stockage des déchets disséminés sur l'ensemble du territoire ?

13 mai 1998 : après 6 mois de fonctionnement, un accident grave surgit dans le réacteur n° 1 de &laqno;la centrale la plus sûre du monde» à Civaux (Vienne). EDF décide en juin suivant d'en décharger le coeur, ainsi que ceux des deux réacteurs de Chooz (Ardenne) qui sont du même type et qui ont moins de deux ans d'activité. Déjà en 1991, un Rapport de l'Inspection générale pour la sûreté nucléaire d'EDF dénonçait les nombreux défauts de fabrication de certaines centrales, comme à Bugeay 5 (Ain) et à Fessenheim 1 (Haut-Rhin) : études insuffisantes, mauvais choix des matériaux et des procédés de construction, absence de maîtrise des problèmes métallurgiques... Mais aucun démantèlement n'est prévu, car l'amortissement de chaque centrale est de 25 ans et leur durée de vie est fixée par EDF à 40 ans, voire jusqu'à 60 ans ! Ces irresponsabilités, provoquées par soucis de rentabilité au détriment de la sécurité, sont accentuées par le recours massif à la sous-traitance depuis 1989 : Environ 22 000 ouvriers intérimaires employés par 1500 entreprises sont chargés chaque année d'assurer la maintenance des centrales. Ces travaux sont systématiquement bâclés en raison des risques radiologiques encourus, d'ailleurs cautionnés par le décret du 19 septembre 1991, du moment que les expositions ne dépassent pas le double de la limite de dose réglementaire !

&laqno;L'EXPLOITANT D'UNE INSTALLATION NUCLEAIRE EST SEUL RESPONSABLE DES ACCIDENTS NUCLEAIRE SURVENUS DANS SON INSTALLATION» (3)

Dés la Convention de Paris de juillet 1960, la responsabilité des exploitants nucléaires fut limitée &laqno;pour éviter d'entraver le développement de la production et de l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques». La loi d'application du 30 octobre 1968 entérinait cette mesure &laqno;dérogatoire au droit commun de la responsabilité», selon l'équation suivante : &laqno;à activité exceptionnelle, législation exceptionnelle !». La loi de modification du 16 juin 1990 limite les frais par accident nucléaire à 600 millions de francs pour EDF et à 2,5 milliards de francs pour l'Etat. Sommes dérisoires pour EDF, qui représentent une indemnité de 20 centimes/m2 pour un territoire rendu inhabitable dans un cercle de 30 km de rayon. Par comparaison, l'incendie du siège du Crédit Lyonnais en 1996 a coûté 1,6 milliard de francs aux compagnies d'assurances.

En 1996, une directive Euratom du Conseil de l'Union Européenne précisait dans son préambule &laqno;que les Etats membres devraient être préparés à l'éventualité d'une situation d'urgence radiologique (catastrophe nucléaire) sur leur territoire... pour les gérer plus facilement». Rien sur la sécurité et la santé des personnes, car l'essentiel réside dans &laqno;la maîtrise des turbulences sociales» afin de garantir l'ordre et l'impunité. Son article 51 ajoute même que &laqno;l'entreprise responsable des pratiques en cause procède à une première évaluation provisoire des circonstances et des conséquences de la situation et apporte son concours aux interventions». EDF deviendrait ainsi juge et partie du cataclysme qu'elle aurait provoqué ! Pour l'instant, la désinformation suffit à maintenir le consensus sur les &laqno;bienfaits» du nucléaire et des journalistes suivent avec EDF des simulations d'accidents pour pouvoir &laqno;informer correctement» les masses en cas de crise...

En ce qui concerne le devenir des déchets, les responsables ont déjà tout &laqno;planifié». La loi Bataille du 30 décembre 1991 fait obligation de financer trois voies de recherche :

- le stockage en surface, trop exposé, ne reçoit que 10% des crédits.

- le traitement de la toxicité, qui n'est pourvu que de 35% des crédits. Vu que la transmutation est une mystification destinée à rassurer les gens, le CEA s'oriente désormais vers le multirecyclage des déchets contenant du plutonium, tel le MOX (résidu extrèmement nocif, dont la durée totale de radioactivité est de 96 millions d'années, qui exige des traitements périodiques pour le plus grand profit de la COGEMA). &laqno;Malheureusement, la qualité isotopique du plutonium est dégradée lors de ces recyclages. Cette évolution affecte les caractéristiques du coeur du réacteur au point que la sûreté du réacteur pourrait ne plus être assurée au cours des recyclages successifs», comme l'affirmait la Direction des études et recherches d'EDF en janvier 1997...

- l'enfouissement en profondeur, plébiscité par les élus avec 55% des crédits. Cette méthode permet de se débarrasser des déchets vitrifiés irrécupérables. Mais sur de si longues périodes, quelle sera la stabilité du sous-sol? Quel emballage pourra résister aux fuites éventuelles? Qui se souviendra de ce stockage empoisonné? En 1998, des &laqno;laboratoires de recherche» souterrains devraient être construit dans 4 départements : Gard, Haute-Marne, Meuse et Vienne. En 2003, le Parlement validera probablement les sites avant de décider définitivement d'y enfermer des déchets en 2006.

ARRETER LE NUCLEAIRE POUR TRANSFORMER LA SOCIETE

La course au profit atomique ne peut occulter l'envahissement des déchets et l'accroissement des incidents en centrale, qui doivent être considérés comme des signes précurseurs d'accidents graves. Et on peut sérieusement douter du niveau de conscience de la science contemporaine au regard des &laqno;affaires» de l'amiante, du sang contaminé, des vaches folles ou des aliments transgéniques. Ces déprédations industrielles sont malheureusement minimes comparées à la possibilité d'un désastre nucléaire. Pourtant, l'existence du nucléaire n'est pas inéluctable, car les capacités de production électrique sont encore diversifiées. A l'analyse du bilan 1996 d'EDF, on s'aperçoit que la puissance maximum possible est sensiblement la même pour le nucléaire (60 gigawatts, soit environ 60 millions de kilowatts) que pour les installations non nucléaires (51,35 gigawatts). Dés lors, si on cumule les capacités maximales des installations thermiques alimentées en combustibles fossiles (charbon, fioul, gaz) et celles des installations hydrauliques (barrages), on obtiendrait une production de 265,5 Twh (1 térawattheure = 1 milliard de kilowattheures). Pour assurer la consommation actuelle, il manquerait alors 107 Twh, soit 30% de la production électronucléaire actuelle. Cela signifie qu'une réduction brutale de 70% du parc électronucléaire pourrait être obtenue rapidement par une utilisation maximum des installations classiques, par l'arrêt des exportations et de l'autoconsommation de l'industrie nucléaire (soit 41 réacteurs sur 57).

L'aberration nucléaire doit être éliminée totalement et immédiatement. Car, non seulement EDF souhaite mettre en place 4 réacteurs supplémentaire d'ici 2010, mais elle démantèle en plus progressivement les centrales électriques classiques afin de rendre irréversible la nucléarisation du pays (-40% d'installations au fioul et au charbon en 1998). Mais certains écologistes intégristes sont horrifiés par le charbon, énergie sale, polluante et faisant augmenter l'effet de serre de l'atmosphère... Sauf que la consommation d'énergie contribue pour moitié à l'accroissement du gaz carbonique sur la planète, le reste étant produit par l'agriculture, l'élevage et l'activité industrielle. Même si EDF développe pour l'exportation depuis 1990 différentes techniques efficaces de &laqno;charbon propre» (désulfuration, dénitrification, gazéification...), l'abandon du charbon locale est une aubaine pour le nucléaire. Pourtant, 60% de la production électrique mondiale se fait à partir du charbon ! La démultiplication des centrales à combustibles fossiles peut également s'accompagner du déploiement des énergies renouvelables (solaire, photovoltaïque, éolienne, marémotrice, bois). Mais ces ressources sont actuellement confrontées à d'importants problèmes techniques relatifs aux puissances tributaires des éléments naturels, aux imperfections de transformation du courant basse tension en haute tension électrique et aux difficultés de stockage et d'interconnexion du réseau. Les capacités de ces appareils assez sophistiqués demeurent donc faibles, avec une efficacité de 20 à 25% environ contre 75% en moyenne pour le nucléaire. Ces énergies alternatives peuvent donc être d'un apport appréciable en milieu rural dispersé et pour pallier aux pointes de consommation hivernales. Certes, une amélioration des performances techniques est réalisable, mais les crédits alloués à la recherche dans ce domaine restent médiocres : 70 millions de francs par an depuis 1994. Alors qu'EDF a consacré à sa commercialisation pour la seule année 1997 plus de 2,5 milliards de francs... Ce qui ne l'a pas empêché de couper le jus à plus de 700 000 ménages précaires durant l'hiver 97/98 !

Se pose alors la question fondamentale du niveau de consommation d'électricité à long terme et de notre mode de vie, qui se traduit par un besoin insensé d'énergie. Des économies d'énergie doivent être engagées non seulement envers les populations, mais aussi et surtout à l'encontre de certains secteurs industriels qui forment les plus gros consommateurs d'électricité. Une mesure urgente serait la reconversion systématique du chauffage électrique, qui représente prés de 40% de la consommation électrique domestique, en chauffage au gaz, grâce à des aides financières publiques du même type que celles induites pour le remplacement des vieilles automobiles. De même, les gaspillages d'éclairage public pourraient être réduits de 80% (soit l'économie de la moitié d'un réacteur) par des lampes basse consommation. Enfin, la cogénération, qui consiste à récupérer une partie de la chaleur dégagée par les centrales à énergies fossiles, conviendrait parfaitement au chauffage collectif d'habitations ou d'hôpitaux sans surcoûts. L'application de ces propositions porterait un coup fatal à l'électronucléaire. Tout d'abord, une information précise sur les dangers considérables du nucléaire favoriserait une prise de conscience des habitants que redoute EDF. C'est évidemment l'augure d'un accident majeur et son impact national, voire international, qui peut fédérer l'opinion anti-nucléaire. Ensuite, ces luttes ne seront efficaces que si elles s'intensifient rapidement et sur l'ensemble de la menace nucléaire. Comme l'exemple de l'Allemagne nous le démontre, c'est le harcèlement intense contre les intervenants pro-nucléaires et la contestation grandissante qui font monter les prix de l'électronucléaire, par le renforcement des contraintes d'exploitation, et le rend donc économiquement non viable. Ces actions participeront à provoquer également un large débat public sur la sortie immédiate du nucléaire avec les moyens dont on dispose et sur le développement d'une stratégie énergétique pour une société vivable à plus long terme. L'occasion de la prochaine hausse des tarifs de l'électricité prévue pour l'hiver 98/99 ne peut alors être manquée (celle-ci est justifiée par l'importation de 10% d'électricité en raison de l'arrêt provisoire de 5 réacteurs depuis juin dernier, alors que les bénéfices d'EDF en 1997 s'élevaient à 7,1 milliards de francs ! ). Le combat contre le lobby nucléaire promet d'être difficile. Mais le bouleversement technologique attendu ne pourra que contribuer à émanciper l'espèce humaine de l'impasse du capitalisme &laqno;scientifique».

Téka - Octobre 1998 -- Article paru dans le N23 d'InfoSuds

1- Réflexions effectuées en 1974 par Marcel Boiteux, patron d'EDF.
2- Précision apportée en janvier 1998 par l'Inspection générale pour la sûreté nucléaire à la Direction générale d'EDF.
3- Déclaration réalisée en avril 1968 devant l'Assemblée Nationale par Maurice Schumann, ministre de la recherche scientifique et des questions atomiques et spatiales.

Sources :
 
- InfoSuds n° 16, 19, 20 et 21 - mai 1996 à mars 1998
- Documents du réseau &laqno;Sortir du nucléaire» - mars et juin 1998
- Bella et Roger Belbéoch - &laqno;Sortir du nucléaire, c'est possible avant la catastrophe» - Editions l'Esprit Frappeur - avril 1998
- Courant Alternatif n° 80 - juin 1998
- Le RIRe n° 22 - juillet-août 1998
- Charlie Hebdo - 9 septembre 1998.

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